Minkoro Kané, général de brigade à la retraite : « la force conjointe de l’AES va atteindre jusqu’à 300 000 hommes »

Dans cette interview, le président de la commission de Défense du Conseil national de Transition (CNT) du Mali, exprime sa satisfaction à la suite du retrait des pays de l’AES de la CEDEAO. Il évoque également la mise en place d’une force conjointe forte de 5 000 hommes et se prononce sur les perspectives dans la lutte contre le terrorisme.

L’Essor: La date du 29 janvier 2025 est officiellement retenue pour le retrait des pays de l’AES de la CEDEAO. Que pensez-vous de ce retrait de l’Organisation sous régionale ?
Minkoro Kané (M.K): Le retrait de la CEDEAO est un impératif majeur pour notre pays et la Confédération des Etats du Sahel. Notre retrait est plus que salutaire et nécessaire. Ce sont des officiers qui ont fait le coup d’Etat et créé cette CEDEAO. Cela a été fait dans le but de conjuguer les énergies afin de booster le développement dans la sous-région. Le but est principalement économique pour que les Etats puissent conjuguer leurs efforts afin d’amener un peu plus le bonheur à leurs populations. La CEDEAO a été créée pour cela et non pour la politique ou les affaires intérieures des Etats membres. Elle a été créée simplement pour que les pays puissent conjuguer leurs efforts afin d’avoir beaucoup plus de répondant en matière, par exemple, de demande de prêts auprès des organisations internationales pour les grands travaux notamment les routes qui unissent les Etats, les chemins de fer et même aller jusqu’à la création des compagnies aériennes ainsi que la commercialisation des grands produits.
C’est aussi pour que ces chefs d’Etat parlent d’une seule voix. Mais on a constaté que les Européens, notamment la France, ont tout fait pour avoir le contrôle de cette Organisation jusqu’à ce qu’elle s’est retrouvée à assurer le paiement de 75% du budget de l’institution. Les protocoles additionnels qui ont été mis dans le texte de la CEDEAO sont l’œuvre de la France qui avait même planifié la destruction de nos Etats. Les partis politiques devraient se lever et défendre l’Etat contre l’embargo que la CEDEAO a imposé sur le Mali. A travers cet embargo, elle voulait créer des problèmes à notre population, l’affamer, l’empêcher d’avoir des soins, de circuler correctement et de vendre ses produits. La décision de notre chef d’Etat, le général d’armée Assimi Goita, de retirer le Mali de cette Organisation est plus que salutaire. L’initiative de la création de cette CEDEAO est venue du Mali. Quelqu’un qu’on veut détruire dans l’organisation qu’il a créée ne va pas y rester.

L’Essor : La création de la Confédération des Etats du Sahel est une initiative saluée par une bonne partie de l’opinion nationale. Quelles peuvent être les retombées de la création de cette Alliance sur le plan sécuritaire ?

M.K : La création de l’AES est l’arme principale contre les intentions des impérialistes. Quand nous nous unissons, l’Européen fait tout pour qu’on ne soit pas unis. Parce que notre union est un danger pour eux. Si nous nous entendons, nous allons nous consulter et nous dire certaines choses. Eux, ils ne veulent pas de cela. Ils veulent contrôler ce que nous décidons. L’AES a été créée sans démagogie, avec sincérité et sans arrière-pensée. Cette création servira à un espace de développement, de prospérité et de sécurité. La création de l’AES met fin immédiatement de facto aux 11 accords coloniaux. Les avantages sont multiples et presque indéfinis sur tous les plans. Les populations de ces pays ne connaîtront plus de barrière entre elles. C’est un facteur d’union extraordinaire dans les échanges commerciaux.
Sur le plan sécuritaire, cela fait trois armées en synergie pour combattre un ennemi commun. Avec cette synergie d’actions, le combat devient plus facile. L’ennemi ne peut plus courir pour venir se cacher dans un pays et aller combattre un autre. Ce faisant, nous nous sommes équipés de moyens capables de traquer les bandits armés dans leurs derniers repaires. Ils n’ont plus où se cacher. Même s’il en existe, on trouvera les moyens qu’il faut pour aller les combattre afin de ne pas combattre en même temps les populations. Cela permet de nettoyer très rapidement l’espace AES de l’insécurité. La création de l’AES sur le plan sécuritaire est une émulation qui s’étend jusque dans d’autres Etats qui ont le même problème que nous. Cette recherche de la sécurité va amener l’indépendance réelle de l’Afrique. La France ne peut pas changer son fusil d’épaule. Car, elle va continuer à créer l’insécurité partout. L’AES est une garantie pour l’existence de chacun des trois Etats. C’est pourquoi, la force commune qui a été créée à la base avec 5 000 hommes n’est que le début. Elle va atteindre jusqu’à 300 000 hommes et même plus.

