Editorial : La transformation, le maillon faible à actionner

Au Burkina Faso, l’on ne peut parler de la filière mangue sans citer la province du Kénédougou, dans la région des Hauts-Bassins. La zone se distingue par sa forte production fruitière dont celle de la mangue. Une espèce qui représente, à elle seule, environ 58% des vergers nationaux, selon les chiffres du ministère en charge de l’agriculture. Sur une estimation de 360 mille tonnes de mangues par an au niveau national, plus de la moitié de la production provient de cette province. Un potentiel qui fait d’elle le leader des huit provinces burkinabè où la mangue est produite.

Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, une chose est de produire, une autre est de pouvoir écouler. Et les producteurs ont toujours fait face à ce défi lié à la commercialisation de leurs fruits. Les témoignages des responsables de l’Association interprofessionnelle de la mangue du Burkina (APROMAB) sont illustratifs de cet état de fait. Dans les années 2000, ils assistaient impuissants au pourrissement de leurs produits, faute d’écoulement. De nos jours, la tendance s’est inversée avec le désenclavement de la ville de Orodara, capitale du Kénédougou, l’installation de l’usine Dafani et surtout l’avènement des unités de séchage de la mangue dans ladite ville. Il est connu de tous que la transformation demeure le maillon faible des chaînes de valeurs au Burkina Faso.

Dans plusieurs domaines, le constat est le même. Le secteur secondaire peine toujours à s’extirper des griffes de son état embryonnaire dans lequel il s’est emprisonné depuis belle lurette. Les usines sont rarissimes dans le pays, alors que pour dynamiser une filière, que ce soit la mangue ou tout autre produit, il faut mettre l’accent sur le volet transformation. Même si des progrès sont enregistrés dans ce sens, beaucoup d’efforts restent à faire, si l’on veut booster nos filières. Il y va de l’intérêt des acteurs et partant, de celui de l’Etat. Car, ce sont des milliards F CFA qui sont perdus chaque année dans la vente des produits à l’état brut, où parfois ils sont cédés à vil prix.

C’est en ce sens qu’il faut saluer la création des unités de séchage à Orodara qui appuient l’usine Dafani dans la transformation de la mangue. Ces unités, bien que semi-artisanales, contribuent à résoudre, un tant soit peu, la question de la mévente des mangues, au grand bonheur des producteurs.

Toutefois, leurs responsables sont appelés à miser sur la qualité des produits qui en sortent, si tant est qu’ils veulent conquérir avec sérénité le marché international. Il appartient également aux autorités en charge du commerce de les accompagner pour plus d’efficacité et de promotion. C’est à ce prix que les acteurs des différentes filières pourront réellement tirer profit de leurs activités et apporter leur pierre à l’édification d’un développement harmonieux et durable du pays.

Daniel ZONGO
danielzong62@yahoo.fr