Mécanisation agricole : une condition sine qua non pour booster les rendements

Malgré la subvention de l’Etat, le tracteur reste de loin inaccessible à tous les producteurs.

En vue d’atteindre les objectifs fixés dans le cadre de l’offensive agropastorale et halieutique, les producteurs des régions des Cascades et des Hauts-Bassins ont souhaité acquérir des outils modernes de travail.

Sur les plaines aménagées de Bama (Hauts-Bassins) et de Douna (Cascades), la mécanisation intégrale n’est pas encore une réalité. Des outils rudimentaires tels que la daba, la faucille, les vans…, côtoient toujours les quelques tracteurs, les moissonneuses batteuses ou les motoculteurs. Dans les rizières notamment, ces outils archaïques ont pignon sur rue. Nombre de producteurs utilisent la daba pour les semis et le sarclage et la faucille pour la récolte.

Le matériel de post-récolte fait aussi défaut. Les bâtons et les vans interviennent le plus souvent dans le battage et le vannage du riz. « Sincèrement dit, nous n’avons pas d’outils. Généralement, nous travaillons avec les mains », atteste le Secrétaire général (SG) de l’union des coopératives de la plaine aménagée de Douna-Niofila, Abdoulaye Kara. A ce qu’il dit, ce sont les dabas, les charrues et les bœufs qui constituent les « armes » couramment utilisées pour produire.

« C’est un grand souci pour nous », déplore-t-il. Concernant les moissonneuses ou les batteuses, M. Kara révèle que seuls ceux qui ont les moyens peuvent les louer pour travailler. A Bama, les mêmes préoccupations se posent chez les producteurs de la plaine. Même si une moissonneuse batteuse est déjà acquise, elle est largement insuffisante pour près de 1 400 producteurs.

Le président de l’union des producteurs de riz de Bama, Zoumana Sanou, indique que depuis la création du périmètre irrigué de la vallée du Kou, il y a plus de 50 ans, les outils archaïques sont toujours d’actualité. C’est pourquoi, il plaide pour que l’on relève le niveau de la mécanisation agricole sur leur plaine. Les mêmes doléances sont formulées par Abdoulaye Kara de Douna. Car, à l’écouter, l’atteinte des objectifs fixés par l’offensive agropastorale et halieutique passe nécessairement par cette mécanisation.

Des équipements attendus pour 2024

De nos jours, informe l’agronome du Projet d’aménagement et de valorisation de la plaine de la Léraba (PAVAL), Boureima Kafando, ledit périmètre dispose d’un tracteur mais il ne peut pas travailler sur tous les sites. « Comme le périmètre irrigué est ancien, on ne peut pas manœuvrer le tracteur pour entrer dans les parcelles. Néanmoins, il travaille sur les hauteurs », précise-t-il. M. Kafando ajoute que dans le cadre de l’ancien projet, des motoculteurs ont été acquis, mais ils sont actuellement défectueux.

C’est pourquoi, dans le cadre de la mise en œuvre de l’offensive agropastorale, le PAVAL prévoit de renouveler ces équipements au profit des producteurs. En effet, dévoile l’agronome, trois tracteurs, dix motopompes, cinq repiqueuses de riz, cinq batteuses et cinq égreneuses seront acquis en 2024. En vue d’une bonne gestion de ces équipements, confie M. Kafando, il est prévu l’installation d’une Coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) au sein des bénéficiaires.

En outre, mentionne le Directeur régional (DR) en charge de l’agriculture des Hauts-Bassins, Eric Pascal Adanabou, des équipements agricoles sont en cours d’acquisition pour le compte de sa région. Il s’agit notamment des motopompes, des charrues, des motoculteurs, des tracteurs, etc. Au niveau de la région des Cascades, les attentes sont aussi nombreuses en termes de mécanisation agricole. La DR chargée de l’agriculture, Haoua Yaro, dit avoir besoin de tracteurs, de motoculteurs, de motopompes, de tubes PVC, etc. pour permettre aux producteurs d’être plus efficaces dans leurs activités.

Et ce matériel, elle souhaite l’avoir à temps pour le bonheur des bénéficiaires. Une usine de montage de tracteurs et d’autres petits matériels agricoles est déjà fonctionnelle à Bobo-Dioulasso. Elle permet à l’Etat d’offrir des outils modernes aux producteurs à prix subventionnés. A travers cette vision, le Burkina Faso compte relever le niveau de sa mécanisation agricole à 75% à l’horizon 2025.

Mady KABRE