Première édition du SAFAGRI : Un pas pour amorcer le décollage agricole en Afrique

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a salué le leadership de son homologue, Idriss Deby,  dans la réussite du SAFAGRI

Des décideurs africains se sont engagés à briser les barrières qui entravent l’épanouissement du secteur agricole. Au premier Salon africain de l’agriculture (SAFAGRI), organisé du 12 au 15 mars 2019 à N’Djamena, ils ont réaffirmé leur volonté de nourrir l’Afrique à partir de l’Afrique et de bâtir des richesses sur l’agriculture.

Sous l’égide du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS),   le tout premier Salon africain de l’agriculture (SAFAGRI) s’est tenu, du 12 au 15 mars 2019 à N’Djamena, capitale du Tchad.

Son objectif : mettre en réseau les producteurs et les transformateurs dans une logique d’intégration régionale et d’incitation à la consommation locale. Quatre jours durant, des participants venus d’une quarantaine de pays ont animé  des stands d’exposition, des rencontres B to B et des ateliers thématiques.

Ce salon se présente comme l’une des plus grandes vitrines de l’agriculture sahélienne et une nouvelle tribune pour les figures de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique.

Le président du pays-hôte, Idriss Déby, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré ou encore le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Mahamat Faki ont pris part à cette rencontre ouverte sous le thème : «La transformation des chaînes de valeurs agricoles en Afrique face aux défis économiques, climatiques et sécuritaires». Des exposants burkinabè également ont pris part à ce salon, attirant le regard de nombreux visiteurs sur les produits agricoles transformés au Faso.

Les premières dames sollicitées

A l’issue de la rencontre, les participants ont recommandé la poursuite des réflexions sur  son institutionnalisation, sous les auspices de l’Union africaine. Dans la «Déclaration de N’Djamena » rendue publique par son ministre en charge des Mines, Ahmat Mahamat Bachir, le Tchad a réaffirmé son engagement à apporter son appui à l’érection du  SAFAGRI en un cadre permanent de concertation et d’échange sur la promotion des filières agro-sylvo-pastorales et halieutiques africaines.

En outre, ils ont prôné l’accélération de la mise en place de la zone de libre-échange africaine,  l’adoption d’une vision commune du développement des chaînes de valeurs agricoles et la facilitation de leur financement par les banques régionales de développement. Les parties prenantes ont demandé d’accorder la priorité à la lutte contre la faim  dans le  projet africain de construction des chaînes de valeur.

Le ministre tchadien Bachir a aussi indiqué que les épouses des présidents du Tchad, Hinda Déby et du Niger,  Lalla Malika Issoufou, ont marqué leur disponibilité à assumer le rôle de championnes de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique.

Atteindre 500 milliards de valeur d’ici 2020

Ph Safagri3 : De l’ouverture aux derniers instants, le SAFAGRI a mobilisé les acteurs du secteur rural africain au Palais du 15-Janvier de N’Djamena.

A la cérémonie d’ouverture, les intervenants ont salué cette initiative et réitéré leur confiance pour l’avenir de l’agriculture africaine.

«L’Afrique a le potentiel d’accroître la valeur de son rendement agricole annuel de 280 milliards de dollars en 2010 à 500 milliards de dollars d’ici à 2020», a mentionné le ministre burkinabè en charge de l’Agriculture, Salifou  Ouédraogo.

Dans le même registre, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa  Faki Mahamat, a évoqué le défi de la valorisation des atouts du continent,  riche de 600 millions d’hectares de terres arables non cultivées, de la  diversité de son écosystème et de la jeunesse de sa population.

Le diplomate panafricain a préconisé l’accroissement des investissements agricoles afin de promouvoir l’emploi des jeunes et de priver les groupes armés de base d’enrôlement. Un combat mené depuis de longues années  par l’Union africaine avec l’adoption en 2003 du  Plan détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique encourageant les Etats à consacrer au moins 10% de leur budget au secteur agricole.

Le président Mahamat a aussi énuméré, dans l’arsenal stratégique de l’UA,   la Déclaration de Malabo de 2014 par laquelle les leaders africains se sont engagés, entre autres, à éliminer la faim d’ici à 2025,  à réduire de moitié la pauvreté à la même échéance grâce  à une transformation inclusive de l’agriculture et à stimuler le commerce intra-africain  des produits et services agricoles.

«Ces objectifs sont à notre portée », a dit, tout optimiste,  M. Mahamat. Il a aussi annoncé que l’évènement de N’Djamena tombait à pic, en prélude à la mise en route prochaine des accords de libres-échanges africains.

«Le SAFAGRI marque un tournant décisif dans le développement des filières agro-sylvo-pastorales, halieutiques et fauniques», a soutenu  la ministre tchadienne de la Production, de l’Irrigation et des Equipements agricoles, Mme Lydie Beassemda.

