Présidentielle américaine de 2024 : le remake de 2020 en perspective

On pourrait assister à une sorte de « match retour » entre Donald Trump et Joe Biden.

Le 25 avril dernier, le président américain, Joe Biden, bientôt 81 ans, annonçait sa candidature à l’élection présidentielle de novembre 2024. 72 heures plus tard, c’est au tour de son prédécesseur, Donald Trump, candidat déjà déclaré, de promettre battre l’actuel président lors du scrutin. On assisterait alors à la même confrontation entre les deux hommes, lors de la présidentielle de novembre 2020, avec la victoire de la première cité que le second a eu du mal à accepter.

«Je suis candidat à ma réélection ». C’est par un message vidéo publié sur Twitter, s’ouvrant sur des images de l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, que Joe Biden a annoncé sa candidature. Une annonce qui a surpris dans certains milieux, au vu de son âge. A son élection à la Maison Blanche en novembre 2020, il affichait déjà 78 ans, ce qui faisait de lui, le président le plus âgé des Etats-Unis, et les Américains n’avaient jamais élu un président aussi vieux.

Pour ses futurs adversaires, il ne fait point de doute que l’âge avancé du président-candidat sera un argumentaire qui sera abondamment utilisé en son encontre. Déjà que sa cote de popularité n’est pas des plus reluisantes. Mais l’argument de l’âge ne semble pas préoccuper l’actuel locataire de la Maison Blanche. Le président s’est soumis, en novembre 2021 puis en février 2023, à des bilans de santé qui ont conclu qu’il était « en bonne santé ». En plus, Joe Biden affiche une certaine endurance, en faisant face aux crises internationales en menant de grandes réformes.

Pour montrer ce côté endurant, il s’est déplacé himself à Kiev en Ukraine, pour jouer son rôle d’architecte de la riposte du monde occidental contre l’invasion russe en Ukraine. C’est aussi avec pugnacité qu’il ne cesse de rappeler les très ambitieuses réformes adoptées à son initiative pour réindustrialiser l’Amérique, attirer les technologies de pointe, accélérer la transition énergétique, rénover les infrastructures et donner un peu d’air, comme il le dit souvent à la classe moyenne.

Reste que dans un pays où l’image est tout, où un candidat se doit de déborder de vitalité, le président ne peut cacher son âge. On peut voir que son allure est plus précautionneuse, son élocution parfois brouillonne et a des moments de confusion dont l’opposition républicaine s’empare pour mettre en doute son acuité mentale. Mais Joe Biden sait aussi que, selon les sondages, la candidature de son prédécesseur Donald Trump, 76 ans, et officiellement en course depuis novembre dernier, n’enthousiasme pas plus que la sienne.

Le président sortant compte également sur son bilan et sur la santé florissante de l’économie et de l’emploi. Mais la réalité est que beaucoup de ménages américains se débattent avec une forte poussée d’inflation. Celui qui avait fait campagne en 2020 pour « sauver l’âme de l’Amérique » devrait cette fois insister davantage sur la dimension sociale et économique de son projet et espérer remporter devant Donald Trump, comme en 2020.

Inculpé et toujours tenace

Tenant son premier meeting de campagne depuis son inculpation historique par un tribunal de New York, l’ancien locataire de la Maison Blanche a promis, devant ses partisans, d’écraser Joe Biden. Donald Trump s’est ensuite lancé dans une imitation de Joe Biden laissant même entendre que le dirigeant octogénaire était « sénile ». Il a utilisé des mots assez durs pour dénoncer le bilan de son successeur. Pour lui, l’Amérique d’aujourd’hui est un pays plongé dans la violence et la criminalité, écrasé par l’inflation et où les banques s’effondrent.

Il estime qu’en 2024, l’Amérique aura le choix entre le succès ou l’échec, la sécurité ou l’anarchie, la prospérité ou la catastrophe. Le duel de la présidentielle de 2020 qui avait opposé les mêmes acteurs se profile à l’horizon. Mais cette fois, le candidat républicain a été inculpé par un tribunal de New-York. Il lui est reproché d’avoir enfreint des règles de financement électoral en falsifiant l’argent versé à une maîtresse l’actrice porno Stormy Daniels.

On peut penser que cette affaire judiciaire prévue pour être jugée en début de l’année prochaine, peut être handicapante pour l’ancien président. Mais selon des spécialistes du Droit américain, même une condamnation ne pourra pas l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de novembre 2024. Politiquement, l’inculpation a déjà eu pour effet de replacer Trump sur le devant de la scène. Il y a encore quelques semaines, sa campagne avait du mal à démarrer.

Reclus dans sa luxueuse propriété de Mar-a-Lago, entre parties de golf et dîners privés, Trump peinait à susciter l’attention du public et semblait oublié par les médias. Sa mise en examen a relancé sa campagne et a rassemblé l’électorat républicain derrière lui. Mais pour le milliardaire qui veut revenir au pouvoir, il va falloir gagner les primaires du Parti républicain, étape cruciale avant d’affronter son adversaire déclaré. Au rang des concurrents potentiels de Trump, figure le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, 44 ans, même si pour l’heure, ce dernier ne s’est pas déclaré.

Il y a aussi l’autre étoile montante du parti républicain, Nikki Haley, 51 ans, aussi en campagne. Elle appelle à faire émerger une nouvelle génération de leaders politiques dans son pays et réclame des tests de capacités intellectuelles pour tous les responsables politiques de plus de 75 ans. Joe Biden et Donald Trump sont manifestement dans son viseur.

Gabriel SAMA