Mahamady Ouédraogo, Secrétaire général de l’ASPMY : « Pour le moment, ce sont les Ghanéens qui fixent les prix des produits maraîchers»

Mahamady Ouédraogo a claqué la porte de l’enseignement pour se consacrer au maraîchage.

Au Yatenga, le maraîchage est devenu une tradition. Malgré ses retombées économiques et sociales, le secteur reste confronté à plusieurs maux. Aux problèmes habituels d’eau, de conservation ou de commercialisation, se greffent désormais des défis sécuritaire et sanitaire. Dans cet entretien accordé à Carrefour Africain, le 24 mai 2021, le Secrétaire général (SG) de l’Association professionnelle des maraîchers du Yatenga (ASPMY), Mahamady Ouédraogo, fait un tour d’horizon des enjeux actuels liés à la production de contre-saison.

Carrefour Africain (C.A.) : Comment se porte actuellement la production maraîchère auYatenga ?

Mahamady Ouédraogo (M.O.) : Je dirai que le maraîchage se porte bien au Yatenga. Mais force est de reconnaître que nous dépendons fortement des aléas climatiques. Toute chose qui ne favorise pas une certaine assiduité dans nos activités. Parce que plus il pleut, plus on peut se permettre de produire en grande quantité. Alors que dans le cas contraire, ce sont nos superficies et nos rendements qui baissent.

C.A. : De façon concrète, quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés de nos jours ?

M.O. : Depuis une dizaine d’années, on constate une baisse des quantités d’eau de pluie. Cela a pour corollaire une baisse aussi de nos superficies de production. Il y a un changement climatique qui s’opère. Habituellement, nous produisons en période de froid. Mais de nos jours, les cultures sont affectées par la chaleur. Ce qui joue négativement sur les rendements. L’autre défi est la migration de la main d’œuvre vers les différents sites aurifères. Sans oublier l’insécurité qui est venue compromettre l’activité maraîchère. Par exemple à Thiou et à Ramdolla (ndlr : localités frontalières du Mali), des maraîchers ne produisent plus à cause de l’insécurité. Récemment, le Coronavirus s’est aussi invité et a eu un impact négatif sur le maraîchage. Nous avons aussi un défi lié au financement. L’activité maraîchère n’est pas accompagnée comme il se doit par les institutions de microfinances qui sont réticentes vis-à-vis d’elle.

La raison est qu’on produit des denrées qui sont hautement périssables ainsi que d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte et qui font que les financiers ne sont pas toujours prêts à s’y engager. C’est ce que nous essayons de gérer au quotidien pour donner de la valeur à notre activité. Nous avons remarqué que le maraîchage est relégué au second plan. Généralement, ce sont ceux qui ont échoué ailleurs qui s’y retrouvent. Et nous voulons mettre fin à cela. Nous voulons que, désormais, le maraîchage soit une profession qui nourrit son homme et qui fait la fierté du producteur.

C.A. : Qu’en est-il réellement de l’impact de l’insécurité et de la maladie à Coronavirus sur vos activités ?

M.O. : Ces deux phénomènes ont eu un impact très grand sur l’activité maraîchère. Quand on n’a pas pu produire parce que la zone est infestée de terroristes, on ne peut pas nourrir sa famille ni subvenir à d’autres besoins. L’impact du Coronavirus se situe surtout au niveau de la commercialisation. Si on produit et on n’arrive pas à vendre, c’est inutile. La fermeture des frontières a compliqué davantage la situation. Au début, même les marchandises avaient du mal à sortir du territoire.

C.A. : Au début de la COVID-19, des stocks de pomme de terre ont pourri à Ouahigouya. Y a-t-il eu des mesures d’accompagnement pour soulager les victimes ?

