37 ans après sa mort, le capitaine Thomas Sankara, cheville ouvrière de la Révolution burkinabè, reste vivace dans l’esprit de la jeunesse burkinabè, mais aussi plus généralement en Afrique. Le 15 octobre de chaque année, une cérémonie de dépôt de gerbes de fleur est organisée en sa mémoire.
15 octobre 1987-15 octobre 2024. Cela fait 37 ans jour pour jour que le père de Révolution burkinabè était assassiné avec 12 de ses compagnons. Cependant, sa vision, sa politique de gouvernance inspire toujours au Burkina et ailleurs en Afrique. Anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste, Thomas Sankara est le père de la Révolution démocratique et populaire, proclamée, le 4 août 1983, lors de sa prise de pouvoir.
Pour revenir sur sa biographie, Thomas Isidore Noël Sankara est né, le 21 décembre 1949 à Yako, dans la province du Passoré. De l’homme, l’on peut retenir, entre autres, qu’il s’est formé à l’académie militaire d’Antsirabe, à Madagascar d’où il sort officier. De retour en Haute-Volta, en 1973, avec le grade de sous-lieutenant, il est affecté à la formation des jeunes recrues. En 1974, il s’illustre militairement lors de la première guerre entre le Mali et la Haute-Volta. En 1976, il est commandant du Centre national d’entraînement commando (CNEC), situé à Pô, dans la province du Nahouri.
Mu par l’esprit révolutionnaire, il fonde avec des amis et camarades politiques comme Blaise Compaoré, Henri Zongo, Jean-Baptiste Boukary Lingani, le Regroupement des officiers communistes (ROC). Thomas Sankara est nommé en septembre 1981, secrétaire d’Etat à l’information dans le gouvernement du colonel, Saye Zerbo, sous le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN), avant de démissionner. Le 7 novembre 1982, un coup d’Etat contre le CMRPN porte au pouvoir le médecin-commandant, Jean-Baptiste Ouédraogo. Sankara devient Premier ministre en janvier 1983.
Le 17 mai de la même année, il est limogé et mis en résidence surveillée. Le 4 août 1983, à la tête d’une colonne militaire de la garnison de Pô, Blaise Compaoré, prend le pouvoir. La Révolution démocratique et populaire (RDP) est proclamée. Son organe dirigeant est le Conseil national de la Révolution (CNR). Le capitaine Thomas Sankara devient Président du CNR, chef de l’Etat. Les Comités de défense de la Révolution (CDR) sont institués. Au premier anniversaire de la Révolution, il change le nom du pays, son hymne et son drapeau. La Haute-Volta devient ainsi le Burkina Faso ou « Pays des Hommes intègres ».
La Fière volta (ancien hymne) est remplacé par le Ditanyè ou « Hymne de la victoire ». En 1986, il appelle à l’unité contre l’impérialisme, le néo-colonialisme et la domination étrangère pour bâtir un Burkina libre, digne et intègre. Dans un contexte de dissensions profondes au sein du CNR, Thomas Sankara est assassiné lors d’un coup d’Etat qui porte le capitaine Blaise Compaoré au pouvoir, le 15 octobre 1987. Après des décennies de bataille judiciaire, son procès et ses douze compagnons s’est ouvert, le 11 octobre 2021, et s’est refermé, le 10 mai 2022, avec le délibéré sur les intérêts civils. Un mois plus tôt, le 6 avril, trois des quatorze accusés avaient été condamnés à la prison à perpétuité dont l’ancien Président Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando.
Icône panafricain, Thomas Sankara a été élevé au rang de héros de la Nation et un monument (Mémorial Thomas-Sankara) érigé sur les lieux de son assassinat lui a été dédié. Et, 37 ans après sa mort, l’idéal sankariste continue toujours de marquer le peuple burkinabè et les nouvelles autorités qui s’inspirent de sa vision et de son idéal politique dans leur gouvernance. Pour lui rendre hommage, une cérémonie de dépôt de gerbes de fleur a lieu chaque 15 octobre au Mémorial Thomas-Sankara, sous la présidence des plus hautes autorités.
Synthèse de Soumaïla BONKOUNGOU