Indépendance financière : la diversification des revenus préconisée

Yann Amon : « avoir aujourd’hui une seule source de revenus est suicidaire ».

La plupart des gens font de leur travail la seule et unique source de revenus. Ce serait manquer de vision selon Yann Amon, directeur général de RAD immobilier et Philomon Nikiéma, fondateur-associé de Services intelligence Afrique-Campus des Impacteurs/Burkina. Pour eux, il est vital de diversifier ses revenus et d’investir pour avoir de la richesse. Ils l’ont fait savoir à travers l’Apéro business Ouagadougou1, tenu le samedi 25 mars 2023 sous le thème «Diversifier ses revenus et investir».

La salle de conférence de l’hôtel le Prestige a été le point de convergence de jeunes en cette matinée du 25 mars 2023. La raison, participer à l’Apéro business Ouagadougou1 dont l’initiateur est Yann Amon, de nationalité ivoirienne, directeur général de RAD immobilier. A travers son réseau Yann Amon Business Club (YABC), il donne des conseils, des formations, des opportunités de vente et d’acquisition de biens immobiliers.

Pour cet événement, lui et Philomon Nikiéma, burkinabè, spécialiste en planification et management de l’éducation, fondateur-associé de Services intelligence Afrique-Campus des Impacteurs/Burkina ont échangé avec le public sur la nécessité de « diversifier ses revenus et d’investir». Yann Amon, avant d’entrer dans le vif du sujet, a signifié à son auditoire, en majorité jeune, que l’argent ne doit pas être un sujet tabou et qu’on doit être à l’aise lorsqu’on en parle. Il a fait allusion à un passage dans la Bible qui indique qu’« il est plus facile pour un chameau d’entrer par le trou d’une aiguille que pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux».

L’expert en immobilier invite les uns et les autres à bosser pour devenir riches. Sur le sujet «Diversifier ses revenus et investir», il annonce que se contenter d’un seul revenu est égoïste et irresponsable. « Avoir aujourd’hui une seule source de revenus est suicidaire», pense Yann Amon. Pour lui, il existe de nombreuses manières d’obtenir des revenus complémentaires qui sont au nombre de cinq. On distingue les revenus fixes.

C’est le revenu qui tombe à la fin de chaque mois, à croire M. Amon. Il est obtenu en échange d’un travail ou d’un emploi. C’est le cas des loyers. Puis viennent les revenus variables. Il s’agit des commissions pour les commerciaux, les apporteurs d’affaires… Hormis les pots de vin, ce sont des gains légaux qu’on apprend à gérer. D’autres types de revenus dont a parlé le communicateur sont les revenus de portefeuille qui sont des actions qui génèrent des revenus.

C’est par exemple investir en bourse, acheter un terrain et revendre avec une plus-value. C’est aussi investir une somme dans un actif avec la volonté de le revendre avec une plus-value. On peut également diversifier ses revenus en ayant des revenus passifs. Pour Yann Amon, ce revenu génère de l’argent sans qu’on ne soit en activité.

Contrairement au salaire, on le fait une fois et il apporte de l’argent. C’est par exemple écrire un livre. Le 5e type de revenu dont il a fait allusion, sont les revenus infinis. On les obtient sans que notre argent ne soit directement dépensé. Il peut être généré par la location d’une maison acquise grâce à un crédit immobilier.

La nécessité d’épargner

L’auditoire a appris à l’école des experts qu’en économie, il n’y a pas d’état d’âme ».

Une partie de ces revenus doit servir à l’épargne qui fait de la richesse. Pour le communicateur, on ne peut obtenir de la richesse, sans épargne. « L’épargne est la transition entre le revenu et la richesse. Ce n’est pas le fait d’épargner qui rend riche ; ce n’est pas non plus ce que l’on gagne qui rend riche. Ce qui rend riche, c’est ce que l’on fait de ce que l’on gagne, de ce qu’on épargne», dit-il.

La stratégie d’épargne est la discipline. On doit comprendre l’urgence de mettre de l’argent de côté dans le but d’investir. A l’écouter, les gages d’un bon investissement sont, entre autres, le choix d’un horizon de temps (qui peut être un investissement à court, moyen et long terme), de son canal préféré d’investissement (la bourse, l’immobilier, l’or…). Reconnaitre les arnaques, investir dans son réseau et dans sa formation font également partie des gages de l’investissement.

Tout comme M. Amon, Philomon Nikiéma pense que celui qui vit d’un seul revenu manque de sagesse et ignore que sa seule source de revenus peut disparaître du jour au lendemain. « Celui qui vit d’une seule source de revenus est généralement égoïste… Il ne pense qu’à lui et ne se préoccupe pas de ce qu’il devrait faire pour les autres», affirme M. Nikiéma. Il croit que la diversification des revenus n’est pas un idéal, mais une nécessité, un acte moral. Il va plus loin en disant que diversifier ses revenus et investir est aussi un acte de dévotion.

