Centre national de semences forestières : un sanctuaire de la biodiversité

Dans un contexte de changement climatique, le Centre national de semences forestières (CNSF) joue un rôle capital dans la lutte contre la désertification, dans la préservation de la biodiversité végétale et dans la reforestation à base d’espèces locales. Il dispose d’une banque de semences forestières conservant plus de 1 120 échantillons de semences de plus de 880 espèces végétales, issues d’environ 110 familles et 480 genres de plantes. Visite guidée d’un centre de référence régionale voire continentale, dernier refuge des espèces végétales sous diverses menaces.

Comme dans le domaine du cinéma ou de l’artisanat, Ouagadougou mérite l’appellation de capitale africaine des semences forestières. En effet, elle abrite l’une des banques de semences forestières de référence régionale voire continentale, destinée à sauvegarder les graines d’espèces végétales locales et exotiques. Logée au sein de la forêt urbaine Bangr-Wéogo, cette banque est un produit du Centre national de semences forestières (CNSF), créé en 1983 par le gouvernement burkinabè.

Son entrée principale s’ouvrant sur la route nationale 3 ne laisse présager que l’on est dans un endroit stratégique, un sanctuaire de la biodiversité. Les deux agents forestiers de faction à l’entrée laissent néanmoins penser à un service du ministère en charge de l’environnement. La banque de semences forestières est à quelques mètres de là.

Plus de 1120 échantillons de semences de plus de 880 espèces végétales sont sauvegardés dans la banque du CNSF.

Denis Dipama, est l’un des trois techniciens chargés de la gestion de cette banque atypique. Elle est composée de quatre chambres fonctionnelles dont deux chambres climatisées, une froide et une salle ventilée, fait-il savoir, devant le modeste bâtiment abritant ladite banque.

Une porte métallique verte à deux battants s’ouvre sur l’une des chambres. Une cinquantaine de fûts plastiques bleus de 60 à 200 litres à couvercles noirs occupent l’espace de la salle. Ils sont remplis de semences d’espèces de la flore nationale.

« Dans ce fût, nous avons des semences de baobab de la zone de Bobo-Dioulasso, celui-ci contient du baobab de Pô. Nous stockons les semences par espèce et par zone climatique de provenance. Lorsqu’un producteur du Nord sollicite des semences de karité, nous devons lui fournir celles provenant de sa région », explique M. Dipama.

Les semences de karité d’une zone à pluies abondantes ne s’adaptent pas aux conditions géo-climatiques d’une région à faible pluviométrie, précise-t-il, tout en ouvrant les fûts les uns après les autres.

Au-dessus des graines, des fiches renseignent sur le nom scientifique de l’espèce, la date de récolte, la zone de provenance. Toutes les graines ne se conservent pas dans les mêmes conditions de température, de lumière ou d’humidité.

« Celles-ci par exemple sont des semences de liane goïne, une espèce récalcitrante. La teneur en eau de ses graines est très élevée. Elles ont plus besoin d’aération dans leur conservation », commente-il.

Des semences de plus de 800 espèces sauvegardées

De cette chambre, un petit couloir conduit au cœur de la banque : la chambre froide, destinée à la conservation longue durée des ressources génétiques. Un brusque air glacial et le bruit ambiant du climatiseur nous accueillent, après le coup de poignée de M. Dipama à la porte, un bloc métallique épais et lourd.

Au laboratoire se mènent, entre autres, des recherches sur les conditions de germination et de conservation des semences.

« La température y est maintenue en permanence à 4°C », précise-t-il. Dans cette pièce, des bocaux hermétiquement fermés, rangés sur trois blocs d’étagères métalliques, captent immédiatement l’attention. Gris, marrons, blancs sales, rougeâtres, noirs, bref, ils épousent les couleurs des graines de l’arbre à serpent, du prunier de mer, du tamarinier, de la gomme arabique, du caïlcedrat, du gommier rouge, du moringa, du jujubier de la hyène, de l’eucalyptus, du kapokier à fleur rouge, etc. qu’ils contiennent.

Au total, selon la direction générale du CNSF, plus de 1 120 échantillons de semences d’environ 880 espèces végétales issues de plus de 110 familles et 480 genres de plantes provenant des 13 régions du pays, soit environ 60% de la flore nationale répertoriée, sont sauvegardés dans cette banque. Mais, il n’y a pas que des espèces burkinabè, on y trouve quelques essences maliennes et nigériennes.

