François Yabré (Otelul Galeti / Roumanie)

François Yabré est un international burkinabè évoluant avec Otelul Galeti en première division roumaine. Défenseur central de métier, le natif de Guitri en Côte d’Ivoire, a été le joueur le plus utilisé en championnat au cours de la saison écoulée. Après son passage avec l’équipe nationale du Burkina Faso sous l’ère Paul Put, le colosse défenseur de 1m80 pour 78 kg se sent prêt pour défendre de nouveau les couleurs de son pays. Il l’a dit dans l’entretien.

Que devient François Yabré ?

François Yabré continue son évolution. Je me porte bien. Et depuis 2021, j’évolue avec Otelul Galeti dans le championnat roumain.

Comment es-tu arrivé dans le football ?

Comme tout jeune africain, j’ai commencé à jouer la boule en cuir dans la rue. J’ai ensuite intégré Avenir sportif africain, un centre de formation basé à Cocody à Abidjan, en 2004. C’est de là d’ailleurs que tout a véritablement commencé.

Quel a été ton parcours ?

Après ma formation à Avenir sportif africain, j’ai signé en faveur de l’équipe première de Man FC, une équipe ivoirienne de D2 où j’ai passé 6 mois. En février 2009, je me suis envolé pour FC Twente pour un essai. Après ce test, je suis retourné à Abidjan pour jouer avec Yopougon FC, toujours en D2, avant de repartir de nouveau aux Pays-Bas en juillet 2009. Malheureusement, je n’ai toujours pas de contrat professionnel. Des Pays-Bas, je me suis retrouvé à Lillestrom SK en Norvège. De là-bas, j’ai déposé mes valises à Mjondalen avec les jeunes toujours dans le même championnat. De 2010 à 2013, j’ai évolué avec Strommen avec un contrat professionnel. Après trois saisons, j’ai signé à Kongsvinger juste pour la saison suivante.  Toujours dans le championnat norvégien, j’ai évolué respectivement avec Hamkam de 2016 à 2018 et avec Mjolen en 2018 avant de me retrouver en Roumanie avec Luceafarul Oradea en 2019 pour juste une saison. En 2020, je me suis engagé avec Vitorul Targu pour également une saison avant de prendre la direction d’Aerostar Bacou toujours dans le championnat roumain. Depuis 2021, j’évolue sous les couleurs de Otelul Galati où nous jouons dans l’élite cette saison.

Comment es-tu arrivé à Otelul Gelati ?

Je suis arrivé à Otelul par le biais de Salif Nogo, un ancien international burkinabè et également ancien sociétaire de ce club roumain. C’est quelqu’un que je considère comme mon agent, un grand frère. C’est ce dernier qui a été touché par le coach pour trouver un défenseur. Et comme c’est lui qui m’a fait venir en Roumanie, il m’a proposé au coach.

Pourquoi Otelul Gelati ?

Simplement parce que mon agent m’a bien parlé de ce club pour avoir porté ses couleurs. C’est un club qui a un bon palmarès. En 2011, il a été champion de la Roumanie et a joué la Champion’s League. Salif Nogo a trouvé que Otelul Gelati sera un bon club pour moi où je vais bien me sentir si toutefois les résultats suivaient. C’est ce qui se passe depuis que j’y suis.

Comment juges-tu le championnat roumain ?

Un championnat athlétique et rapide contrairement à celui de la Norvège où j’ai passé 9 ans qui est plus physique.

Quel bilan fais-tu de ta saison ?

J’ai fait une saison pleine où j’ai disputé tous les 29 matchs sans suspension ni blessure. J’ai été le joueur qui a joué le plus de minutes dans le championnat roumain la saison écoulée. Une saison bien pleine qui s’est couronnée par une montée en première division. Nous avons déjà entamé la nouvelle saison où nous avons disputé 4 matchs.

Quels sont tes qualités et défauts ?

C’est toujours difficile de parler de soi-même. Mais, les différents retours que j’ai de mon coach et ceux des équipes adverses montrent que je suis apprécié de par ma détermination, mon professionnalisme, mon leadership sur le terrain et surtout mon prototype de défenseur moderne, c’est-à-dire défendre debout.  Il est vrai que j’ai des qualités, mais également des défauts. J’essaie de travailler pour améliorer de qui ne va pas.

Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées dans ta carrière ?

C’est beaucoup plus la barrière linguistique et le climat. D’abord, quand je suis arrivé à FC Twente, on ne parlait que l’anglais. Pour quelqu’un qui vient directement d’un pays francophone, ça n’a pas été facile. Mais Dieu merci, j’avais fait la rencontre de l’international ivoirien, Cheick Tioté, paix à son âme, qui évoluait en son temps avec ce club. Il m’a beaucoup aidé dans mon intégration. Une fois en Norvège, j’étais confronté au même problème de langue. Aussi, le climat ne m’était pas favorable. Imaginez un jeune qui quitte la Côte d’Ivoire avec 30 degrés et qui se retrouve avec moins 15-20 degrés. Ce n’est pas évident. Mais quand on est professionnel, il faut savoir s’adapter à toutes les éventualités.

Quels sont tes objectifs avec Otelul Gelati ?

