Appui des paysans en matériel agricole : Un ouf de soulagement pour les bénéficiaires

Après avoir bénéficié de la charrue, Tibi Mathieu Zongo souhaite la poursuite de l’opération pour acquérir le bœuf.

Dans le souci de booster la production agricole au Burkina Faso, le gouvernement a décidé d’appuyer les producteurs en matériel de travail. A l’occasion, des paysans se sont vus attribués des bœufs, des ânes et des charrues contre une contribution plus ou moins symbolique.

Dans la province du Boulkiemdé, région du Centre-Ouest, les producteurs bénéficiaires de l’appui de l’Etat en matériel agricole ont le sourire aux lèvres. Adama Sidbèga, jeune agriculteur résidant dans la commune de Sabou, est l’un d’eux. Il a eu la chance d’avoir une charrue et un bœuf en décembre 2021, contre une contribution respective de 12 500 F CFA et 45 000 F CFA.  Selon  ses dires, le travail est devenu très facile pour lui et sa famille, comparativement aux années passées où ils se débrouillaient avec du matériel peu adapté.  Propriétaire d’un champ de deux hectares, Adama Sidbèga produit le sorgho, le maïs et l’arachide pour nourrir les quinze membres de sa famille. Pour lui, l’initiative du gouvernement d’appuyer les paysans en matériel agricole est louable. Son souhait est de bénéficier encore d’un autre bœuf pour booster ses rendements. Tibi Mathieu Zongo est un autre bénéficiaire de la même commune. Heureux d’avoir pu acquérir une charrue à traction bovine, il ne lui reste que l’animal pour être comblé. Pour la charrue qu’il a reçue, il explique qu’il a eu l’information par le biais du chef ZAT de Sabou.

Des heureux bénéficiaires

Chef de famille de plus de douze personnes, M. Zongo cultive du sorgho blanc et rouge, du maïs, de l’arachide, du niébé et du petit mil, sur une superficie totale de 10 hectares. Mariam Ouili fait aussi partie des heureux bénéficiaires du matériel à Sabou. Productrice et chef de ménage, elle a reçu un bœuf au prix de 25 000 F CFA et une charrue à 12 500 F CFA. Mariam produit le haricot, l’arachide et le maïs dans un champ de trois hectares. En plus de ses cinq enfants, elle a beaucoup d’autres personnes  qui travaillent avec elle.  A l’en croire, le travail est devenu si facile depuis qu’elle dispose de ce matériel agricole acquis grâce au soutien de l’Etat.

Dans la commune de  Poa, des bénéficiaires se frottent également les mains. Ayant reçu une charrue et un bœuf, Seni Koanda du village de Loaga est tout fier. « J’ai payé 35 000 F CFA pour le bœuf et 12 500 F CFA pour la charrue », se réjouit-il. Pour lui, cela constitue un cadeau pour eux, car ces montants sont loin de la réalité des prix sur le marché. Avant, il travaillait avec un âne et le travail était si pénible. Grâce à ce soutien, tout est devenu facile pour lui. « A Loaga, nous étions si nombreux à faire la demande pour le matériel mais sept ont été retenus au final », rappelle M. Koanda. Il en a profité pour  agrandir son champ qui est passé de deux à trois hectares. Quant à Amado Kaboré du même village, il a déboursé 45 000 F CFA pour obtenir le bœuf et 12 500 F CFA pour la charrue. Une acquisition qui lui a aussi permis d’étendre sa superficie exploitable.  « Loaga a sept sous-quartiers ayant reçu chacun une dotation. C’est ce qui donne les sept bénéficiaires pour le village. C’est peu par rapport au nombre d’habitants mais c’est déjà bien comme appui », indique Amado. Tout comme les autres producteurs, son souhait est de voir le gouvernement renouveler cette opération.

Des avantages comparatifs pour les femmes

Selon le DR en charge de l’agriculture du Centre-Ouest, Adama Boro, l’attribution du matériel agricole est faite en tenant compte de beaucoup de critères.

Le Directeur régional (DR) en charge de l’agriculture du Centre-Ouest, Adama Boro, explique le processus par lequel les bénéficiaires sont choisis. Il indique qu’il y a un tirage qui est fait. Et ce tirage est basé sur les résultats du recensement général de l’agriculture qui comporte un certain nombre d’informations sur le type de matériel agricole disponible, et surtout celui qu’utilisent les paysans. Le processus consiste également à faire un croisement avec les informations disponibles pour voir si le matériel demandé pourra avoir un impact sur la production du demandeur. C’est l’un des principaux critères qui permet de tirer la conclusion sur les potentiels bénéficiaires. Pour ce qui concerne les femmes, chefs de ménage, le DR souligne qu’on leur donne des avantages comparatifs. Si, par exemple, l’animal coûte 100 000 F CFA, la femme, chef de ménage, peut le recevoir à 50 000 F CFA ou moins.  Cependant, avec le tirage au sort électronique, les femmes ont perdu cet avantage.

Dans l’ancien système, à entendre M. Boro, on appliquait les critères avantageux pour les femmes en respectant le quota de 30% et parfois même, on dépassait légèrement. Mais depuis que l’on a décidé d’appliquer le tirage électronique de façon aléatoire, dit-il, cela n’est plus respecté. Lorsque les choix sont faits pour les bénéficiaires, un message leur est envoyé afin qu’ils aillent manifester leur adhésion et disponibilité en payant la contrepartie. C’est après acquittement de ce paiement que les bénéficiaires entre en possession de leur dû. Le comité de sélection, qui compte en son sein des experts, procède à la vérification de la qualité du matériel ou du bon état de l’animal en collaboration avec les services techniques compétents avant leur réception.

François KABORE