Editorial: des raisons d’adopter l’agriculture contractuelle

Depuis une dizaine d’années, un nouveau type d’agriculture se pratique au Burkina Faso. Il s’agit de l’« agriculture contractuelle », une méthode qui compte contribuer à la révolution agricole et à l’autosuffisance alimentaire. En quoi consiste-t-elle ? En la signature de contrats formels de production qui impliquent producteurs, fournisseurs d’intrants, acheteurs et institutions financières.

En effet, avec elle, avant même le début de la campagne agricole, des partenaires prennent attache avec des producteurs, souvent regroupés en associations, et signent des contrats. En collaboration avec des institutions financières, ces derniers s’engagent à prendre en charge les dépenses liées aux travaux des champs. En retour, les producteurs s’engagent à leur vendre la récolte au moment venu, à un prix fixé de commun accord lors de la signature du contrat. La quantité de récoltes à fournir est également arrêtée dans les clauses du contrat.

Cette méthode est peu connue pour le moment mais elle est déjà adoptée dans certaines localités du pays, dont la région des Hauts-Bassins. Elle concerne aussi bien la production destinée à la consommation que celle des semences et présente des avantages certains pour le producteur. Celui-ci dispose d’un marché sûr dès le départ, donc pas de soucis à se faire quant à l’écoulement de ses produits. Il reçoit également des intrants de bonne qualité à bonne date et peut avoir accès à des crédits bancaires, avec l’aval du partenaire.

Il maitrise à l’avance les prix de ces produits, ce qui évite les situations où l’acheteur dicte sa loi et le producteur est obligé de brader ses récoltes. En plus, avec ce système, tous les producteurs sont éligibles pour le financement, pourvu qu’ils soient membres d’un groupement ou association. Cependant, comme dans toute autre entreprise humaine, tout ne peut pas être qu’avantages. Il y a des risques encourus par les deux parties, surtout par le « partenaire financier » en cas de non-respect des clauses du contrat.

Si le partenaire n’apporte pas à temps le financement promis, cela aura une répercussion négative sur la production. Mais, le plus souvent, le problème vient des producteurs. Au moment de la récolte, certains constatant que le prix sur le marché ordinaire est nettement supérieur à celui conclu dans le contrat, font volte-face et vendent leurs produits au plus offrant, au détriment du « bailleur de fonds ».

Et, de ce qui nous revient, ces cas sont légion. Ce qui n’est pas de nature à favoriser la divulgation de l’agriculture contractuelle pourtant vue comme une pratique innovatrice et bénéfique si chacune des parties contractantes respecte ses engagements. D’ailleurs, au vu de ses avantages, les acteurs du monde agricole qui l’ont expérimentée appellent leurs collègues à vite l’adopter.

Pour notre part, nous estimons que pour minimiser la tentation du producteur par le prix du marché qui l’amène souvent à contourner celui qui l’a financé, deux alternatives se présentent. La première est de ficeler le contrat et attendre le moment des récoltes pour arrêter le prix d’achat, avec une marge bénéficiaire préalablement définie pour celui qui finance. Par exemple, cette marge peut être fixée à 50 F CFA par kilogramme (kg).

Ainsi, à supposer qu’à la récolte, le maïs est vendu à 300 F CFA le kg sur le marché, le producteur doit le vendre à 250 F CFA à son partenaire. La seconde alternative serait d’introduire des sanctions dissuasives dans les clauses de contrat à l’encontre de la partie qui viendrait à ne pas respecter ses engagements. Dans tous les cas, l’agriculture contractuelle a des raisons de susciter de l’engouement auprès des producteurs, quitte à lui trouver de meilleures modalités, s’il y a lieu.

Daniel ZONGO

danielzong62@yahoo.fr