S’il y a une discipline qui ne cesse de nous rapporter des lauriers depuis des décennies et qui, pourtant, ne jouit pas de toute la reconnaissance pour ses éminents services, c’est bien l’athlétisme avec des encadreurs dévoués et des athlètes patriotes, au vu des conditions matérielles et morales dans lesquelles ils enseignent ou pratiquent ce sport. Parlant des conditions matérielles par exemple, il y a plus de deux ans (depuis la fermeture du stade du 4-Août) que le Burkina ne dispose pas d’une piste d’athlétisme digne de ce nom.

Ceux qui ont vu les conditions dans lesquelles les derniers championnats se sont déroulés, sont restés pantois devant le spectacle désolant des pistes crevassées et boueuses. Des pistes sur lesquelles, la blessure guette et qui laissent toujours des séquelles physiques sur les pratiquants du fait de leur rudesse. Pour autant, cela n’a pas empêché nos représentants de figurer dignement lors des derniers Jeux de la francophonie avec une moisson de médailles honorable.

Un résultat, fruit de la passion d’hommes dévoués comme le directeur technique national, Missiri Sawadogo ou le premier entraîneur du champion Hugues Fabrice Zango, Christian Sanou. Des hommes qui se dépensent sans compter au propre comme au figuré et qui sont royalement ignorés quand vient l’heure des récompenses. Après les triomphes de Zango aux Jeux Olympiques et aux Mondiaux, son premier coach a juste servi de faire-valoir, toute la lumière revenant à Teddy Tamgo qui a récolté le «fruit « mûr de Sanou. Que dire de Missiri Sawadogo, dont personne à l’exception de quelques plumitifs ne parle.

Et pourtant, le monsieur ne cesse de mettre de son temps et de son argent (il aurait payé des équipements de sa poche au profit d’athlètes prometteurs mais démunis) au service de son sport, au détriment de sa vie familiale. Une misère morale et financière donc pour ces gardiens du temple qui sont pourtant, autant sinon plus méritants que les athlètes. Zango par exemple, reconnait avoir tâtonné à ses débuts, avant que son coach ne l’oriente vers le triple saut.

C’est dire qu’en termes d’objectifs, ceux-ci sont plus qu’atteints et comme les autorités sportives aiment avancer cet argument pour payer les entraîneurs, elles devraient l’utiliser dans le cas de ce sport aussi. Plus généralement, la politique sportive d’un pays doit être bâtie sur son potentiel dans les différentes disciplines, plutôt que sur le football, même si celui-ci est un puissant identifiant social. Notre ambassadeur sportif numéro un, est de nos jours Hugues Fabrice Zango, suivi de Iron Bibi et Marthe Koala. Un podium «athlétique « qui doit inciter à une réflexion plus pointue que les arguments avancés dans cette chronique.

La Jamaïque, le Kenya ou Trinité-et-Tobago n’auraient jamais figuré sur la carte mondiale sans leurs sprinters et fondeurs même si dans le premier cas, Bob Marley a aussi fait le job. Pour l’heure, le football qui phagocyte les moyens et cristallise les passions, est à la fois fort et faible au vu du palmarès national riche d’une seule Coupe d’Afrique des nations en catégorie cadette.

C’est vrai qu’ici aussi on trouve des hommes de sacrifice comme Kamou Malo et Brama Traoré (un chercheur qui trouve) et avant eux Drissa Malo Saboteur et feu Sidiki Diarra Neeskens, mais les résultats ne suivent pas jusque-là. La réflexion devra donc être de mise, car le sport peut être un formidable créateur de richesses dans toutes les disciplines.

Des Zango et des Koala, on en trouve dans nos contrées reculées, et, en donnant les moyens aux coaches dont nous avons parlé (on oubliepas les cyclistes et les boxeurs), le Burkina Faso deviendra à moyen terme, la destination à ne pas manquer. Pour l’heure, c’est Waterloo morne plaine.

Boubakar SY

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