Le président Roch Kaboré satisfait de la mobilisation

Au terme de son discours de clôture du SAFAGRI, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré,  a exprimé sa satisfaction.

Il a estimé que le SAFAGRI a tracé les sillons de l’essor des agricultures africaines appelées à intégrer  l’industrialisation et la labélisation des produits agricoles à l’effet de satisfaire les besoins domestiques et de conquérir le marché international.

« La mobilisation autour de ce salon constitue pour nous un motif de satisfaction »,  a affirmé le président Roch Marc Christian Kaboré.  Il a aussi relevé que les expositions-ventes  ont montré la diversité des produits agricoles africains, apportant la preuve que « l’Afrique peut nourrir l’Afrique » et  créer de la richesse et des emplois au profit des jeunes et des femmes.

Selon le président Kaboré, les ateliers thématiques sur les politiques et stratégies du concept de chaînes de valeur ont abouti à des conclusions susceptibles d’aider à l’articulation de stratégies et projets de développement.

En effet, lors du panel de haut niveau sur les politiques relatives aux  chaînes de valeurs agricoles, tenu le jeudi 14 mars 2019, le ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles, Salifou Ouédraogo, a préconisé la mise en place de fonds de développement agricole, l’organisation des producteurs et le développement des filières résilientes et protectrices de l’environnement.

Le ministre-coordonnateur du CILSS a insisté sur l’intérêt de promouvoir une agriculture contractuelle en vue d’ouvrir aux produits et services agricoles, un marché rentable  et d’améliorer les revenus des producteurs.

Le président du Faso, président en exercice du CILSS, a donné rendez-vous aux acteurs du développement rural à la 2e édition prévue en 2020 à N’Djamena.

Aimé Mouor KAMBIRE

Roger SANKARA/DCPM-Agriculture

—————————————————————————

Extrait du discours de clôture du président du Faso, Christian Kaboré, au premier Salon africain de l’agriculture

«Je me réjouis des excellents résultats auxquels vous êtes parvenus. La mobilisation autour de ce Salon constitue pour nous un réel motif de satisfaction. Je reste convaincu que la transformation des chaînes de valeurs agro-sylvo pastorales et halieutiques africaines constitue un moteur de la croissance économique de nos pays.

Les activités majeures du SAFAGRI ont produit des effets très positifs. Les expositions-ventes ont montré la diversité et la richesse des produits agricoles africains. C’est un signe évident que l’Afrique peut nourrir l’Afrique. C’est aussi une preuve palpable que nos Etats sont en mesure de créer de la richesse et générer des emplois pour nos forces productives que sont les jeunes et les femmes.

Les résultats du SAFAGRI nous indiquent clairement que la prochaine étape du développement des agricultures africaines est l’industrialisation et la labélisation de nos produits ; ce qui nous conduira d’une part, à satisfaire nos propres besoins et à fournir des produits de qualité pour le marché international.

Les contacts qui se sont établis entre les producteurs de divers horizons réunis ici sont très encourageants. Nous devons profiter des nouvelles technologies de l’information pour les fluidifier et les amplifier à l’échelle du continent, voire au-delà.

Au plan des politiques et stratégies du concept de chaînes de valeur, des réflexions importantes ont été menées à travers des conférences et ateliers dont les conclusions permettront à nous, dirigeants politiques, de mieux articuler nos projets et dispositifs de développement.

En outre, les partenaires au développement et autres investisseurs présents à ce salon ont sans nul doute trouvé des raisons supplémentaires pour s’impliquer davantage dans les actions de développement durable de l’agriculture et réaliser des affaires avec les producteurs africains.

Je saisis l’occasion pour remercier tous nos partenaires techniques et financiers qui ont toujours accompagné le CILSS dans l’accomplissement de ses missions et en particulier dans l’organisation du SAFAGRI. Je remercie sincèrement tous les pays qui ont répondu favorablement à l’invitation du CILSS et du Tchad. J’apprécie cette opportunité de rencontre des communautés économiques régionales qui est une bonne dynamique à consolider.

Le 1er Salon africain de l’agriculture (SAFAGRI) a suscité un engouement, une admiration du labeur des producteurs et des acteurs de la transformation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques. Le courage de nos braves productrices et producteurs venus de différents horizons mérite d’être salué.

L’institutionnalisation du SAFAGRI doit intégrer nos projets de développement du secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique. Ensemble faisons du SAFAGRI, le Toumaï des grands rendez-vous de l’agriculture africaine

Sur ce, je déclare close la première édition du Salon africain de l’agriculture».

N’Djamena, le 15 mars 2019