Une affaire de fraude de l’or défraie en ce moment la chronique sur les réseaux sociaux. Dans une interview accordée à Sidwaya, le dimanche 6 janvier 2019, le directeur des mines, Kuilga Emmanuel Yaméogo, explique qu’il ne s’agit pas de fraude, mais plutôt d’une opération légale d’exportation de résidus appelés charbon fin.
Sidwaya (S) : Une affaire de fraude d’or alimente la polémique actuellement. Qu’en est-t-il exactement ?
Kuilga Emmanuel Yameogo (K.E.Y.) : Il ne s’agit pas d’une affaire de fraude d’or mais d’une exportation des résidus appelés charbon fin qu’une mine, Essakane IAM GOLD, a demandé officiellement à exporter. Les résidus sont issus du traitement de l’usine de cette mine et contiennent effectivement de l’or. Mais présentement, nous n’avons pas la possibilité de traiter ces résidus au Burkina Faso. Et c’est pour cette raison, que la mine a demandé à les exporter au Canada. Elle a saisi l’administration publique, notamment le ministère des Mines qui a donné les autorisations nécessaires pour l’exportation de ces charbons fins.
S : Le ministère des Mines s’est-il assuré de la légalité de l’opération avant de l’autoriser ?
K.E.Y. : La procédure veut qu’un agent de la Direction générale des mines et de la géologie et un autre du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB) soient présents au moment du colisage et des pesées de ces charbons fins. Et ces agents ont effectivement assisté à l’empaquetage et à l’embarquement de ces charbons fins qui pèsent au total 495 tonnes. Dans ce tonnage, on a estimé l’or à environ 304 Kg et l’argent (métal) à environ 135 kg qui doivent être récupérés au Canada.
S : Qu’est-ce qui justifie la saisie des charbons fins, malgré la régularité de l’opération d’exportation ?
K.E.Y. : Le chargement de ce charbon fin a été saisi, scellé et déposé au port sec de Bobo-Dioulasso par la Brigade nationale anti-fraude, une structure créée pour lutter principalement contre toute forme de fraude sur l’or et les autres substances précieuses. Tous les membres de cette structure ont qualité d’officier de police judiciaire. Et ayant l’information qu’il y a une probable tentative de fraude d’or, le procureur général a instruit cette brigade, qui s’est déportée sur les lieux, à Bobo-Dioulasso, le 30 décembre 2018. Ainsi, la brigade a saisi, scellé et déposé les colis au port sec de Bobo-Dioulasso, en attendant la vérification nécessaire des documents. Je pense que la brigade est en train de réunir tous les documents pour les transmettre au procureur général qui prendra sa décision.
S : Il ne s’agit donc pas d’une exportation frauduleuse ?
K.E.Y. : Cette opération est conforme à la loi minière notamment à l’article 46 de la loi 036/2015 portant Code minier. L’opération est légale. Et la société a obtenu toutes les autorisations nécessaires. Je voudrais rassurer que la Direction générale des mines et de la géologie et le BUMIGEB ont suivi cette opération du début jusqu’à la fin. Et pour plus de contrôle approfondi, nous avons même prélevé 640 échantillons de ce charbon fin pour des analyses au BUMIGEB pour pouvoir les confronter aux résultats qui sortiront de la fonderie.
S : Mais on a du mal à comprendre pourquoi cette saisie…
K.E.Y. : A partir du moment où le procureur général a décidé d’approfondir ses informations, on ne peut plus arrêter l’action déjà engagée.
S : Quelles sont les perspectives envisagées pour permettre le traitement du charbon fin sur le territoire national ?
K.E.Y. : Il faut d’abord dire que la société en question est la toute première à valoriser ce charbon fin. Les autres sociétés, faute de capacité de traitement, le rejettent dans leurs parcs à résidus. Cette société a déjà installé une fonderie sur son site, mais la capacité actuelle ne permet pas d’épuiser tout le charbon stocké. En perspective, c’est l’agrandissement de cette fonderie. Et les autres sociétés doivent s’inspirer de cette expérience pour construire des fonderies sur leurs sites.
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