«Les religions enseignent d’être humbles. Et pour être humble, il faut commencer par être grand. Les pauvres gens ne peuvent pas faire preuve d’humilité», explique-t-il. « Diversifier ses revenus et investir est enfin un acte de libération», soutient le communicateur. Il pense que travailler pour autrui à cause de l’argent est une situation de servitude. «C’est le choix de ne laisser aucune empreinte de son existence. La seule manière de se libérer de la servitude, c’est entreprendre et faire en sorte que finalement, votre argent travaille pour vous-même», déclare-t-il.

L’entreprenariat dont il fait allusion repose sur plusieurs principes dont la solidité et le réseautage. Il estime qu’un entrepreneur doit être émotionnellement solide en ayant confiance et bonne estime de soi. En plus, celui-ci doit fuir les environnements passifs et créer son réseau de succès en s’entourant d’associés et de mentors. Pour réussir en entreprenariat la progressivité dans la vision est l’un des principes recommandés. C’est commencer petit et devenir grand. Par le principe de la responsabilité et de l’excellence, l’entrepreneur assume et s’assume.

Il cherche à être le meilleur dans son domaine d’activité. Avec Philomon Nikiéma, l’intelligence financière est le poumon, le pilier de l’intelligence humaine. Parlant de son expérience personnelle et en tant que fonctionnaire d’Etat, il confie être entré en entreprenariat sur la base de deux convictions : « le bon citoyen se demande ce qu’il peut faire pour son pays. Le mauvais se demande ce que son pays peut faire pour lui. Je suis personnellement redevable à mon pays.

Quelle que soit la bonne foi de l’Etat, il ne peut pas combler tous mes besoins financiers et économiques parce que ses ressources sont limitées et ses défis sont énormes». C’est pourquoi, il conseille à chacun de compter sur soi-même. La création d’une entreprise repose sur trois capitaux principaux. Ce sont, en plus des compétences professionnelles et des ressources, le talent qui est une aptitude innée. Il croit que «derrière chaque problème de société se cache l’idée d’une entreprise.

Comme derrière toute maladie se cache l’idée de recherche d’un médicament. C’est pourquoi, l’entreprise va bien quand tout va moins bien dans la société. Etre entrepreneur, c’est donc finalement être au service des autres pour être au service de soi-même».

Investir dans l’immobilier

Le public a voulu connaitre les pièges à éviter pour démarrer une entreprise.

Pour Yann Amon, l’une des voies qui conduit à la création de la richesse est l’investissement immobilier. Lui, qui fait partie des premiers acteurs qui, depuis quelques années, travaillent à rendre l’immobilier largement accessible en Côte d’Ivoire. Avec une somme d’expériences, il donne quelques solutions et recommandations pour investir dans ce domaine.

A ce titre, il évoque l’information comme la première chose à faire. L’expert conseille de partir à la recherche des informations sur les devanciers, les acteurs travaillant dans le domaine et la législation en vigueur. Il s’agit pour lui de se créer un réseau des différents acteurs que sont les promoteurs, les agences, les démarcheurs… A en croire l’initiateur de YABC, pour réussir, il faut forcement passer aussi à l’action. C’est-à-dire faire, chaque jour, le tour de la ville ou du quartier pour recenser les maisons à louer, prendre attache avec les propriétaires.

Se positionner comme un acteur de confiance et chercher à sécuriser les offres. Les principales préoccupations du public ont porté sur les stratégies de la sécurisation du premier emploi et comment éviter les surprises. Les deux experts sont unanimes sur la nécessité de garder l’emploi principal tout en se lançant dans la nouvelle activité. Pour eux, il est indispensable de sécuriser le premier emploi. Ils déconseillent de ne pas se lancer en plein temps, si on n’a pas commencé à générer des revenus.

«Lorsqu’on parle de diversifier ses revenus, ce n’est pas diversifier les efforts, ce n’est pas se disperser », prévient le DG de RAD. « Il est interdit de créer un business parallèle, concurrent à celui de l’employeur. Ou faire une activité qui vous amène à baisser votre rendement au service», avertit le fondateur-associé de Services intelligence Afrique-Campus des Impacteurs/Burkina. Afin de se mettre à l’abri d’éventuelles surprises désagréables, l’expert ivoirien avise.

Par exemple, avant la création d’une entreprise, il est utile de mener l’activité d’abord. On ne fait pas par exemple l’immobilier en dehors de l’immobilier. A l’écouter, la plupart de ceux qui réussissent en immobilier sont des gens qui choisissent un positionnement en optant de faire de la location ou de la vente. Pour minimiser les risques, il conseille à toute personne qui veut entreprendre dans ce domaine de prendre attache avec les devanciers. S’approcher des autorités, des spécialistes du foncier, se faire accompagner par des professionnels comme les avocats, les huissiers…

Quant à l’expert burkinabè, il estime que si on veut être gagnant, on envisage les échecs comme des succès, une somme d’expériences. Le piège à ne pas perdre de vue est la confusion entre l’économique et le social. «Les gens commandent l’entreprise comme s’ils faisaient du social. Ils partent sur le principe de la famille, de l’amitié… Ils ne prennent pas suffisamment de précautions pour se prémunir des échecs. En économie, il n’y a pas d’état d’âme», déplore-t-il. « Mais si l’échec arrive, ce n’est pas un échec, c’est une expérience», conclut-il.

Habibata WARA