Le ministère de la Santé a officiellement lancé, le mardi 30 août 2022 à Boussouma, la Ve édition de la campagne de distribution gratuite des Moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action (MILDA) au profit des populations du Burkina Faso.
Selon l’annuaire statistique 2021 du ministère de la Santé, plus de 12 millions de cas de paludisme ont été notifiés dont 4 355 décès et une forte incidence de 569 cas pour 1 000 habitants. La même source indique qu’en moyenne 12 personnes décèdent par jour dû à la maladie du paludisme avec une prédominance chez les femmes enceintes et enfants de moins de 5 ans qui constituent les cibles les plus vulnérables. Et ce, en dépit de plusieurs campagnes de sensibilisation et de distribution gratuite des Moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action (MILDA) réalisée en 2010, 2013, 2016 et 2019. Pour changer la donne, le Burkina Faso a décidé, dans le cadre du Plan stratégique national de lutte contre le paludisme 2021-2025, d’accroître le taux d’utilisation des MILDA à au moins 80% par la population d’ici à fin 2022, à travers une campagne de distribution universelle de MILDA. La cérémonie de lancement officiel de ladite campagne a eu lieu, le mardi 30 août 2022, à Boussouma, province du Sanmatenga, région du Centre-Nord.
« La stratégie de cette campagne repose sur deux principales phases à savoir le dénombrement des ménages et la distribution des MILDA », a fait savoir le ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso chargé de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale, Yéro Boly, par ailleurs représentant le patron de la cérémonie, le Premier ministre, Albert Ouédraogo. A l’entendre, au cours de cette campagne, 16 051 518 MILDA vont être distribuées aux populations, soit une MILDA pour deux personnes. Pour une meilleure mise en œuvre de la campagne, a-t-il poursuivi, 30 094 volontaires ont assuré le dénombrement des ménages et 43 996 volontaires seront déployés pour la distribution des MILDA au niveau des sites déterminés. Pour Yéro Boly, même si la MILDA reste le moyen le plus simple et le plus efficace pour éviter les piqûres de moustiques qui transmettent le paludisme, d’autres mesures de prévention doivent impérativement accompagner cette utilisation de MILDA. « Il s’agit entre autres, de l’assainissement du cadre de vie, du traitement préventif intermittent du paludisme chez les femmes enceintes et les enfants et bientôt de la vaccination contre le paludisme recommandé par l’OMS en octobre 2021 et récemment adopté par le Burkina Faso », a-t-il prévenu. Cependant, il a souligné que pour assurer l’utilisation effective des MILDA par les populations, une bonne communication à grande échelle est nécessaire. C’est pourquoi, le ministre en charge de la réconciliation nationale a invité les médias, les autorités administratives, coutumières et religieuses et les associations à entreprendre des actions de sensibilisations des populations. Pour le ministre de la Santé, Robert Kargougou, 37% des consultations, 55% des hospitalisations et 15% des décès dans les formations sanitaires sont dus au paludisme.
318 décès chez les enfants de moins de 5 ans au Centre-Nord
De ce fait, la distribution des MILDA va permettre de réduire de 20% la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Dans son intervention, le gouverneur du Centre-Nord, Blaise Ouédraogo, a déclaré qu’en 2021, sa région a enregistré 914 913 cas de paludisme dont 2 102 cas chez les femmes enceintes avec un décès et 367 381 cas chez les enfants de moins de 5 ans avec à la clé 318 décès. Pour lui, cette situation a des conséquences multiples sur les populations, notamment la baisse de la productivité, l’augmentation des dépenses en santé, la survenue des décès plus marqués chez les enfants. C’est pourquoi, Blaise Ouédraogo a aussi exhorté les populations de sa circonscription administrative, en plus de dormir sous les moustiquaires, à respecter les autres mesures de lutte contre le paludisme, à savoir protéger les enfants de 3 à 59 mois pendant la saison pluvieuse à travers la prise correcte des trois doses de chimio-prévention du paludisme saisonnier, respecter les prises du traitement préventif inter-mittent chez les femmes enceintes et assainir le cadre de vie. Pour le porte-parole des Partenaires techniques et financiers (PTF), le représentant par intérim de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Seydou Coulibaly, malgré les progrès en matière de réduction des cas et décès dûs au paludisme, force est de constater que cette maladie demeure un problème de santé mondiale et la région africaine de l’OMS est particulièrement touchée. En effet, a-t-il confirmé, au rapport mondial de lutte contre le paludisme en 2021, les chiffres sont estimés à 241 millions de cas de paludisme pour 607 000 décès liés à cette maladie dans 84 pays.
« Les 2/3 de décès dûs au paludisme dans la région africaine de l’OMS sont des enfants de moins de 5 ans. Environ 95% des cas de décès ont été détectés dans cette région. Six pays dont le Burkina Faso sont les plus rudement touchés avec près de 55% de la mortalité et 50% de la mortalité imputable à cette maladie », a déploré M. Coulibaly. De ce fait, la présente campagne de distribution des MILDA aura un double avantage : protéger les personnes qui dorment chaque nuit sous les moustiquaires et la communauté entière. La cérémonie a été également marquée par la récompense des meilleurs Districts sanitaires (DS) et Centres hospitaliers régionaux (CHR) 2021 dans la lutte contre le paludisme. Ainsi, les DS de Saponé (1er), Léna (2e), Mangodara (3e), Tougan (4e) et le CHR de Fada N’Gourma ont reçu des trophées et des attestations de reconnaissance. De même, dix personnes physiques et morales ont été décorées au titre de Chevalier de l’Ordre du mérite de la santé et de l’action sociale avec agrafe santé.
Emil Abdoul Razak SEGDA
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