M.O. : Des promesses d’accompagnement, il y en a eu mais rien n’a été fait jusqu’à ce jour. Les autorités en charge de l’agriculture nous avaient demandé d’évaluer les pertes subies. Nous avons fourni toutes les informations y relatives mais jusqu’à présent, nous n’avons bénéficié d’aucun appui. Je profite lancer un appel à nos autorités pour qu’elles tiennent leurs promesses. Car, nous aussi en tant que leaders des maraîchers, nous en pâtissons. Quand les promesses tardent à se concrétiser, les producteurs peuvent soupçonner les responsables que nous sommes d’avoir détourné leur dû. Et là, on est exposé. Si on a promis d’accompagner les producteurs, qu’on le fasse et on avance. Dans le temps, il y a eu des sinistres et on a eu les mêmes promesses qui sont restées vaines. L’impression qu’on a, c’est qu’on nous a oubliés.

C.A. : Le maraîchage rime avec la disponibilité de l’eau. Comment vous arrivez à gérer cette question, étant donné que le Yatenga fait partie des zones les moins arrosées du Burkina
Faso ?

M.O. : Nous savons que la nature ne nous a pas été clémente. C’est au regard de cela que nous avons approché des partenaires afin qu’ils nous accompagnent avec de nouvelles techniques d’irrigation en vue d’une utilisation rationnelle et raisonnée de l’eau. Notre combat actuel est de vulgariser ces technologies pour une gestion efficiente de l’eau. En plus du fait que dame pluie nous joue des tours, il y a aussi que les capacités de stockage des barrages s’amenuisent d’année en année. C’est pourquoi, il faut travailler à rendre disponible l’eau d’une autre manière à travers la mise en place d’ouvrages hydrauliques tels que les puits et les forages. En outre, nous mettons en place des mesures intégrées de gestion des ressources en eau qui permettent de recharger la nappe phréatique. Sans oublier les formations et sensibilisations que nous menons auprès de nos producteurs pour qu’ils adoptent les nouvelles techniques d’irrigation. Des producteurs qui ne sont pas membres de l’ASPMY bénéficient même de ces conseils.

C.A. : Depuis longtemps, des maraîchers occupent les berges des barrages Kanazoé et de Goinré, à la périphérie de Ouahigouya. Qu’est-ce qui est fait à votre niveau pour les dissuader ?

M.O. : Le fait même que nous n’y sommes pas est une forme de sensibilisation à leur endroit. Un travail de fond a été fait à l’attention de nos membres pour les amener à libérer les berges et à s’installer loin des barrages. Au début, ça n’a pas été facile mais tout est rentré dans l’ordre. Désormais, ils utilisent des puisards munis de motopompes ou des forages. Nous recommandons à tous les maraîchers qui sont toujours autour des retenues d’eau de suivre l’exemple. C’est un travail de longue haleine et nous allons y arriver. L’objectif étant de sécuriser les barrages pour pérenniser la production maraîchère. Dès qu’on commence à produire sur les berges, il y a le problème d’ensablement des barrages et de pollution des eaux qui se pose. Mais de nos jours, beaucoup ont compris et sont en train de libérer les bandes de servitude. Toutefois, la sensibilisation se poursuit.

C.A. : La pomme de terre, l’oignon et la tomate occupent le premier rang de la production maraîchère de la province. Pourquoi avoir mis l’accent sur ces spéculations ?

M.O. : Ce sont les besoins des consommateurs et surtout le marché qui expliquent cette situation. Même si on nous commande des fraises, nous pouvons en produire. Donc, c’est le marché qui détermine la production. Nous avons mis l’accent sur la pomme de terre, l’oignon et la tomate car la demande est très forte à ce niveau. Par exemple, l’achat de la tomate par les Ghanéens incite certains maraîchers à en produire en quantité. Sinon nous produisons tout ce qui est spéculation maraîchère.

C.A. : Une chose est de produire, une autre est d’écouler. Quelles sont les difficultés à ce niveau ?