A l’intérieur de chaque bocal, une étiquette permet de caractériser la semence. « Certaines semences sont conservées depuis la création du centre. Celles-ci sont des graines de faidherbia_Albida. Elles ont été récoltées le 10 avril 1984 à Ouahigouya, dans le village de Toéssin », fait savoir Denis Dipama, tout en montrant le bocal qu’il peine à ouvrir.

Les contenants doivent être ainsi hermétiquement fermés pour éviter que l’humidité de la chambre n’atteigne les graines, justifie-t-il. Malgré les dizaines d’années de conservation, les semences restent productives. Tous les six mois, des tests sur leur capacité germinative sont réalisés à la fois au laboratoire et en pépinières.

Lorsqu’une espèce végétale vient à disparaitre, elle peut être reconstituée à partir de ses semences conservées dans cette chambre froide. La 3e chambre est essentiellement meublée de fûts de semences superposés sur des rayonnages métalliques, avec quelques bocaux à graines rangés au fond de la salle.

En réalité, la banque contient deux catégories de semences forestières : celles réservées à la conservation longue durée, essentiellement stockées dans la chambre froide et celles destinées à la diffusion, à la commercialisation et à la production de plants, qui sont emmagasinées dans les autres chambres. Mais pour arriver dans la banque, des protocoles scientifiques sont à respecter. Tout commence au niveau des peuplements semenciers qui sont des sites forestiers naturels de récolte des graines des plantes par les techniciens du centre.

Le CNSF produit par an en moyenne 7 tonnes de semences forestières.

Sur le territoire national, à travers ses quatre antennes régionales (Bobo-Dioulasso, Dori, Fada, Kaya), le CNSF dispose d’une centaine de sites, identifiés et délimités par son département de la recherche.

Pour la récolte de certaines espèces, les communautés de base sont formées aux techniques de cueillette et mises à contribution.

« Un partenariat gagnant-gagnant »

« Les populations cueillent les semences et nous les revendent. Elles gagnent en revenus, les ressources forestières en protection et le Centre en semences. C’est un partenariat gagnant-gagnant », se réjouit l’ancienne directrice de la production et de la vulgarisation du CNSF, Emma Lucie Yago.

80% des semences produites au CNSF sont des espèces locales.

Après la récolte, vient l’étape de la préparation des semences qui se fait par triage, vannage, lavage, décorticage, tamisage, en fonction de la nature des graines.

Une centaine de femmes du quartier riverain du Centre, Somgandé, sont mises à contribution ; elles sont formées aux différentes techniques de préparation. Aujourd’hui, elles sont une dizaine à la tâche dans la cour du CNSF. Les unes tamisent du foin pour en extraire les minuscules graines de l’andropogon ; les autres, à coup de boules de granite, décortiquent les graines du jujubier ou en font le tri.

« Je suis dans la préparation des semences depuis plus de 20 ans. Cette activité constitue une source de revenus pour nous », lâche, tout sourire, leur responsable, Aïssata Komi, du haut de ses 62 ans.

Mieux, Mme Komi et ses camarades sont fières d’être un maillon de la chaine de sauvegarde de la biodiversité, de protection de l’environnement.

Les femmes du quartier Somgandé sont en première ligne dans la préparation des semences forestières.

Jusque-là, préparées, triées et conditionnées par lots, les nouvelles semences n’ont toujours pas acquis leur droit d’accès à la banque. Elles doivent faire l’objet de tests sur leur état physiologique, sanitaire, sur leur capacité germinative à la fois en pépinière et au laboratoire situé à environ 100 mètres de la banque.

Traversés de deux comptoirs carrelés et équipés de divers appareils (zigzag, souffleur, étuve, distillateur, dessiccateur, etc.), le décor renvoie de prime abord à celui d’un univers biomédical. Mais les échantillons de graines d’espèces végétales et des plants en germination dans des boîtes transparentes disposés sur les comptoirs finissent par convaincre qu’on est plutôt dans un labo botanique.

Le drapeau japonais ou le logo de la JICA sur certains appareils montrent que la coopération nipponne est passée par là. En effet, le bâtiment du laboratoire a été construit par l’Etat burkinabè en 2005, mais son équipement a été financé par l’Agence japonaise de coopération internationale à plus d’un milliard F CFA, confie Dr Sié Kambou, directeur de la recherche du CNSF au moment de notre passage. Le laboratoire est au cœur du dispositif de production des semences forestières.

