Les dangers des pesticides

L’usage des pesticides au Burkina Faso présente d’énormes dangers pour l’homme et pour l’environnement. On entend par pesticide, une substance, le plus souvent chimique visant à détruire une ou plusieurs espèces d’êtres vivants. Les plus répandus sont les herbicides, les insecticides et les fongicides (contre les champignons).

Il existe cependant beaucoup d’autres variétés de pesticides : contre les rongeurs, les corbeaux, etc. Des produits prohibés qui sont cependant utilisés à tout bout de champ par les agriculteurs, parfois sans la moindre précaution. Ceux-ci ignorent, ou feignent ignorer, les dangers qu’ils encourent.

Car, même avec une faible exposition, les pesticides peuvent avoir de graves conséquences sur l’organisme, comme provoquer l’infertilité masculine, des cancers, mais aussi atteindre gravement les fœtus. Les pesticides peuvent en effet provoquer des avortements spontanés ou des malformations fœtales inimaginables. Leurs dangers sur l’environnement sont tout aussi nombreux.

En plus de tuer l’espèce visée, ils peuvent contaminer et tuer les autres acteurs de la chaîne alimentaire. Les oiseaux, par exemple, sont très souvent atteints par ces produits nocifs en mangeant des insectes contaminés. De nombreux cas d’intoxication aiguë aux pesticides, parfois mortels, ont aussi déjà été décelés en milieu agricole, où l’exposition aux pesticides est la plus importante.

De plus, les pesticides polluent l’air que nous respirons, et cela peut être le cas des réserves d’eau, au point de rendre cette dernière non potable. Il existe pourtant des alternatives efficaces aux pesticides chimiques, sans danger pour la santé et l’environnement, comme les pesticides bio.

Mais les agriculteurs semblent méconnaitre leur existence. Alors que les adopter serait plus que bénéfique pour l’homme et la nature. D’ailleurs, la loi N°026-2017/AN portant contrôle de la gestion des pesticides au Burkina Faso est claire. Elle stipule par exemple : « sont interdits sur le territoire du Burkina Faso, la production, l’importation, le transport, l’exportation, le transit, la vente, la mise en vente, la détention, la distribution à titre gratuit et les prestations de service portant sur les pesticides ne faisant pas l’objet d’une homologation ou ne bénéficiant pas d’une Autorisation provisoire de vente (APV)…»

Plus loin, cette même loi dit explicitement que l’exercice de la profession de producteur, d’importateur, de distributeur, de revendeur, d’applicateur, d’exportateur, de transporteur de pesticides est subordonné à l’obtention d’un agrément délivré par le ministre en charge du commerce après avis de celui en charge de l’agriculture.

En théorie, c’est cela, mais dans les faits, la situation est tout autre. Le contrôle à l’importation, à l’exportation et au transit qui est censé être effectué aux postes-frontières terrestres, aéroportuaires, ferroviaires par les agents du ministère en charge de l’agriculture, dénommés agents assermentés chargés du contrôle des pesticides, n’est pas toujours au rendez-vous et des produits non adaptés à l’agriculture inondent le territoire.

Même si nous ne devons pas perdre de vue que certains commerçants usent de tous les subterfuges possibles pour contourner les postes de contrôle, les failles du système de contrôle y sont pour quelque chose. A cela, il faut ajouter les actes de corruption qui ont pignon sur rue au pays dit des hommes intègres. Il urge donc que l’on redouble d’effort dans la sensibilisation et la répression pour espérer mettre la population, la faune et ce qui nous reste de flore à l’abri des nombreux dangers de ces produits dont on ignore souvent la provenance.

Daniel ZONGO

danielzong62@yahoo.fr