En ce samedi 17 mai 2025, le Burkina Faso et le monde ont rendu hommage à l’ancien Président Thomas Sankara et ses douze compagnons, sur le site du Conseil de l’Entente, où ils ont été assassinés, dans l’après-midi du jeudi 15 octobre 1987, en inaugurant un mausolée digne de leur mémoire. Une initiative portée par les plus hautes autorités du pays et unaniment saluée.
Toutefois, après l’apparat et le symbole, il faut désormais regarder l’avenir. Car ce mausolée, aussi majestueux soit-il, n’est que le commencement d’un rêve plus grand. Le processus de réhabilitation de la mémoire et d’immortalisation du père de la Révolution du 4-Août attend encore que des consciences s’éveillent davantage et que des engagements prennent forme.
Dans sa globalité, le Projet de construction des infrastructures du Mémorial Isidore Noël Thomas Sankara (PCIM-INTS) ne se résume pas à l’édifice principal que le monde vient de découvrir avec solennité et admiration. Il ambitionne bien davantage : une tour de 87 mètres, une Maison des mémoires, un musée, une bibliothèque et une médiathèque, une salle d’exposition, un Flambeau de la révolution, une salle polyvalente, des ateliers d’innovation, des boutiques, restaurants, un téléphérique, des statues et le Parc Thomas Sankara ainsi que cinq espaces aménagés.
Bref, il vise à ériger un sanctuaire vivant pour les valeurs prônées par l’un des Héros les plus emblématiques de la Nation et de l’Afrique.
Le coût global du projet est estimé à 177,5 milliards de francs CFA et l’Etat
burkinabè s’est engagé à hauteur de 60 %.
Il reste 40% à mobiliser. Voilà la réalité de la perspective d’achèvement d’un projet qui devrait tenir en haleine tout un peuple et tout un continent ainsi que leur diaspora dans le monde.
En effet, si le Burkina Faso a assumé la construction du mausolée, il faut rappeler tout de même que le projet de Mémorial n’est pas un simple chantier national, encore moins un projet de prestige. Il s’agit d’une entreprise collective d’immortalisation d’un homme qui, par son exemple, sa pensée et sa droiture, a franchi les frontières physiques et idéologiques pour devenir une icône mondiale dans le combat pour la dignité humaine et la justice sociale. Il revient désormais aux peuples d’Afrique, de la diaspora, des partenaires et des citoyens du monde, d’achever ce qui a commencé.
A ce moment précis, chaque geste, chaque franc, chaque soutien compte. Si chacun agit selon ses convictions, avec sincérité et constance, la suite du Mémorial verra le jour. Thomas Sankara va continuer de vivre non pas seulement dans la pierre et le bronze, mais dans les actes concrets. Son héritage, ainsi sauvegardé, sera un tremplin pour promouvoir perpétuellement ses idéaux. Ce projet est donc aussi spirituel que matériel, politique que culturel, universel que local.
Et si l’Afrique veut vraiment se réapproprier ses Héros, si elle veut inscrire son histoire dans le marbre du temps, alors elle ne peut rester spectatrice. Elle doit s’emparer de ce chantier avec la même ardeur que Thomas Sankara a mise dans son combat pour la justice et la souveraineté au péril de sa vie. Les Sankaristes, de tout bord, doivent se lever, sortir du discours et entrer en action. Bâtir le Mémorial, c’est refuser l’oubli.
C’est poser un acte patriotique, politique, culturel, moral et même philosophique. C’est témoigner à la face du monde que la lutte âprement menée par le Président Thomas Sankara, pour rétablir la dignité de l’Afrique, n’est pas morte, le 15 octobre 1987. Mais qu’elle continue, se renouvelle et prend racine. Sankara est immortel, dit-on. L’immortalité ne se proclame pas seulement : elle se construit, elle s’entretient, elle se finance.
Il appartient à chacun d’en prendre la mesure.
La Patrie ou la mort, disait-il. Aujourd’hui, la Patrie appelle à la vie de ce projet conçu pour transcender les temps, les générations, les frontières. A la vie de sa mémoire. A la vie de ses idéaux. Il revient au Burkina Faso, à l’Afrique, à la diaspora … à l’humanité de répondre présent. Maintenant !
Par Assetou BADOH