M.O. : L’écoulement dépend du marché. L’activité maraîchère est régie par un calendrier. Ce qui fait qu’on produit et on récolte au même moment. Alors que la loi du marché dit que quand l’offre dépasse la demande, nécessairement les prix vont baisser. C’est un défi et pour le pallier, on a pensé qu’il faut travailler à aller vers la conservation. Car, un adage de notre milieu dit que le produit maraîcher burkinabè est présent sur le marché quand on n’a pas besoin de lui et absent quand on en a besoin. Il faut donc travailler à ce qu’il soit présent en permanence sur le marché pour permettre au producteur de bénéficier des retombées de son activité. On constate que les maraîchers produisent à la même période. Les produits se retrouvent à la fois sur le marché et ça casse les prix. Dans ces conditions, si vous ne faites pas attention, vous ne pouvez pas rentabiliser. Il faut donc travailler à avoir des conserveries afin de juguler le problème. Nous avons eu la chance de tourner dans la sous-région ouest-africaine avec nos produits. Loin de nous jeter des fleurs, il faut reconnaître que les produits maraîchers burkinabè sont les plus prisés. Malheureusement, ils disparaissent trop tôt du marché parce qu’on n’a pas d’unités de conservation adéquates.

C.A. : Y a-t-il une règlementation qui fixe les prix des produits maraîchers ?

M.O. : Comme je le disais, quand on produit en abondance et qu’on a l’offre qui dépasse la demande, c’est le commerçant qui fixe les prix. Et comme nos produits sont hautement périssables, nous sommes obligés de les brader. Mais quand on stocke le produit dans des unités de conservation pendant un certain temps, la tendance change. Ce n’est plus le commerçant qui dicte le prix mais le producteur. En ce moment, on ne fait pas de la spéculation mais de la régulation. Le commerçant, tout comme le producteur sont des consommateurs. On a intérêt à réguler pour avoir le juste milieu et permettre à chacun de trouver son compte. Pour l’instant, les prix des produits nous proviennent généralement des autres pays de la sous-région, soit de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo, soit du Bénin. Avec les nouvelles technologies de l’information, on ne peut plus rien camoufler.

Sinon, avant, les commerçants trichaient sur les prix réels ; dans la mesure où ce sont eux qui nous les rapportaient. Nous travaillons à changer la donne. Désormais, ce sont les commerçants qui viendront prendre les prix avec nous. Les organisations des maraîchers, en collaboration avec la Direction générale de la promotion de l’économie rurale (DGPER), sont en train de tenter une régulation du marché mais elles sont confrontées à des difficultés. La plupart des commerçants n’aiment pas cette façon de travailler. Ils veulent toujours aller vers les achats bord champ qui les arrangent. Alors que notre approche est de travailler à récolter, à stocker avant de commercialiser. Là, on peut faire de bonnes affaires à travers des prix uniformes.

C.A. : Le plus souvent, des Ghanéens envahissent vos parcelles de production pour acheter la tomate notamment. Est-ce pour vous un avantage ou un inconvénient ?

M.O. : Cela peut être un avantage si on travaille à réorganiser le marché. Sinon, pour le moment, ce sont les Ghanéens qui fixent les prix quand ils arrivent. Dans certains pays de la sous-région, vous ne pouvez pas vous permettre d’aller fixer votre prix pour acheter un produit. Ils ont des institutions qui organisent le marché. J’ai été au Togo avec de la tomate mais je n’ai pas eu accès au marché sous le prétexte que je ne fais pas partie de la coopérative qui commercialise ce produit à Lomé. Non seulement je n’ai pas accès au marché mais, en plus, je ne peux pas garer à proximité. Même à la douane, à Cinkansé, on m’a fait payer 500 mille F CFA de taxes pour une petite cargaison, dans l’intention de me dissuader. Cela veut dire que la coopérative qui s’occupe de la commercialisation de la tomate dans ce pays est très forte et a aussi l’accompagnement de l’Etat. Alors que chez nous, c’est le laisser-aller. On ouvre les frontières pour des gens qui vont directement chez les producteurs pour prendre les produits et repartir avec. Il y a un problème à ce niveau. Il faut que nous aussi nous organisions notre marché.

