Campagne agricole : le terrain est balisé

La saison des pluies est là. La campagne agricole 2023-2024 aussi. Les acteurs s’activent pour de bonnes récoltes en octobre. Cette réussite dépendra de trois facteurs-clés : la pluviométrie, les semences et les engrais. En ce qui concerne la pluviométrie, les météorologues ont apporté, à temps, les prévisions qui devraient permettre aux agriculteurs de prendre les mesures idoines pour la bonne conduite de leurs activités. Selon eux, il est attendu pour cette campagne agricole, une situation globalement humide sur toute l’étendue du territoire burkinabè et « un début normal à tardif de la saison des pluies ».

Allant plus loin, ils ont révélé que sur la période juin-juillet-août, les indicateurs font ressortir des cumuls pluviométriques prévisionnels « normaux à tendance excédentaire » sur les parties du Sahel, du Centre-Nord, du Nord, du Centre, de la Boucle du Mouhoun et dans la partie nord des régions des Hauts-Bassins, du Centre-Ouest et du Plateau central. Durant la même période, des cumuls pluviométriques inférieurs à la moyenne sont prévus, notamment dans les régions des Cascades, du Sud-Ouest, du Centre-Sud et de l’Est.

Sur le reste du pays, il est attendu des cumuls pluviométriques proches de la moyenne des trente dernières années. Ce qui laisse entrevoir un probable déficit pluviométrique dans quatre régions sur les treize que compte le Burkina Faso. Même si ces prévisions ne sont pas une prophétie et certains paramètres peuvent venir les modifier, il faut tout de même les considérer comme une base solide pour débuter la campagne. Les quatre régions où la probabilité d’un déficit pluviométrique est élevée (Cascades, Sud-Ouest, Centre-Sud et Est) peuvent par exemple opter principalement pour les variétés de semences tolérantes au déficit hydrique.

Les experts de l’Agence nationale de la météorologie (ANAM), pour leur part, recommandent aux producteurs de diversifier les pratiques agricoles en promouvant l’irrigation et le maraîchage, d’adopter des techniques culturales qui conservent l’eau et les sols. Pour ce qui est de la semence, nonobstant les coûts relativement élevés, les producteurs doivent aller vers celles améliorées qui peuvent décupler leurs rendements. En la matière, selon le ministre de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, Dénis Ouédraogo, l’Etat burkinabè entend les soutenir cette année avec 5 277 tonnes. Ces dernières années, les prix des engrais ont coûté la peau à bon nombre de producteurs parce qu’ils sont passés du simple au double.

Des efforts doivent être faits à ce niveau pour leur venir en aide. Certes, selon le ministre Ouédraogo, l’Etat compte mettre à leur disposition 21 666 tonnes d’engrais mais on pourrait aller au-delà en travaillant à une réduction significative des prix sur le marché, vu le niveau d’inflation. Tous ces soutiens de l’Etat sont bien appréciés par les producteurs qui, cependant, relèvent depuis des années, des griefs qui tardent à être corrigés. On en note principalement deux. Le premier est que les engrais et les semences ne leur parviennent pas à temps.

Ce qui peut occasionner un non-respect du programme agricole établi en début de saison. Le second grief, c’est que selon eux, le soutien de l’Etat ne va pas toujours aux « vrais producteurs » car détourné au profit des « plus forts » et des plus introduits dans le milieu. Il y a donc lieu de revoir le circuit de distribution afin de l’assainir pour le bonheur des paysans. C’est à ce prix qu’on pourra réaliser la prévision de 5 308 825 tonnes de céréales, 1 815 970 tonnes de cultures de rente et 1 074 647 tonnes des autres cultures vivrières, pour cette campagne qui débute.

Daniel ZONGO

danielzong62@yahoo.fr