La guerre qui fait rage en République démocratique du Congo (RDC) est loin de prendre fin. Les dernières évolutions de la situation sur le terrain des combats, en dit long. La volonté manifeste des parties prenantes à ne pas parvenir à la paix est perceptible et ne rassure aucunement. En effet, malgré les différentes médiations, ce conflit meurtrier, qui oppose, il y’a longtemps, l’armée congolaise au groupe rebelle du Mouvement du 23 Mars (M23) dans l’Est du pays, se poursuit. Cela, malheureusement, avec ses conséquences multiples que l’on connait sur les populations civiles, véritables suppliciés des violences. Un cessez-le-feu, signé sous l’égide de l’Angola et, en vigueur depuis, le 4 août 2023, a été violé une nouvelle fois par les belligérants. En effet, lundi dernier, l’armée congolaise déclarait dans un communiqué avoir infligé de lourdes pertes aux rebelles qui ont reconnu avoir été attaqués dans le territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu. Rappelons que cette guerre pour le contrôle l’Est de la RDC, riche en minerais, près de la frontière avec le Rwanda, a engendré l’une des plus grandes crises humanitaires au monde, selon de nombreux rapport. Plus de sept millions de personnes ont été déplacées et de nombreuses pertes en vie humaines occasionnées.
Pourtant, le cessez-le-feu avait été salué, à sa juste valeur, par la communauté internationale qui avait demandé à toutes les parties au conflit de « respecter » leurs engagements. Auparavant, une « trêve humanitaire » de 2 semaines avait été décrétée le 5 juillet pour permettre aux ONG d’intervenir auprès des 2 millions de déplacés. La reprise des combats, ces derniers jours, intervient alors que le Président congolais, Félix Tshisekedi et le Président rwandais, Paul Kagamé, lui, accusé de soutenir les groupes rebelles, devraient se rencontrer sur la même table, le 15 décembre prochain, à Luanda, en Angolais pour des pourparlers. De ce qui précède, il est loisible d’indiquer que la paix, des braves, tant attendue n’est donc pas pour demain.
Toute chose qui rend encore plus difficile le travail du médiateur angolais qui avait pourtant montré des gages de bonnes volontés à rabibocher les deux voisins. Sans être pessimiste, il faut même craindre l’intensification des hostilités. C’est dire que le Président angolais, Joao Lourenço, le médiateur, a du pain sur la planche. Il est illusoire de parler de paix, de conciliation pendant que les armés crépitent de l’autre côté des salons vitrés. Et, surtout quand on sait que Paul Kagamé a toujours nié son implication dans cette guerre à tous les niveaux. Pourtant, selon un récent rapport du groupe d’experts des Nations unies, entre 3 000 et 4000 soldats rwandais combattent aux côtés du M23 en RDC et Kigali exerce un « contrôle de facto » sur le groupe. Ce conflit est extrêmement difficile à résoudre et nécessite plus d’actions concrètes. Pour parvenir à faire taire les armes, la détermination dans les initiatives de médiation s’impose mais également une réelle volonté à aller à la paix des acteurs concernés. Car, si rien n’est fait pour stopper définitivement cette guerre, c’est la sous-région de cette partie du continent qui se trouvera impactée. C’est pourquoi, les chefs d’Etats doivent, sans passion, faire chorus derrière la Communauté de développement d’Afrique central (SADC) pour se pencher sur la question afin de chercher des voies d’issue à ce bourbier.
Soumaïla BONKOUNGOU