C.A. : Avez-vous entrepris des démarches dans ce sens ?

M.O. : Nous l’avons fait. Mais ce que nous avons pu obtenir, c’est la mise en place de la plateforme maraîchère qui est construite à Ouahigouya. C’est une zone tampon qui aurait permis qu’il y ait une structure entre le producteur et l’acheteur et non que ce dernier aille directement dans les champs. Mais là aussi, on a des soucis parce que l’infrastructure peine à fonctionner. Généralement, au Burkina Faso, quand on construit une infrastructure publique, elle appartient à tout le monde et à personne. Ce qui fait que sa gestion pose problème.

C.A. : Effectivement, la plateforme maraîchère a été réalisée depuis 2009 et jusqu’à présent elle ne fonctionne pas. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

M.O. : C’est comme je le disais tantôt, elle appartient à tout le monde et à personne.

C.A. : Mais l’ASPMY est une structure organisée…

De l’oignon conservé par l’ASPMY dans l’un de ses magasins.

M.O. : Si. Mais il faut faire la part des choses. Même si elle est implantée à Ouahigouya, la plateforme a une envergure régionale, appartenant à quatre provinces (ndlr : Loroum, Passoré, Yatenga et Zondoma). Il devrait y avoir des mesures d’accompagnement pour pouvoir assurer son fonctionnement. Malheureusement, ces mesures n’ont pas suivi. Par exemple, si on demande à un producteur de Yako de convoyer ses produits à Ouahigouya pour qu’à partir de là l’acheteur les prenne pour repartir vers Ouagadougou, ça engendre des coûts supplémentaires. On devrait avoir une étude approfondie pour voir comment ceux de Yako et des autres localités environnantes peuvent bénéficier de la plateforme à moindre coût. On avait pensé à mettre en place des comptoirs d’achat qui devraient être équipés en matériel et en ressources humaines pour accompagner la plateforme. Mais ça n’a pas abouti. La plateforme à elle seule ne peut pas fonctionner tant qu’il n’y aura pas ces ramifications pour l’appuyer.

On a aussi mis en place un Groupement d’intérêt économique (GIE) qui regroupe un certain nombre de leaders des quatre provinces pour accompagner le fonctionnement de l’infrastructure. Mais il y a un point crucial qu’il faut souligner. La mise en place de cette plateforme a été faite à la hâte. Nous avons testé les chambres froides qui y sont pendant quelques heures et nous avons constaté qu’elles consomment excessivement le courant électrique. A cette allure, on ne pourra pas s’en sortir. Ces chambres froides ne répondent pas trop aux normes techniques. En outre, les bâtiments présentent des défaillances avec des murs fendillés ci et là. C’est pour toutes ces raisons que la plateforme a du mal à fonctionner. Toutefois, ces derniers temps, les acteurs et les partenaires s’activent à la réveiller.

C.A. : Chaque année sont organisées les journées promotionnelles des produits maraîchers à Ouahigouya. Pourquoi une telle initiative ?

M.O. : L’objectif premier est de nous faire connaître aussi bien au niveau national qu’international et de valoriser nos produits. Dans certaines localités du Burkina, si vous dites qu’on produit la pomme de terre à Ouahigouya, les gens n’y croient pas. Ils disent que les conditions ne sont pas réunies pour une telle production parce qu’il fait très chaud et qu’il ne pleut pas assez ici. Il faut qu’on montre aux yeux du monde qu’en dépit de ces aléas climatiques, nous avons de braves producteurs au Yatenga qui font des merveilles. En second lieu, nous voulons à travers ces journées promotionnelles, avoir des débouchés commerciaux.