« Après récolte et préparation, nous réalisons des tests de pureté, d’humidité, de viabilité des semences. Lorsque le service de production nous envoie un lot de semences de néré, nous vérifions qu’il ne contient pas des déchets ou des graines d’autres espèces ; auquel cas, la préparation est reprise jusqu’à satisfaction », explique, enthousiaste, au milieu du labo, le jeune inspecteur des Eaux et forêts et responsable du programme physiologie des semences, Assami Kaboré, entouré du laborantin et de son assistante, tous enfilant des blouses blanches.

Selon la directrice générale, Edith Daboué, les effets du changement climatiques et les autres menaces qui pèsent sur la biodiversité rendent l’existence du CNSF plus que nécessaire.

Du gros boulot dans l’ombre

Pour être admis dans la banque, le lot doit enfin avoir une capacité germinative d’au moins 50%, contre une norme internationale de 75%. En deçà du seuil défini, les semences sont déclassées mais pas jetées ; elles sont envoyées en pépinière en vue de récupérer ce qui peut encore l’être.

Les activités du labo ne se limitent pas là. Des recherches sur les meilleures conditions de germination, de conservation des graines, sur les pathologies des semences, les agents pathogènes ou pour la levée de dormance de certaines semences, surtout à coques dures, constituent aussi son cœur de métier.

Mais ici, on ne produit pas des plantes OGM ; car il n’y a pas de manipulation des génomes des espèces. Bien que des recherches pour améliorer la productivité de certaines espèces locales, à travers des croisements par greffage, s’y mènent ; la dynamique n’est pas à la standardisation des plantes mais à leur reproduction naturelle.

Aujourd’hui, le rôle du CNSF dans la reconstitution du couvert végétal, la restauration des écosystèmes et la sauvegarde de la diversité biologique n’est plus à démontrer. Avant les années 1980, faute de connaissances scientifiques sur la production de plants d’espèces locales en pépinières, les reboisements se faisaient essentiellement avec les espèces exotiques comme les neem, les eucalyptus, etc. 

« Aujourd’hui, la production de plants d’essence locale est même devenue banale, au point que les gens oublient qu’il y a eu des travaux de recherche en amont », rigole Dr Kambou.

Tout cela est à mettre à l’actif d’une vision et d’une volonté politiques, souligne l’actuelle directrice générale du CNSF, Edith Daboué.

L’idée de la création d’un Centre national de semences forestières remonte aux années 1970. Les grandes sécheresses de l’époque font prendre conscience des graves menaces qui pèsent sur la biodiversité. Le gouvernement burkinabè décide alors en 1983 de mettre en place le CNSF. Avec quatre missions à lui assignées : appuyer les programmes de reconstitution du couvert végétal par la production des semences de qualité, contribuer à la recherche scientifique sur les espèces forestières locales ainsi que la diffusion et la vulgarisation des résultats, contribuer à la conservation de la diversité biologique et à l’autopromotion paysanne par le transfert des technologies, détaille Mme Daboué.

Sous sa quarantaine de serres, le CNSF produit par an en moyenne 500 mille plants (91% d’espèces locales) destinés aux reboisements.

Aujourd’hui plus qu’hier, poursuit-elle, la biodiversité est gravement menacée à la fois par le changement climatique et la déforestation liée à la pression anthropique, la transformation des forêts en champs, les feux de brousse, l’orpaillage, l’urbanisation, rendant plus que nécessaire le CNSF.

De l’avis de l’enseignant-chercheur en biologie et écologie végétales de l’université Joseph-Ki-Zerbo, Pr Adjima Thiombiano, actuel ministre en charge de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation, le Centre national de semences forestières permet de juguler au moins deux problèmes ; il contribue à sauvegarder les espèces végétales et constitue un instrument efficace de lutte contre les effets du changement climatique sur la biodiversité.

De la recherche appliquée

« Avec le changement climatique, nos espèces deviennent de plus en plus rares. Leur productivité baisse. A défaut d’inverser la tendance, il faut être résilient. Nous travaillons dans ce sens », renchérit Assami Kaboré.

Le gouvernement burkinabè a doté le CNSF d’un nouveau siège R+1, extensible en R+5, implanté sur un domaine d’environ 20 hectares.