L’objectif du club cette saison, c’est de jouer le top 6. Dans ce championnat, quand tu figures dans le trop 6, tu es qualifié pour le play-off. Otelul veut retrouver son lustre d’antan. C’est pourquoi le coach a placé la barre haut bien que le club soit promu.  Mon objectif personnel, c’est de continuer à donner le meilleur de moi-même afin d’aider l’équipe à atteindre ses objectifs. Il est vrai que j’ai la confiance du coach, je suis aimé par les fans, mais s’il y a une offre qui peut me permettre de continuer mon évolution, je ne vais pas cracher dessus parce que nous travaillons pour ça.

Tu as fait un passage avec les Etalons sous l’ère Paul Put. Comment cela s’est-il passé ?

Je garde un très bon souvenir de cette période. Je regardais l’équipe de loin comme un supporter à la finale de la CAN 2013 face au Nigeria. Me retrouver avec ce même groupe pratiquement 4 mois après a été vraiment un sentiment de fierté que je ne peux pas décrire. Ma première sélection avec les Etalons s’est bien passée. Face au Maroc à Tanger, nous avons gagné 2-1. J’ai eu un bon retour sur ma prestation.

As-tu des attaches avec le Burkina Faso ?

Il est vrai que je suis né en Côte d’Ivoire, mais je reste et demeure Burkinabè à 200 % si je peux m’exprimer ainsi. Je me suis toujours senti Burkinabè. A tous mes matches, j’ai toujours le bandeau aux couleurs de ma patrie autour du poignet. Cela démontre mon attachement pour mon pays.

François Yabré parle-t-il sa langue maternelle ?

Bien sûr. Je suis de Zabré et je parle correctement le bissa. Avec mes parents, je m’exprime dans ma langue maternelle.

Comment trouves-tu le niveau de l’équipe nationale du Burkina Faso ?

L’équipe a un très bon niveau. Elle regorge beaucoup de jeunes de qualité. Beaucoup d’entre eux jouent dans de bons championnats européens comme la Premier League anglaise avec Bertrand Traoré à Aston Villa, Dango Ouattara à Bournemouth et Issa Kaboré à Luton Town. En Bundesliga, Edmond Tapsoba est incontournable avec le Bayer Leverkusen.

As-tu des relations au sein du groupe des Etalons ?

Oui. Il y a des gens avec qui j’ai de très bons rapports. En décembre dernier, j’étais avec Bertrand Traoré à Istanbul où il était en prêt avec Başakşehir. Nous avons passé un petit moment ensemble. Même quand il était à l’Ajax Amsterdam, nous nous voyons. Avec Steeve Yago, nous nous parlons fréquemment sur les réseaux. Il y a aussi Aziz Ki, un joueur que j’ai connu depuis Abidjan. Tout comme lui, il y a Abdoul Razack Traoré, un grand frère et aussi Bakary Koné, celui-là même qui a facilité ma première sélection avec les Etalons.

Souhaites-tu revenir en sélection nationale ?

Bien sûr ! La sélection, c’est toujours un objectif, une fierté. Et comme il est question du joueur en forme du moment, je travaille dans ce sens en club. Maintenant, la décision revient au sélectionneur national. A chaque fois qu’on fera appel à moi, je serai là pour défendre fièrement les couleurs de mon pays.

Crois-tu en tes chances de retrouver les Etalons un jour ?

Je n’ai jamais douté de retrouver de nouveau la sélection. Mon coach en club est celui qui a eu de plus de sélections avec l’équipe nationale roumaine. Il a joué un peu partout en Europe. Une telle personne qui fait confiance à un défenseur africain prouve que j’ai quelque chose qui peut me permettre de jouer pour mon pays. Je pense que j’ai ma place au sein des Etalons.

Quels seront tes objectifs si toutefois tu es de nouveau appelé à défendre les couleurs de ta patrie ?

Mon objectif à court terme, c’est la CAN. Jouer en Côte d’Ivoire c’est comme si on jouait à domicile. Ce serait un moment fantastique que je ne pourrais pas expliquer. Mon objectif à long terme, c’est de pouvoir m’imposer.

Depuis quelques éditions, le Burkina Faso a toujours figuré dans le dernier carré de la CAN. Les Etalons resteront-ils dans la même dynamique en Côte d’ivoire ?

Les Etalons peuvent faire au-delà de ce qu’ils ont déjà fait. Avec l’expérience acquise au fil des éditions, je pense que le Burkina Faso peut prétendre au titre de champion d’Afrique en Côte d’Ivoire. Imaginez le Burkina Faso gagner la CAN en Côte d’Ivoire, la fête sera très belle. C’est un objectif qui est réalisable avec tous les talents que l’équipe regorge.

As-tu un club de rêve ?

Si. Depuis 1999, je suis un fan de Manchester United.  C’est la seule équipe qui me fait suivre tous ses matchs. Je suis Red Devils à vie surtout avec mon ami, André Onana qui vient de rejoindre l’équipe. J’ai connu le portier camerounais par le biais de Bertrand Traoré quand ils étaient à Ajax Amsterdam. Je trouverai un temps pour aller suivre ses matchs à Old Trafford.

 Entretien réalisé par Ollo Aimé Césaire HIEN

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