Sévir, l’unique solution !

A la date du 10 juin 2021, plus de 170 infrastructures publiques réparties dans douze régions du Burkina Faso étaient dans une situation de dégradation. Parmi ces infrastructures, le secteur de l’éducation seul en compte 110, essentiellement des écoles, dont 85 du primaire. Les nombreuses causes de cette situation sont, à écouter le gouvernement, entre autres, des insuffisances dans les dossiers techniques des appels à concurrence, des failles dans le suivi-contrôle, la mauvaise qualité des matériaux et le non-respect de la garantie de réparation des dommages qui se produisent après la réception des travaux, appelée « garantie décennale ».

Il est indiscutable que les responsabilités sont partagées dans cette malheureuse situation qui a pris une ampleur inquiétante ces derniers temps où des écoles notamment se sont effondrées comme des châteaux de cartes. D’abord, il faut le reconnaitre, si la base est faussée, il n’est pas possible de s’attendre à des infrastructures de qualité. Les voix qui s’élèvent de plus en plus pour dénoncer des attributions de marché qui se font par copinage ou en fonction des intérêts personnels en jeu, s’inscrivent dans cette logique. Un « entrepreneur », attributaire d’un marché dont il n’a pas les qualités nécessaires pour l’exécuter, peut s’arranger comment pour rendre un ouvrage de qualité ? Ensuite, une entreprise censée être compétente mais qui, par cupidité, utilise des matériaux non adaptés pour construire un bâtiment peut s’attendre à quel résultat ?

Enfin, un contrôleur de qualité qui est mouillé jusqu’au cou aura quels yeux pour voir les imperfections ? Et les conséquences sont ce que nous vivons aujourd’hui : des immeubles en construction qui s’écroulent, des écoles qui s’effondrent sur des élèves en pleine classe, des bâtiments non adaptés à leur destination finale…La liste est longue. En un mot, la base du problème s’appelle la corruption.
Le mal est diagnostiqué depuis longtemps mais difficile de trouver le remède approprié pour le traiter parce qu’il est souvent plus profond que ce que l’on croit. En réalité, c’est souvent toute une chaine, avec tous les maillons gangrénés, de l’ouvrier au plus haut niveau. Si fait que ceux-là qui devraient taper du poing sur la table lorsque les travaux sont mal exécutés ne peuvent pas piper mot.

Le faire, serait agir contre leur propre personne parce qu’ils auront à répondre, une fois le pot aux roses découvert.
C’est dire alors, que c’est tout le système d’exécution des marchés publics qui est à repenser. Il faut sévir en cas de manquement. Et pour y parvenir, il sied d’avoir une structure indépendante et neutre. C’est pour cela que l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) devrait disposer de moyens et de prérogatives nécessaires pour accomplir correctement sa mission. Elle doit être en mesure de sanctionner avec la plus grande rigueur possible quand il le faut pour remettre les brebis galeuses sur le droit chemin. C’est bien possible si les conditions sont réunies avec des hommes d’une intégrité reconnue au sein de cette institution qui a parfois posé de grands actes. Parallèlement, les structures telles que le Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC), les Organisations de la société civile (OSC) et les médias doivent demeurer dans leur rôle de dénonciateur. Sans ces dispositions, la bataille risque d’être vaine.

Daniel ZONGO
danielzong62@yahoo.fr