Outre le partenariat avec le monde de la recherche, l’efficacité de cet établissement public, poursuit Pr Thiombiano, réside dans sa capacité à allier théorie et pratique, à diffuser les résultats de ses travaux, à travers le déploiement d’une stratégie efficace de collaboration avec les acteurs de terrain, les communautés de base, en les impliquant dans la collecte, la préparation des semences ; mais aussi en conceptualisant les résultats de ses recherches sous formes de fiches techniques qu’il met à leur disposition pour application.

« Par exemple, comment faire germer les graines du baobab ou le karité greffé qui produit en trois, quatre ans, alors qu’avant il fallait attendre 10, 15 ans… », fait-il remarquer. Il se

réjouit de la longue tradition de collaboration fructueuse entre son université et le CNSF, depuis les années 1990, qui a permis d’y former les premiers docteurs du département SVT. Mais la reconnaissance de l’importance du CNSF va au-delà du cadre académique.

La chargée de programme à AFF, Pr Marie Louise Avana-Tientcheu : « J’ai apprécié le niveau de recherche élevé qui s’y mène ».

« Nous sommes plus connus à l’étranger », lâche Mme Yago, avec un brin de sourire et un regard interrogateur sur le paradoxe.

Le 9 juin 2022, l’enseignante-chercheure à l’université de Dschang dans l’Ouest du Cameroun et chargée de programme « forêts, populations et changement climatique » au sein de l’ONG African Forest Forum (AFF) basée à Nairobi au Kenya, Pr Marie Louise Avana-Tientcheu, à la tête d’une délégation d’une quarantaine d’experts forestiers, de chercheurs de dix pays d’Afrique francophone, est venue visiter le CNSF.

Une quarantaine d’experts forestiers d’Afrique francophone en visite au CNSF en juin 2022.

Ils sont présents à Ouagadougou dans le cadre d’un atelier régional de partage d’informations et d’expériences sur la gestion durable des forêts et des arbres en Afrique dans un contexte de changement climatique.

Après plus d’une heure et demie de visite guidée du nouveau siège, de la banque, du laboratoire, des pépinières sous serres, les hôtes du jour sont émerveillés par le « gigantesque boulot » qu’abat le centre. Contrairement aux autres, Pr Avana-Tientcheu connait le CNSF depuis plus de 15 ans, lorsque son pays, le Cameroun, avait voulu s’inspirer de l’expérience burkinabè pour mettre en place un centre similaire.

Plusieurs années après, elle salue la constante volonté politique qui a permis à l’établissement de tenir ce leadership régional et de se « hisser comme un réel pôle d’excellence de référence au niveau africain ».

Le défi de l’accréditation

« La particularité du CNSF réside dans sa capacité technique, institutionnelle, financière et ses activités de recherche et de promotion des espèces locales. J’ai apprécié le niveau de recherche élevé qui s’y mène, surtout avec les efforts de mises à jour des connaissances pour être en phase avec les évolutions en matière de semences forestières.

Le CNSF a reçu la visite de nombreuses personnalités à l’instar du président ghanéen d’alors, Jerry John Rawlings, le 29 novembre 1997.

Ce Centre a une réputation régionale voire internationale, au regard de sa capacité à dépasser toutes les contraintes institutionnelles qui ont détruit les autres centres créés dans les autres pays africains », confie l’universitaire camerounaise, qui a eu à évaluer les centres nationaux de semences forestières d’Afrique centrale et de l’ouest.

Malgré tout, au CNSF, tout ne coule pas comme un long fleuve tranquille. Son budget annuel moyen de 500 millions F CFA, avec 50% alloués aux salaires de ses 150 agents (dont 76 permanents), 25% à la production, 10% à la recherche et 15% aux investissements, reste insuffisant face à ses énormes charges et besoins.

L’une des conséquences de l’insuffisance de la ressource financière est l’incapacité du centre à renouveler ses équipements dont certains sont hors d’usage.

Le radiographe qui permet d’analyser la qualité des semences a fait les frais des inondations du 1er septembre 2009. La chambre de croissance, un appareil servant à pallier les difficultés de reproduction de certaines espèces en permettant d’obtenir une plantule entière à partir seulement d’un fragment de graine, de tige, ou de racine, a subi le même sort.

La chambre de croissance n’est plus fonctionnelle depuis les inondations du 1er septembre 2009.

Sans oublier que les deux autres chambres froides en arrêt pour équipements défaillants attendent une totale réhabilitation.

« Le manque de certains équipements fait que nous ne pouvons plus mener certaines activités que nous réalisions de par le passé », déplore Dr Kambou.

