Culture du blé au Centre-Ouest: coup d’essai réussi à Savili

Le visiteur est séduit par la bonne physionomie de ce champ de blé.

A la faveur de la mise en œuvre de l’Offensive agropastorale et halieutique lancée par le ministère en charge de l’agriculture, la promotion de la culture du blé au Burkina Faso est entamée. Dans le village de Savili, dans la commune de Sabou, province du Boulkiemdé, au moins trois hectares (ha) ont été emblavés. Les producteurs, qui sont en réalité à leur première tentative, espèrent engranger de bons résultats.

Au bord du barrage de Savili, localité située dans la commune de Sabou, province du Boulkiemdé, s’élève une culture semblable à de l’herbe. Il s’agit du blé, une spéculation nouvellement introduite au Burkina Faso et qui est en pleine expérimentation. Dans ce périmètre irrigué, ce sont au total 3 ha de blé qui ont été emblavés. Les plants ne sont pas au même niveau d’évolution.

Certains se présentent bien avec des pieds hauts tandis que d’autres sont tapis au sol. Cette hétérogénéité des plants trouve en partie son explication dans le chevauchement de la mise en place des champs. C’est du moins ce que révèle Joseph Kaboré, président de la coopérative Delwendé de Savili et propriétaire d’un champ de blé.

« Comme les semis n’ont pas été effectués au même moment, c’est la raison pour laquelle les cultures n’ont pas le même niveau d’évolution », détaille-t-il. Pour M. Kaboré, il faut également noter l’entretien des champs, un facteur qui joue aussi sur leur évolution. « Certains champs sont bien entretenus tandis que d’autres sont abandonnés à leur sort », regrette-t-il. L’autre aspect est que les plants subissent des attaques de tous genres dont la cause n’a pas été identifiée.

C’est la première fois que le blé est expérimenté à Savili au grand bonheur des producteurs qui voient en cette culture une opportunité. Issaka Kologo et Moussa Kaboré exploitent chacun un demi ha de blé. Ils sont très heureux de s’adonner à cette activité, une première dans leur village. A la vue de l’évolution des champs de blé, ils sont séduits par la bonne physionomie des plants dans la plupart des parcelles.

Toutefois, Joseph Kaboré dit attendre la fin des récoltes avant de décider si l’aventure doit se poursuivre ou pas. Issaka Kologo est ravi de voir pousser le blé sur ses terres. Le seul bémol est la non-maîtrise des techniques de production. « Si on avait reçu une formation sur l’entretien d’un champ de blé, cela allait beaucoup nous aider», déplore-t-il.

Pas question de désespérer

Edmond Nikièma a semé en retard et voilà les résultats (champ en arrière-plan).

La production n’étant pas encore bien maîtrisée, M. Kologo développe ses propres stratégies pour avoir de bons résultats. Dans ce sens, à côté du blé, s’élèvent plusieurs plants de maïs. Le producteur estime que le blé pourrait profiter de leur ombre pour se développer. « Il nous revient de plus en plus que le blé n’aime pas la chaleur. C’est donc pour atténuer son effet sur le blé que j’ai mis le maïs dans mon champ de blé », explique-t-il. Edmond Nikièma est en train d’arroser son champ de blé.

Ce n’est que le 2 janvier 2024 qu’il a semé, sans doute avec beaucoup de retard. Cependant, il ne perd pas espoir. Son souhait est que le froid se prolonge jusqu’en mars afin de permettre à son blé de mûrir. Aussitôt engagés, les producteurs de blé sont confrontés à quelques difficultés. Il s’agit entre autres de leur non prise en compte dans la distribution des intrants notamment les fertilisants, la défaillance du système d’irrigation, la non-maîtrise des itinéraires techniques de production.

« Je n’ai reçu que 8 kg d’engrais chimique pour un demi hectare de blé. Je pense qu’il faut revoir à ce niveau », estime M. Nikièma. Moussa Kaboré est un maintenancier, chargé de réparer les pannes au niveau de la motopompe. Mais n’étant pas un employé de l’entreprise qui a eu le marché, il dit ne pas pouvoir intervenir en cas de pannes. « Je n’ai pas été à l’école, mais si c’est pour réparer une motopompe, je peux le faire sans problème », souligne-t-il. Aboubacar Bruno Kara, agent d’agriculture chargé d’encadrer les producteurs de blé semble avoir été surpris de la réussite de cette culture dans sa localité.

Il reconnait que la production du blé a démarré tardivement dans ce périmètre irrigué mais il n’est pas question de désespérer. Le respect de la période de semis, la formation des agents d’agriculture et des producteurs sur les itinéraires techniques de production restent un vœu cher à M. Kara. « Nous n’avons pas reçu de formation en tant que tel sur la production du blé. C’est à travers des recherches sur internet que nous avons eu la fiche technique qui nous permet d’encadrer les producteurs », soutient-il.

Ouamtinga Michel ILBOUDO
omichel20@gmail.com