La culture fourragère, l’avenir de l’élevage

Au Burkina Faso, l’élevage est en majorité traditionnel, extensif, où les pâturages naturels constituent la principale source d’alimentation du bétail, contribuant pour près de 85% dans l’alimentation des animaux. Dans l’élevage dit moderne, les charges liées à l’aliment représentent 60% environ des dépenses totales. De nos jours, avec la situation sécuritaire difficile que traverse le pays, les espaces de pâture sont très limités.

A cela s’ajoutent les effets du changement climatique qui renduisent considérablement les surfaces herbeuses. Toute chose qui rend difficile la pratique de l’élevage qui contribue pourtant à hauteur de 18% au Produit intérieur brut (PIB). Que faire face à cette situation qui risque d’impacter fortement l’économie nationale ? Heureusement que depuis la nuit des temps, face à l’adversité, l’Homme a toujours su s’adapter et réinventer ses modes de vie.

C’est ainsi qu’au Burkina Faso et certainement dans d’autres pays de la sous-région ouest-africaine, une nouvelle pratique a vu le jour : la culture fourragère. Cultiver de l’herbe, bon nombre de Burkinabè prendraient cela pour de la folie, il y a quelques années de cela. Et pourtant c’est une réalité aujourd’hui. Selon les techniciens du domaine, la culture fourragère présente des avantages certains.

Elle améliore le revenu des éleveurs en réduisant les dépenses d’aliments, renforce la santé et le rendement des bêtes. Par exemple, des témoignages indiquent que les produits de la culture fourragère permettent de multiplier la production laitière des vaches par deux. Cultiver et stocker du fourrage limite également la transhumance et du même coup les conflits entre agriculteurs et éleveurs. Bien que les premiers essais de culture fourragère datent de 1978, la mayonnaise a tardé à prendre.

C’est maintenant que les Burkinabè se rendent compte de son importance. Seulement, le coût de la semence reste relativement élevé, ce qui peut jouer sur l’adoption de la pratique par un grand nombre de personnes. A titre d’exemple, le kilogramme de semences de toutes les légumineuses fourragères à grosses graines coûte 2 500 à 3 000 F CFA. Les variétés appelées Mucuna et dolique sont à 2 500 F CFA et le sorgho à 1 500 F CFA le kilogramme.

Pour les Stylosanthes, les Brachiaria et le Panicum maximum, leurs semences sont à 25 000 F CFA le kilogramme. Quant à l’Andropogon gayanus dont la récolte de la semence est suffisamment pénible, son kilogramme va de 50 000 F à 75 000 F CFA. Il va falloir donc trouver le moyen de faire face à ce facteur limitant afin que les éleveurs puissent se lancer à fond dans cette activité. En sus, comme toute culture, le fourrage, pour bien se développer, a besoin d’être suffisamment arrosé.

Ce qui pose à nouveau le problème de disponibilité de l’eau et fait ressurgir la nécessité de créer des retenues d’eau en quantité pour faciliter le travail des producteurs. Il faut de toute façon se donner les moyens de vulgariser la culture fourragère car le jeu en vaut la chandelle. Pour un hectare à emblaver, il faut certes entre quatre et six kilogrammes de semences, mais si cet espace est bien entretenu, on peut récolter environ 40 tonnes de matière sèche. Il y a donc de quoi en faire des adeptes.

Daniel ZONGO

danielzong62@yahoo.fr