Aux besoins technologiques, s’ajoutent celui de renforcement du personnel quelque peu vieillissant, de formation continue des agents, de valorisation des chercheurs du CNSF à travers l’opérationnalisation de son statut d’établissement public de l’Etat à caractère scientifique, culturel et technique adopté en 2015.

Nonobstant les contraintes, la direction générale, entourée d’une équipe volontariste, ne renonce pas à l’ambition de porter son taux de conservation des semences forestières de 60% à 80% de couverture de la flore nationale répertoriée, et surtout de maintenir le flambeau de son leadership au plan africain.

Sans oublier le défi de l’accréditation à la norme ISTA (International Seed Testing Association), nécessaire pour davantage renforcer la reconnaissance internationale du CNSF.

Face aux multiples enjeux, la DG Daboué et ses collaborateurs ont un seul cri du cœur : voir la volonté politique qui a sous-tendu la création du CNSF se manifester davantage à travers un financement conséquent afin qu’ils puissent être à la hauteur des challenges.

Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com


Le Burkina, exportateur de semences forestières 

Le CNSF contribue au renforcement de la biodiversité à l’échelle mondiale. Avec une production annuelle moyenne de 7 tonnes de semences d’environ 100 espèces végétales, soit 80% d’essences locales, le centre commercialise en moyenne 6 tonnes de semences par an, dont cinq sur le marché national et une à l’international, notamment dans une trentaine de pays. Le Paraguay, le Honduras, le Bénin, le Ghana, le Congo, la Côte-d’Ivoire, le Maroc, la Malaisie, le Mali, le Togo en sont les principaux importateurs.

Le caïlcedrat, le gommier du Sénégal, le gommier rouge, le moringa, le jujubier de la hyène, le karité, constituent les semences les plus demandées à l’international. Ces exportations sont destinées aux activités de recherches et de reforestation. Avec une capacité de production annuelle d’1 million de plants, sous sa quarantaine de serres géantes de 30 mètres sur 7 mètres, le CNSF produit par an environ 500 mille plants, dont 91% d’espèces locales, destinées aux reboisements. Les attaques terroristes dont le Burkina est l’objet depuis 2015, rendent très difficiles d’accès plusieurs sites de récoltes de semences et impactent négativement les performances de production et de vente du Centre.

M.S

Source : CNSF


Une banque-copie en Angleterre

Lors des inondations du 1er septembre 2009, outre des équipements, le CNSF a perdu environ 6 tonnes de semences. Pour parer à toute éventualité, dans le cadre du projet Seed Bank, le centre a signé en 1998 une convention de partenariat avec le Royal Botanique Garden of Kew au Royaume-Uni ; ce qui lui a permis d’y envoyer des copies de ses semences pour conservation.

Ainsi, plus de 1 120 échantillons de semences de plus de 880 espèces issus d’environ 110 familles de végétaux burkinabè y sont stockés.

En sus de ce partenariat, le CNSF collabore, dans les domaines de la formation, de la recherche, de l’encadrement des étudiants, du renforcement des capacités techniques, avec plus d’une trentaine de centres de recherches, d’universités nationales et européennes et d’institutions internationales.

Depuis sa création, le Centre a formé plus de 10 mille acteurs forestiers nationaux et étrangers. On peut citer, entre autres, des cadres, techniciens et producteurs ghanéens, kényans, tanzaniens, malgaches, ivoiriens, maliens, nigériens, béninois, togolais, sénégalais, guinéens et des stagiaires français, suisses, hollandais, autrichiens.

M. S


Imaginer un modèle économique viable

Face aux contraintes financières, l’une des alternatives résiderait dans la définition d’un modèle économique pouvant permettre au CNSF de demeurer un établissement viable, assurant son auto-financement.

« Certes, il y a le soutien de l’Etat, mais le CNSF peut être plus imaginatif, développer une offensive scientifique vis-à-vis des autres institutions, créer des plateformes où les différents acteurs pourront se retrouver. Le CNSF a d’ailleurs une grande expertise qu’il peut monnayer pour en retour s’équiper », préconise Pr Adjima Thiombiano.

Pour Pr Avana-Tientcheu, le Centre peut s’inspirer du modèle sud-africain où de structures similaires vivent essentiellement des contrats avec des sociétés de production forestière. « Avec des partenariats public-privé et des politiques incitatives créant un marché, il peut aller vers l’auto-financement », indique-t-elle.

M.S

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