Minkoro Kané, général de brigade à la retraite : « l’AES est une garantie pour l’existence de chacun des trois Etats ».

L’Essor: Le Mali a été le premier pays à ratifier la Charte du Liptako Gourma qui institue l’AES. Cette sortie de la CEDEAO n’aura-t-elle pas de conséquences sur la coopération militaire avec les autres pays de l’Afrique de l’Ouest ?
M.K : Il n’y a pas de coopération militaire entre nous et la Côte d’Ivoire, ni avec le Sénégal, le Bénin encore moins le Ghana. Il y a certains Etats qui sont toujours sous le commandement de la France. Tant qu’ils acceptent d’exécuter les missions de la France, nous, on ne peut pas être avec eux. Ce n’est pas notre volonté de chercher à nous séparer de nos frères. Certains ont des bases militaires françaises chez eux et savent que dans cette base on est en train de former des terroristes. Ceux-ci sont destinés à la Confédération de l’AES pour venir perturber notre espace pour nous empêcher d’emprunter la véritable voie de développement. Nous voulons être nous-mêmes. Tout ce que nous faisons, nous le faisons pour notre population. Dieu merci, cette population est là, elle a compris et est avec nous. La création de l’AES va permettre une véritable intégration de nos forces armées. Nous sommes aujourd’hui un modèle et un exemple presque dans le monde entier. La Russie est très loin de la France. Pendant que la France nous empêche d’avoir les moyens, la Russie nous a vendu des avions, des véhicules et des radars. Tout ce que nous avons demandé, la Russie l’a fait. C’est une véritable coopération. Je peux dire que le véritable partenaire de l’AES aujourd’hui c’est la Russie qui n’a pas besoin de nos ressources, mais de sa présence géopolitique. Cette Transition a des vues sur ses infrastructures capables de créer des emplois et de façon continuelle. Ce faisant, notre espace va être largement sécurisé parce qu’on aura suffisamment de moyens pour entretenir nos outils de défense.

L’Essor : En termes de perspectives, que préconisez-vous ?
M.K : Ce combat pour les intérêts de la France doit cesser immédiatement. Il y a beaucoup de cadres dans l’Administration qui sont en train de saboter tout ce que nous faisons sur le plan administratif et dans la gestion des affaires de l’Etat. Même quand les militaires font des succès, on fait tout pour amener la désinformation. Le retrait de la CEDEAO n’est pas une fin en soi, c’est un départ qui ne peut pas se faire sans la volonté de tout un chacun pour défendre les intérêts de notre pays et de notre Confédération.
C’est grâce à l’action des Forces de défense et de sécurité que nous pouvons nous permettre de signer l’exploitation de nos ressources et créer des usines à même d’amener la jeunesse au travail et à la construction réelle de notre Etat. Le but du terrorisme, c’est d’empêcher que nous nous développions. Je salue et remercie ce que la population fait aujourd’hui, ceux qui collectent des fonds et organisent des manifestations pour soutenir nos Forces armées. Ce pays est pour nous tous. Il faut continuer à le défendre.

Interview réalisée par
L’Essor/Mali

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