Le potentiel des cultures orphelines

Les cultures orphelines sont des spéculations qui suscitent très peu d’intérêt chez les chercheurs. Ce qui n’a pas permis de les améliorer significativement sur le plan rendement ou qualité nutritive. Selon des études, six pour cent seulement de la recherche privée sur les semences sont consacrés à des produits susceptibles d’améliorer les revenus des petits agriculteurs ou des exploitants les plus pauvres ; parmi ces produits figure une longue liste de cultures orphelines. C’est en ce sens que l’ex-directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Jacques Diouf, a déclaré que ni le secteur public ni le secteur privé n’ont investi de sommes importantes dans les nouvelles technologies génétiques en faveur des cultures orphelines comme le mil et le sorgho qui sont fondamentales pour l’alimentation et la subsistance des populations les plus pauvres.

Alors que les chercheurs estiment qu’un appui international aux efforts de recherche et de développement à propos des cultures orphelines, de l’amélioration des races de bétail locales et des variétés et méthodes adaptées au climat permettrait aux pays pauvres et vulnérables de renforcer leur sécurité alimentaire. Selon eux, les avantages indirects liés à la recherche sur ces cultures orphelines, comme le sorgho, le millet, le manioc, les ignames et les légumineuses, ainsi que sur les petits ruminants, sont nombreux.

Au constat, l’on remarque qu’en la matière le Burkina Faso est un peu en avance, comparé à d’autres pays. Les chercheurs burkinabè ont en effet développé des variétés améliorées de niébé et de maïs, pour ne citer que ces deux produits.

Dans le cadre de la coopération, la république populaire de Chine a mis à la disposition du Burkina Faso un centre de recherche sur le mil, inauguré le 8 septembre 2020 dans la commune rurale de Loumbila. Une infrastructure qui servira de cadre de recherche scientifique sur le mil. La création de ce centre vise à améliorer les performances du secteur semencier du Burkina en général et à promouvoir celui du mil en particulier. De ce centre de recherche, il est attendu la mise à disposition des agriculteurs, la variété SUPERSOSATE. Une variété résistante qui s’adapte aux aléas climatiques. En matière de productivité, elle donne à l’hectare, en moyenne trois tonnes.

Parmi les variétés de maïs hybrides, on peut citer «Komsaya», «Kabako», «Sanem», «Bondofa»… Dans un rapport de l’INERA intitulé «La culture d’hybrides de maïs, une voie vers l’intensification de la maïsiculture au Burkina Faso», ces variétés sont présentées comme une solution pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté. Le «Komsaya» y est présenté sous un cycle précoce de 85 à 95 jours. Son rendement potentiel est de huit à neuf tonnes à l’hectare. Le rendement de ces variétés à l’hectare est de six à onze tonnes capables de nourrir 36 à 42 adultes par an. 15 à 25 tonnes de fourrage pour nourrir cinq à huit bovins. Tandis que les autres variétés ne peuvent nourrir que 10 à 12 personnes.

Concernant le niébé, le Burkina Faso a mis à disposition deux variétés pour une meilleure nutrition des femmes et des enfants et pour augmenter le revenu des paysans. Les deux variétés, IT99K-573-2-1 et IT98K-205-8, ont été développées par l’Institut international de l’agriculture tropicale (IITA).

Contrairement aux variétés locales qui durent entre 80 et 90 jours, ces nouvelles variétés ne font que 60 jours pour arriver à maturité. La plupart des variétés locales au Burkina Faso enregistre un rendement situé entre 400 et 600 kg à l’hectare. Mais les nouvelles variétés ont un rendement de 2170 kg à l’hectare.