Le président de l’Association des Footballeurs du Burkina Faso (AFBF), Ardjouma Sirima, analyse la situation des joueurs suite à l’arrêt du championnat de Ligue 1 et 2 depuis le 27 février.

Quel est l’impact de l’arrêt des championnats de Ligue 1 et 2 sur les joueurs ?
La saison sportive 2023/2024 est une année perdue pour les joueurs. L’arrêt du championnat national a joué en leur défaveur car aucun d’entre eux n’a eu la chance de participer à la CAN Côte d’Ivoire 2023 qui aurait pu être une opportunité de visibilité pour eux. Cet arrêt joue négativement sur la santé physique et mentale des joueurs. Lors de la première reprise, les joueurs avaient deux matchs à jouer par semaine.

Cependant il ne faut pas oublier le problème récurrent d’arriérés de salaire dans la plupart des équipes du championnat national du Burkina Faso. Les clubs avaient déjà des difficultés pour faire face à ce fléau. Si d’autres mois s’ajoutent, on se demande comment les équipes vont s’y prendre.
Les chances des joueurs sont considérablement réduites quand il s’agit d’aller faire des tests à l’étranger car ils ne sont pas en compétition.

Avez-vous été approché par des joueurs en difficulté ?
Si. Nous avons été approchés par certains joueurs en difficulté. Nous étions même obligés de convoquer certains présidents de clubs à l’inspection du travail afin de trouver une résolution de leurs problèmes de salaire et de prime de signature. Nous sommes toujours à l’écoute des joueurs qui par moment ont peur de venir se plaindre pour éviter des représailles. Nous rappelons aux joueurs de ne pas hésiter à venir vers nous pour la résolution de leurs problèmes car l’association a été créée dans le but de les accompagner.

Comment avez-vous géré ces cas ?
Ces cas, comme je l’ai souligné plus haut, sont actuellement à l’inspection du travail. Cependant, au départ, nous prenons attache dans un premier temps avec les dirigeants afin de trouver une entente dès le départ. C’est en cas de malentendu que nous sommes obligés de convoquer les dirigeants. Ces dirigeants sont nos partenaires, donc nous sommes condamnés à nous comprendre et trouver une solution à l’amiable.

Combien de clubs respectent leurs engagements jusqu’à ce jour ?
L’AS Douanes, l’AS SONABEL, l’USFA, SALITAS FC, SC Majestic sont jusque-là, les clubs qui respectent leurs engagements. Les clubs à connotation centre de formation tels que RAHIMO FC, Sporting football des Cascades ont en leur sein beaucoup de joueurs qui n’ont pas le même traitement salarial comme dans les autres clubs. Les clubs dit traditionnels que sont l’EFO, l’ASFA-Y, le RCK, l’ASFB, le RCB, Royal FC et l’ASEC-K rencontrent d’énormes difficultés quant au traitement salarial des footballeurs. En général, ces clubs de retrouvent en général avec 3 voire 4 mois de salaires impayés et même plus parfois. Nous avons Vitesse FC et KOZAF, dont les équipes sont constituées de jeunes du centre de formation et des anciens joueurs. Ces clubs traînent également des arriérés de salaire comme les clubs traditionnels .

Que pensez-vous des mouvements ayant occasionné deux fois l’arrêt du championnat ?
Ces mouvements ont malheureusement bouleversé le championnat national 2023/2024. Ils ont contraint les acteurs (joueurs entraineurs, arbitres…) au chômage technique. Quelque que soit la raison évoquée, je pense que c’était judicieux de continuer à disputer le championnat national tout en réglant le dossier dans les coulisses. Ce sont les premiers acteurs qui sortent perdants. Cela fait une année de perdue pour les joueurs. Ce qui est à craindre, c’est le rythme qui sera imposé aux joueurs en cas de reprise. Vont-ils continuer à jouer deux matchs par semaine pour essayer de rattraper le retard en championnat et à la coupe du Faso ? Ces interrogations méritent d’être posées. Aussi, le football burkinabè est confronté à un sérieux problème d’infrastructures. A Bobo-Dioulasso, aucun match ne peut être programmé en nocturne. L’éclairage du stade municipal Issoufou-Joseph-Conombo est défaillant. Donc ce sera une situation difficile à gérer. Sauf si les acteurs se parlent, se décident d’observer une année blanche.

D’où est venue l’idée de la création de l’AFBF ?
L’AFBF (Association des Footballeurs du Burkina Faso) est l’association qui défend les droits et les intérêts des footballeurs en activités du Burkina Faso tout en leurs inculquant leurs devoirs envers les clubs. L’association est créée en 2017 suite au fait que j’ai accompagné un joueur de KOZAF qui a signé un contrat avec l’équipe de l’AS TANDA de la Côte d’Ivoire en 2016. Après la signature du contrat du joueur, il a disputé quelques matchs ensuite, il a contracté une blessure au genou. Je tiens à préciser qu’il avait signé un contrat de 12.000.000 F CFA.

A la signature, le club a payé 10.000.000f CFA, donc il restait 2.000.000f CFA a payé par le club. Lorsque le joueur s’est blessé, j’ai approché le club afin qu’il rentre en possession des 2.000.000 F CFA qui restaient. On ne s’est pas accordé là-dessus. Donc en compagnie du joueur, nous sommes rentrés en contact avec l’AFI (Association des Footballeurs Ivoirien) dont le président est Cyrille Domoraud. Fort heureusement, l’association en question a pu régler le problème et le joueur est entré en possession de son argent. C’est de là-bas que l’idée m’est venue de créer la même association au Burkina Faso pour aider nos jeunes joueurs.

 ITW réalisée par Ollo Aimé
Césaire HIEN

 

Laisser un commentaire