Journée internationale de la jeunesse: la sécurité et l’emploi préoccupent au Burkina

Les autorités du pays se sont engagées aux côtés des jeunes pour relever les multiples défis.

Le Burkina Faso a commémoré la Journée internationale de la jeunesse, le 12 août 2023 à Ouagadougou, sous le thème «Renforcement de l’employabilité des jeunes vivant en milieu rural et lutte contre l’insécurité au Burkina Faso ». A cette occasion, le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré a échangé avec des jeunes venus de toutes les régions du pays sur leurs préoccupations de l’heure et leur a prodigué des conseils. Il a aussi rendu hommage à tous ces jeunes qui se sont enrôlés pour la défense de la patrie et la reconquête du territoire.

La population burkinabè, à l’instar de celle de la plupart des pays africains, est majoritairement jeune. Sur environ 20 millions d’habitants, 64,1% ont moins de 25 ans. Cette jeunesse est confrontée à d’énormes défis qui ont fait l’objet d’échange direct avec le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, le 12 août 2023.

En effet, lors de la commémoration de cette Journée internationale de la jeunesse sous le thème «Renforcement de l’employabilité des jeunes vivant en milieu rural et lutte contre l’insécurité au Burkina Faso», cette frange de la population a évoqué des préoccupations, telles que la problématique de la formation professionnelle, l’employabilité, l’accès aux crédits et le financement des projets.

Sans oublier l’état des routes et des barrages, l’insécurité et l’équipement des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Le chef de l’Etat, dans son adresse, a annoncé que la lutte contre le terrorisme ne se fait pas seulement par les armes. Selon lui, tant que les jeunes seront sans emploi, ils seront tentés de rejoindre les groupes armés.

C’est pourquoi, lui et son équipe optent pour l’orientation des jeunes vers l’apprentissage de métiers afin qu’ils se prennent en charge. Dans cette optique, ils comptent construire beaucoup de centres de promotion de l’enseignement professionnel et créer des services de promotion et d’insertion professionnelle des jeunes.

Le président de la Transition a aussi annoncé qu’il sera désigné un représentant de chaque région comme chargé de missions à la présidence, afin de défendre les intérêts des jeunes. L’un des défis que la Transition veut affronter est l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. «Il n’y a pas de dignité si on n’a pas à manger, si on doit tendre la main.

Nous sommes concentrés actuellement sur l’autosuffisance alimentaire qui est également un combat. C’est un combat parce que lorsque nous parlons de dignité, nous parlons d’honneur. Si vous n’êtes pas autosuffisants, vous n’avez aucune dignité», a averti Ibrahim Traoré.

Pour gagner ce combat le capitaine pense que l’une des solutions viendra de l’exploitation des points d’eau. « Dans chaque région, nous allons valoriser les points d’eau et les réserves forestières que nous avons et accompagner autant que possible les jeunes », a-t-il dit.

Entreprendre

Les représentants de la jeunesse burkinabè ont exposé au chef de l’Etat, la problématique de l’accès aux crédits et au financement des projets.

Le chef de l’Etat a conseillé à la jeunesse ne pas avoir peur d’entreprendre, malgré les difficultés qu’elle pourrait rencontrer. «N’ayez pas peur d’entreprendre, il faut vous lancer, c’est dur, c’est souvent très dur. Vous allez trébuchez, vous allez souvent vous retrouvez à genoux. Mais profitez pour prier, relevez-vous et marchez», a-t-il laissé entendre.

Pour accompagner les jeunes entreprises afin qu’elles ne soient pas confrontées à certaines difficultés dès les premières années, le gouvernement a mis en place une politique d’allègement fiscal. Il a rassuré que des réformes sont en cours et que des instructions ont été données aux ministres pour la création d’un fonds unique qui puisse soutenir la jeunesse dans l’entrepreneuriat.

Sur la question de la situation sécuritaire, le président a expliqué le contexte actuel dans lequel le pays se trouve. Il a rendu hommage à tous ces jeunes qui se sont enrôlés pour la défense de la patrie et la reconquête du territoire. «Chacun à son niveau, à défaut de prendre les kalachnikovs, devrait faire quelque chose pour participer au développement.

Le combat qui a commencé sera long et dur, mais nous allons y arriver», a-t-il déclaré. Il a aussi invité les jeunes du Burkina à s’engager pour le développement de la patrie. Le capitaine Traoré a souligné que l’objectif de l’ennemi était d’agir partout pour disperser la réaction des forces armées qui ne ménagent aucun effort pour se concentrer afin d’obtenir des résultats probants.

Pour renforcer l’effectif des combattants, 11 000 soldats ont été recrutés dans leurs zones d’origine au profit des régions. Foi du premier des Burkinabè, ils seront préparés, équipés comme il se doit avant d’être déployés. Sur la sécurisation des axes routiers, le président de la Transition promet le déploiement des forces de sécurité dans les jours à venir.

Il a également instruit les ministres de prendre les dispositions nécessaires pour doter les différentes régions de centres de formation polyvalents, sans oublier de plaider pour que les projets de construction soient confiés à des entreprises dirigées par des jeunes pour que ceux-ci puissent faire leurs preuves.

Le chef de l’Etat a également invité la jeunesse à se départir de la manipulation. Car pour lui, « l’arme fatale de l’impérialisme », c’est la manipulation de la jeunesse. C’est pourquoi, il a invité celle-ci à toujours chercher l’information juste et à toujours penser d’abord à la patrie.

Une population jeune

Près de 90 % des jeunes vivent dans des pays en développement.

La population burkinabè est estimée à plus de 20 505 155, selon les résultats du Recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) réalisé en 2019 par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD). Il ressort qu’elle est majoritairement jeune. 64,1% est âgée de moins de 25 ans, 55,8% ont moins de 18 ans et 45,3% ont moins de 15 ans.

