Balkissa Sawadogo, élue meilleure joueuse face à l’Ouganda. © : Ollo Aimé Césaire Hien pour Sidwaya.info/sport. Editions Sidwaya

Balkissa Sawadogo est l’une des rares filles au Burkina Faso à avoir l’assentiment de ses parents pour la pratique du football. Avec une mère fan du ballon rond, la sociétaire de l’Union sportive des forces armées (USFA) a commencé à jouer dans son quartier avec les garçons. Mais pourquoi le football et pas d’autres disciplines ? Titulaire d’une licence professionnelle en marketing et gestion, comment l’attaquante des Etalons dames arrive-t-elle à concilier sport et études ? A ses questions, la meilleure joueuse de la saison à l’USFA essaie d’apporter des réponses dans l’interview qui suit.

Comment es-tu venue au football ?

J’ai commencé à jouer au football au quartier avec des garçons. Une fois au lycée Nelson Mandela en 2011, j’ai intégré l’équipe féminine de l’établissement. Avec cette équipe, j’ai participé à des compétitions telles que l’USSU-BF et Airtel jeunes talents.

Pourquoi le football et pas autre discipline ?

J’ai choisi le football par passion. J’ai pour rêve de devenir une footballeuse professionnelle à l’image des autres que je vois à la télévision.

Comment tes parents ont-ils appris que tu jouais au football ?

Mes parents n’y trouvaient pas d’inconvénients. Ma maman est une fan de football. Elle aime bien la discipline. C’était déjà une fierté pour elle de voir une de ses filles jouer au football. Elle passait tout son temps à m’encourager et à me bénir. Tout comme elle, mon père m’encourageait également même si au départ, il était un peu réticent à cause des préjugés de la grande famille, des voisins et autres.

Comment es-tu perçue par tes camarades filles ?

Je suis bien perçue par la plupart de mes camarades filles même si certaines au début ne voulaient pas être comme moi. Pour elles, le sport en général, plus il devient professionnel, plus il déforme un peu le physique féminin. Donc elles n’appréciaient pas cela. En revanche, d’autres rêvaient d’être comme moi au regard de mon courage quand je suis sur une pelouse.

Quel est ton niveau scolaire ?

Je viens d’obtenir ma licence professionnelle en marketing et gestion à l’Institut burkinabè des arts et métiers (IBAM).

Comment arrives-tu à concilier sport et études ?

Ce n’est pas facile de concilier le sport et les études. Ce sont deux domaines un peu différents pour moi. Chaque domaine fatigue à sa manière. Il y a les études qui demandent beaucoup de concentration et le football également. Donc j’essaie de les concilier à ma manière par la prière et le travail.

Quel est ton parcours sportif ?

Une fois dans l’équipe du lycée, j’ai intégré par la suite un club dénommé Association sportive des oisillons (ASO). Avec cette équipe, j’ai participé à des compétitions. C’est d’ailleurs ce qui a valu ma première sélection en 2015 avec l’équipe nationale. De retour de sélection, j’ai été transférée à l’USFA. Depuis lors, j’évolue avec les Colombes.

Quel bilan fais-tu de ta saison avec l’USFA ?

C’est un bilan très positif. J’ai disputé toutes les rencontres de la saison que nous avons toutes gagnées. Nous avons remporté le champion national, la coupe du Faso et j’ai été élue meilleure joueuse du club.

Comment trouves-tu le football féminin au Burkina Faso ?

Le football féminin au Burkina reste archaïque. Il ne bénéficie d’aucun soutien pour son développement. Malgré cette triste réalité, il a de l’avenir parce qu’il y a des individualités et des talents qui se dégagent. Pour peu, ils peuvent faire grand-chose. La preuve palpable, c’est la qualification à la CAN. Avec peu de moyens, nous avons décroché la toute première qualification du Burkina à une phase finale de CAN avec des encadreurs passionnés de la chose. C’est vrai qu’il n’est pas facile pour une fille de jouer au football au Burkina, mais j’encourage toutes celles qui le veulent, à s’adonner à ce sport. Avec le courage et la détermination, ça peut aller.

C’est la première participation du Burkina à une CAN. Quel bilan fais-tu de votre participation ?

Pour une première participation, je pense que le bilan est satisfaisant même si ce n’était pas les résultats attendus. On aurait pu faire mieux. Pour cela, nous avons encore du travail à faire. J’ose croire qu’avec cette participation, les dirigeants auront plus de regard pour le football féminin. On avait la volonté. Mais la volonté seule ne suffit pas. Il faut un réel accompagnement.

Quelle était l’ambiance au sein de l’équipe à la CAN ?

L’ambiance au sein du groupe était bonne parce qu’on est venues avec le même objectif, celui de faire une bonne prestation afin de faire flotter très haut notre drapeau. Pour cela, nous sommes restées solidaires l’une de l’autre pendant tous nos matchs. Même s’il y avait des couacs sur le terrain, on réglait cela rapidement pour revenir plus fortes.

Quel était ton objectif à cette CAN ?

Mon objectif était d’abord de faire une bonne prestation pour aider l’équipe à aller très loin dans la compétition. Malheureusement, nous nous sommes arrêtées à la phase de groupe. Aussi à cette CAN, j’étais venue pour taper dans l’œil des recruteurs.

Ambitionnes-tu une carrière professionnelle au football ?

Si. Je veux faire carrière professionnelle dans le football. Ce sont mes objectifs depuis toute petite. C’est un rêve pour lequel je me bats pour sa réalisation.

Quel est ton club de rêve ?

Le Paris Saint -Germain (PSG). Quand je regarde ses filles jouer, cela m’encourage à travailler davantage.

As-tu une idole dans le football féminin ?

Kadidiatou Diané, la footballeuse internationale française qui évolue au poste d’attaquante au PSG.

Interview réalisée par Ollo Aimé Césaire HIEN
(Depuis Casablanca)

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