Depuis 1974 et son sacre à la CAN suivie d’une participation calamiteuse au mondial de la même année, la République démocratique du Congo (appelée à l’époque le Zaïre) va de désillusion en désillusion à la compétition africaine, malgré un potentiel appréciable en matière de joueurs talentueux. Toujours placé mais jamais gagnant, le Congo de Lumumba était rangé dans la catégorie des géants aux pieds d’argile à l’instar de tout le pays riche comme Cresus, mais, avec des populations tirant le diable par la queue et utilisant le système D (le fameux article 15) pour survivre.

La faute aux satrapes qui se sont succédé à la tête du pays depuis la mort du héros de l’indépendance et qui ont mis celui-ci sous coupe réglée et la disposition de l’impérialisme occidental. Pour asseoir son règne, le premier d’entre eux, Mobutu Sese Seko, conscient de l’importance du football dans la régulation des tensions sociales, avait massivement investi dans le sport roi avec les conséquences que l’on sait.

Le Zaïre avait régné sur les compétitions africaines des clubs avec notamment le Vita Club de Kinshasa, puis avait remporté la CAN 74 avec la génération dorée des Lobilo Boba, Tshimene Mbouanga, Kidimu, Kakoko, Mayanga et autre Ndaye Mulumba, le buteur roi de la compétition avec neuf réalisations. Puis, le dictateur avait définitivement assis son pouvoir en organisant ce qui reste encore le plus grand combat de boxe dans la catégorie poids-lourds, entre Mohamed Ali et Georges Formann à Kinshasa en 1974, avant de se désintéresser du sport en général et du football en particulier.

La longue traversée du désert du football congolais commençait dès lors, jusqu’au détour des années 90-2000, avec l’avènement de mécènes comme Moise Katumbi qui lui redonneront une seconde vie. Depuis, il se comporte à nouveau plus ou moins bien sous la houlette de techniciens compétents comme Florent Ibengué, vainqueur du CHAN avec les Léopards locaux, avant de ramener l’équipe A à un rang honorable à l’échelle continentale.

Si on ne peut pas s’avancer jusqu’à dire que les fruits sont désormais mûrs, force est de reconnaître que le parcours de l’équipe à la CAN ivoirienne, sans être brillant, mérite le respect surtout qu’elle a battu l’Egypte en huitième à l’issue d’un match bien maîtrisé au plan tactique, avec une animation de jeu appréciable. Le Congo est donc de retour et sa confrontation face à la Guinée dont l’histoire est quelque peu similaire, permettra d’affiner l’analyse et de dégager des certitudes.

Car, la Guinée aussi a connu une période glorieuse dans les années 70-80 avec Ahmed Sékou Touré qui avait fait de la culture et de toutes ses composantes dont le sport une priorité nationale. A sa mort, le pays a « galéré » dans ce domaine, avant l’avènement là aussi de jeunes investisseurs visionnaires qui replacent progressivement le pays en haut de l’affiche. Guinée-RD Congo peut donc être qualifié de duel des revenants, et, le choc promet, et, le vainqueur prendra date pour un avenir encore plus enchanteur.

Quant à leurs adversaires des huitièmes, l’Egypte et la Guinée-Equatoriale en l’occurrence, ils ont pêché par orgueil (surtout la Guinée-Equatoriale) persuadés que le coup était jouable. En vendant la peau de l’Ours avant de l’avoir tué, ils se retrouvent fort marris et feront désormais preuve de plus de modestie devant n’importe quelle équipe. En attendant, cette CAN à nulle autre pareille, déroule son haletant scénario pour le grand bonheur des amoureux du ballon rond. Vivement les quarts.

Boubakar SY

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