Financement de l’agriculture burkinabè: La banque agricole du Faso démarre ses activités

La Banque agricole du Faso (BADF) a procédé au lancement officiel de ses activités le vendredi 29 mars 2019 à Ouagadougou. Dotée d’un capital de 14 277 570 000 FCFA, cette banque permettra de booster le secteur agricole qui souffre d’un besoin de financement.

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a acté le démarrage officiel des activités de la Banque agricole du Faso (BADF) dans la matinée du vendredi 29 mars 2019 à Ouagadougou. En présence du président du Conseil d’Administration de la banque, Mamadou Sérémé et des représentants des producteurs agricoles, le président Kaboré a insisté sur la nécessité de gérer avec tact cette banque destinée au monde rural. Pour lui, cet établissement doit se développer rapidement dans toutes les provinces et  créer la confiance nécessaire qui permet aux producteurs d’y déposer leurs avoirs et de contracter des crédits pour développer leurs activités. A cet effet, il a souhaité «que le management puisse savoir avec efficacité répondre aux attentes des populations et surtout du monde rural».

Le président de la Chambre nationale d’agriculture (CNA), Moussa Koné, a aussi insisté pour l’ouverture des services de la BADF dans les provinces. «Il faudra que cette banque soit beaucoup plus déconcentrée avec des représentations au niveau des provinces pour toucher en profondeur les vrais acteurs», a-t-il dit.

La Banque agricole du Faso est la réponse du président Kaboré à une forte sollicitation des producteurs. «C’est un instrument important dans le sens que dans tous les documents, l’on évoque l’agriculture de subsistance. Or aujourd’hui, avec les financements, je pense que nous allons passer à l’entrepreneuriat agricole et aller au-delà», avait réagi Ba Siaka Dao, président de la confédération paysanne du Faso, en apprenant que l’Union économique et monétaire ouest africaine, avait accordé l’agrément demandé par la Burkina Faso pour l’ouverture de cette banque.

Une banque saluée par l’opinion

Depuis l’annonce de sa création jusqu’au lancement officiel de ses activités, la Banque agricole du Faso bénéficie d’une opinion généralement favorable des Burkinabè.

  1. Maurice Bientama Towe, tout en saluant la naissance de cet établissement bancaire, souhaite qu’il joué le rôle véritable d’un instrument qui donnera un coût de fouet au processus de développement du secteur agricole. «Il faut qu’elle s’inscrit dans le temps (…) Du reste je souhaite tout le meilleur pour cette jeune institution», dit-il sur le site de la présidence du Faso.

 

De même, Congo Abdoul a salué une «excellente décision » des autorités burkinabè. «Il reste à s’avoir si les responsables et gérants de cette Banque seront dignes et compétents», a-t-il questionné.

Balmwendé Florent Ouedraogo salue aussi le président du Faso pour la concrétisation de cette banque mais conseille de veiller à ne pas surendetter les producteurs. «On a vu en Inde particulièrement où les payants se suicident pour excès d’endettement. C’est noble l(l’idée), mais prudence», a-t-il écrit sur le site de la présidence.

 

Ousmane S. Ouédraogo, se présentant comme consultant,  avait lui aussi émis des doutes, s’appuyant sur le choix non transparent des actionnaires et le risque que la banque ne soit une «vache laitière» des politiciens sur les dos des producteurs. «Nous interpellons les Burkinabè, la société civile et les politiques pour qu’on revoie la copie dans la création de la BADF, avec davantage de gouvernance vertueuse, avec pour seul objectif les intérêts des paysans et du Burkina», a-t-il écrit, dans une libre tribune diffusée sur le net.

La BADF a été créé avec un capital de 14 277 570 000 FCFA. Parmi ses actions on dénombre 3 sociétés d’État, 13 organisations du monde paysan, 8 entreprises privées et 70 personnes physiques.

Dans un pays dont l’économie est dominée par l’agriculture, elle comblera un vide laissé suite à la disparition des établissements de financement de l’agriculture, notamment la Banque nationale de développement du Burkina (BNDB), la Caisse nationale de crédit agricole (devenue Banque agricole et  commerciale du Burkina, avant d’être vendue à EcoBank).

Aimé Mouor KAMBIRE