Les personnes âgées de 65 ans et plus ne représentent que 3,4% de la population totale. La notion de jeunesse semble difficile à définir. Dans le rapport de l’Enquête sur la transition vers la vie active (ETVA) au Burkina Faso en 2019 produit par l’INSD et le Bureau international du travail (BIT), la définition de la jeunesse «correspond à toutes les personnes âgées de 15 à 29 ans, étant donné que certains jeunes restent dans le système éducatif pendant une longue période et qu’ils n’ont donc pas encore commencé leur transition à 29 ans.

Elle est majoritairement féminine à 53,4%. Inégalement répartis à travers les treize régions du pays, ces jeunes se concentrent beaucoup plus dans trois régions : le Centre (15,8 pour cent), le Centre-Nord (10,3 pour cent) et les Hauts-Bassins (10,1 pour cent).

A l’inverse, les régions du Centre-Sud, du Sud-Ouest et des Cascades abritent chacune moins de cinq pour cent des jeunes en 2019. Le taux de chômage est de 6,9% chez les jeunes entre 15 et 29 ans. A l’image des autres pays africains subsahariens, le Burkina Faso n’échappe pas à ce problème crucial de l’emploi.

Des politiques et des stratégies d’emploi ont été formulées et mises en œuvre. Pour faire face aux défis de l’emploi décent et de la réduction de la pauvreté, le Burkina Faso a entrepris le renforcement de son cadre institutionnel et politique de promotion de l’emploi, la mise en place de projets et programmes spécifiques de développement des compétences et de promotion de l’emploi en faveur des jeunes.

En vue de canaliser et de coordonner l’action gouvernementale au profit de l’emploi des jeunes, un ministère en charge de l’emploi et de la jeunesse a été créé. Sur les plans politique et réglementaire, des mesures ont été adoptées par les gouvernements en vue de favoriser l’emploi des jeunes.

Parmi ces mesures, on peut noter l’adoption d’une Politique nationale de l’emploi (PNE), l’adoption d’une Politique nationale d’enseignement et de formation techniques et professionnels (PN/EFTP), l’adoption d’une Politique nationale de jeunesse (PNJ), l’institution d’un corps de volontaires nationaux et la mise en place d’un Conseil national de l’emploi et de la formation professionnelle (CNEFP).

Mise en place des fonds

Pour lutter contre le chômage et la pauvreté des jeunes, il est mis en place un dispositif de financement des fonds qui vont servir à l’octroi de prêts pour la création et le

Le chef de l’Etat, Ibrahim Traoré, à la jeunesse burkinabè : «n’ayez pas peur d’entreprendre,
il faut vous lancer ».

développement d’entreprises et d’activités économiques.

Ce sont le Fonds d’appui au secteur informel (FASI) créé en 1998, le Fonds d’appui à la promotion de l’emploi (FAPE) créé également en 1998, le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (FAFPA) créé en 2003. Et en 2008 a été créé le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ).

Les groupes cibles du FAIJ regroupent les jeunes de 20 à 35 ans qui, ayant atteint le niveau de la classe de 3e des collèges ou des lycées, ont reçu une formation en entrepreneuriat dispensée dans le cadre du Programme de formation de 5 000 jeunes par an. Dans la pratique, la situation du chômage et du sous-emploi des jeunes modifie la cible initiale par le «bas» et par le «haut».

En effet, les jeunes ayant atteint le niveau de la 4e et présentant une bonne expérience dans l’exercice d’un métier sont également acceptés comme bénéficiaires des prestations du FAIJ. Et aussi, les jeunes de niveau baccalauréat et plus participent également à la formation et représentent près de 30% des inscriptions.

Les cibles du FASI et du FAPE se recrutent parmi les acteurs du secteur informel et les personnes physiques ou morales. Elles incluent également des personnes vivant avec un handicap et présentant un projet rentable. Le public cible du FAFPA sont les associations, les groupements, les entreprises, les centres de formation, les formateurs et les étudiants qui peuvent bénéficier de l’aide de ce fonds pour effectuer un stage en entreprise.

D’autres actions ont été entreprises en vue de favoriser l’emploi des jeunes. Il s’agit, entre autres, de l’adoption d’une loi sur le volontariat, d’un Plan d’actions opérationnel (PAO) et d’une Politique nationale de jeunesse. En rappel, la Journée internationale de la jeunesse, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1999, est commémorée le 12 août de chaque année. Cette journée permet de célébrer le potentiel des jeunes en tant que partenaires dans la société.

Habibata WARA

Sources : INSD


Le qualificatif jeune

« Compétences vertes pour les jeunes : vers un monde durable », c’est sous ce thème que l’Organisation des Nations unies (ONU), a célébré la Journée internationale de la jeunesse cette année.

Les compétences vertes sont « les connaissances, les aptitudes, les valeurs et les comportements nécessaires pour vivre dans une société durable et économe en ressources, en la développant et en la soutenant ».

Si elles concernent les personnes de tous âges, elles revêtent une plus grande importance pour les jeunes, qui peuvent contribuer à la transition écologique sur une plus longue période.

Concernant la qualification jeune, il n’existe aucune définition universellement reconnue du terme «jeunesse». L’ONU, pour des fins statistiques, considère comme jeunes les personnes âgées de 15 à 24 ans. Ce qui représente 16 % de la population mondiale.

Selon elle, 50% des habitants de la planète ont 30 ans ou moins. Ce chiffre devrait atteindre 57 % à la fin de 2030. Près de 90 % vivent dans des pays en développement.

H.W.

Source : ONU