C.A. : Avez-vous atteint les objectifs recherchés ?

M.O. : Je dirai oui, mais ce n’est pas à cent pour cent. Toutefois, on peut admettre que tout le Burkina sait maintenant que nous excellons dans le maraîchage, de même que certains pays de la sous-région. Et c’est ce qu’on recherchait. Nous envisageons faire une journée promotionnelle de nos produits, en 2022, à Ouagadougou. Tout ceci pour que l’ASPMY se hisse au niveau national. Chaque année, le GIE organisait les journées promotionnelles au sein de la plateforme maraîchère. Mais cette année, elles n’ont pas eu lieu pour raison de COVID-19. L’an passé, avec la complicité de la Chambre régionale d’agriculture (CRA) du Nord, on avait pensé organiser ces journées de façon tournante dans les quatre chefs-lieux de province. En 2020, elles devraient se tenir à Yako mais hélas, la COVID-19 a tout bloqué.

C.A. : Un autre défi est la conservation de vos produits. Quelles sont les techniques utilisées pour le faire ?

M.O. : Nous avons des techniques qui ne nécessitent l’utilisation d’aucune énergie pour conserver nos produits. C’est fait de façon naturelle. On a des entrepôts de conservation, des tables de conservation de pomme de terre, des unités individuelles de conservation d’oignon… Mais ces sites de stockage demeurent insuffisants. Si notre capacité de production tourne autour de 3 000 tonnes alors qu’on ne peut conserver que 500 tonnes, le reste sera bradé.

C.A. : Qu’est-ce qui bloque la vulgarisation de ces entrepôts de conservation ?

M.O. : Evidemment, ce sont les coûts d’acquisition. Pour la réalisation d’une unité de conservation, il faut débourser entre six et dix millions de francs CFA, selon la capacité. Ce n’est pas à la portée des maraîchers. A ce niveau, l’Etat doit s’investir en construisant des entrepôts afin de soulager les producteurs.

C.A. : Qu’en est-il de la transformation des produits maraîchers ?

M.O. : Nous avons, au sein de notre association, un groupement de transformation des produits du maraîchage. Mais, c’est une transformation en miniature où on fait du séchage et de la confiture de certains produits. Cela apporte une plus-value à nos produits mais, malheureusement, ce n’est pas fait à grande échelle. L’ASPMY vient de former 131 personnes qui vont œuvrer dans la transformation. On peut envisager l’installation d’une unité de transformation à Ouahigouya, à condition qu’il y ait des mesures d’accompagnement. Il faut que la matière première soit disponible en abondance et en permanence. Sinon l’unité va fonctionner pendant trois à quatre mois et après, s’arrêter.

C.A. : Comment voyez-vous l’avenir du maraîchage dans votre zone ?

M.O. : L’activité maraîchère a un bel avenir. Les gens n’auront pas le choix que de travailler la terre. La pression sur le foncier sera encore rude. On aura davantage de diplômés qui vont s’adonner au maraîchage et ce sont eux qui vont le révolutionner. Il y a un adage qui dit que la terre ne ment pas. Donne-lui et elle t’en donnera en retour. C’est donc un avenir prometteur que le maraîchage a.

Seulement, la question foncière n’est pas à négliger. Même s’il y a lieu de relire la Réforme agraire et foncière (RAF), il faut qu’on trouve des créneaux pour rassurer tous ceux qui vont investir dans la terre qu’ils le font sans risque. Je suis sûr que tous ceux qui sont allés vers d’autres horizons reviendront à la terre.
Il faut aussi que le gouvernement mette en place une politique pour promouvoir le maraîchage à l’image de ce qui se passe dans certains pays côtiers. Sinon, si ceux qui constituent notre marché potentiel arrivent à mieux produire que nous, nous ne saurons plus vers quel pays nous écoulerons nos produits.

Entretien réalisé par Mady KABRE