Un chemin parsemé d’embuches

Si un calme plat régnait sur Bangui la capitale Centrafricaine, le lundi 21 février 2022, les réseaux sociaux, par contre, avaient un autre visage. En effet, la toile s’est enflammée suite à la diffusion des images sur une « tentative d’assassinat » du président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra. Les mis en cause, pour ce crime de lèse-majesté, sont quatre militaires français de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) à l’aéroport de Bangui.

Ils ont été interpelés par la gendarmerie et depuis lors, les commentaires vont bon train. Toute chose qui a suscité une réaction de l’ambassade de France à Bangui qui dénonce une « désinformation grossière ». Pour elle, ces quatre officiers de sécurité escortaient avec leur équipement professionnel le chef d’état-major de la Force de la MINUSCA, le général français Marchenoir, pour un voyage. Pendant ce temps, l’aéroport de Bangui était sous haute surveillance, car l’avion du président centrafricain, de retour d’une visite à l’étranger, devait incessamment atterrir. Pur hasard de calendrier ou un acte prémédité de porter atteinte à l’intégrité physique du chef de l’Etat? Pour l’heure, le gouvernement centrafricain se refuse à tout commentaire. Mais, cette nouvelle situation pourrait envenimer les relations déjà délétères entre les deux pays.

Depuis que la Centrafrique a tourné le dos à son ex-pays colonisateur au profit des troupes paramilitaires russes Wagner pour la sécurisation de son espace, les deux pays se regardent en chiens de faïence. Ces derniers temps, le pays de Touadéra est à couteaux tirés avec une mission d’enquête onusienne sur la situation des droits de l’homme en RCA. L’expert des Nations unies commis à la tâche, Yao Agbetse, a dénoncé les entraves au travail des enquêteurs par les agents de sécurité russes et les forces armées de la Centrafrique sur plusieurs sites. Une position désavouée par certains centrafricains qui voient d’un mauvais œil cette mission. Car pour eux, l’ONU en huit ans de présence en RCA n’a pas réussi à exorciser le mal tandis que les résultats sont plus tangibles avec Wagner en moins de deux ans de collaboration. Ce regain de tension cache mal le bras de fer que se livrent à distance les puissances étrangères pour le partage des ressources de l’Afrique. A supposer que la piste de tentative d’assassinat soit plausible. Cela pourrait sous-entendre que la France tenterait de reprendre du poil de la bête. Dans le cas contraire, l’on pourrait penser que la Centrafrique s’inscrit toujours dans sa volonté de se retirer définitivement de l’emprise française au profit de la Russie.

Le cas centrafricain semble être l’exemple suivi par le Mali où les forces Barkhane et Takuba ont été sommées de débarrasser le plancher. Au regard des intérêts en jeu, ces formes de croc-en-jambe risquent d’être le sport favori de ces grandes puissances dans ces deux pays. Autant dire que les peuples maliens et centrafricains ne doivent pas se réjouir si vite car le chemin d’un retour à l’ordre normal est encore parsemé d’embuches. Ils doivent se rendre à l’évidence que même s’il faut compter sur des partenaires extérieurs, il leur serait préjudiciable de mettre sous le boisseau la contribution nationale dans cette guerre contre l’hydre terroriste. A ce propos, l’exemple algérien en est une parfaite illustration et fait tache d’huile. Pour venir à bout des groupes islamiques armés, ce pays a eu la lumineuse idée d’impliquer les populations civiles en les armant en août 1994. Ce choix éclairé a été pour l’Algérie, l’arme fatale pour mettre en déroute l’ennemi et restaurer l’intégrité de son territoire.

Abdoulaye BALBONE

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