Le samedi 26 janvier dernier, l’Union burkinabè des clubs autonomes de karaté (UBCAK) a animé une conférence de presse où il a été présenté aux journalistes une décision du Tribunal administratif de Ouagadougou mettant en cause l’existence actuelle des districts, des ligues et la Fédération burkinabè de karaté-do. A la suite de cette décision de justice, nous avons rencontré le conseiller de la Fédération, Moussa Sanou, expert ceinture noire 6e dan de karaté shotokan, qui a réagi.

L’UBCAK, lors d’une conférence de presse, a exhibé une décision de justice annulant les élections au niveau des districts, des ligues et de la Fédération. Quelle est la réaction de la Fédération burkinabè de karaté-do ?

D’entrée de jeu, je ne sens pas le besoin de commenter une décision de justice. Cela relève d’une affaire judiciaire. Cependant, j’ai des observations à faire. Il semblerait que cette organisation estime qu’eu égard à certaines irrégularités dans des districts, il y a besoin aujourd’hui de dissoudre la Fédération. Je dis que c’est franchement déplorable. Je suis désolé. Quand vous regardez la décision de justice de près, celle de Bobo-Dioulasso par exemple, 4 clubs s’organisent pour ester en justice.

Et pour l’un des clubs, le juge répond qu’il n’a pas la capacité d’ester parce que sa requête est irrecevable. Pour les autres qui suivaient le 4e club, le juge dit qu’il n’a pas la qualité pour agir. Ne pas avoir la qualité pour agir, ça veut dire qu’on n’a pas intérêt à l’action. C’est ce que ça veut dire en droit. Cela donne l’impression que des gens qui dormaient se sont réveillés sciemment pour aller entreprendre une action contre d’autres personnes. C’est ce qui est déplorable justement.

La décision est rendue pour le Temple du dragon qui estime qu’il n’a pas été associé pour avoir la même chance que les autres. Dans tous les cas, pour 4 clubs qui ont esté, 3 ont vu leur requête irrecevable et 1 seul a vu la sienne aboutie. Mais il faut tirer leçon de l’action. En karaté, il faut être sincère. Pourquoi, on n’a pas pu résoudre ce problème dans le milieu fédéral ? Cela aurait pu se faire. Mais je sens que derrière ça, il y a une tentative délibérée de vouloir ramener la Fédération actuelle vers le bas. Je suis vraiment surpris.

Qu’en est-il du cas de Ouagadougou ?

Pour le cas de Ouagadougou, c’est presque la même chose que celui de Bobo-Dioulasso. Voici des personnes, au moment du Comité transitoire, il fallait composer le corps électoral. Des clans devaient avoir la capacité d’aller aux élections, et il y a eu la création d’une flopée de clubs en un instant pendant la transition.

Et c’était à dessein. Pour voir clair dans cette création effrénée de clubs, les autorités de la Transition ont décidé de commettre la gendarmerie pour faire des enquêtes, pour voir quels sont les clubs qui exercent effectivement sur le terrain. Mais si des citoyens décident de s’extraire de la procédure d’élaboration du corps électoral en refusant d’obtempérer aux réquisitions de la gendarmerie, aujourd’hui, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux. C’est dû au fait qu’ils n’ont pas accepté les convocations de la gendarmerie, que la gendarmerie n’a pas pu investiguer pour dire si leurs clubs sont réguliers ou pas.

Et c’est pour cette raison qu’ils ont été écartés des élections. Je pense qu’à leur niveau, il faut qu’ils acceptent d’assumer. Maintenant que les élections sont faites et qu’il y a un président qui sort de ces élections, ils reviennent parce qu’ils ne sont pas contents. Ils vont ester en justice contre les élections. C’est du ridicule ! Le comportement de la Fédération, c’est ce qui va ressortir de mon sentiment.

C’est de la désolation, c’est déplorable aujourd’hui. C’est une fédération qui gagne, qui a une bonne assise au niveau sous régional, qui est connue par les actes qu’elle a posés jusqu’à maintenant. Tous ces éléments d’auditoire auraient pu permettre à l’ensemble des karatékas de revenir sur des quelconques humeurs pour s’assoir autour de la table du karaté et accompagner la Fédération pour qu’on ait plus de victoires. Mais malheureusement, ce que je constate, j’ai l’impression que les victoires de la Fédération dérangent certaines personnes. Et c’est ce qui justifie ces réactions aujourd’hui. On aurait pu faire mieux que cela.

La Fédération ne doit-elle pas être dissoute ?

Pas du tout ! Je vais faire une comparaison. Dans une élection communale de 10 arrondissements, si dans 2 d’entre eux, on a constaté des difficultés dans le processus électoral et des gens est en en justice alors que le conseil municipal est déjà installé, est-ce qu’en ce moment-là il faut reprendre les élections dans tous les arrondissements ?

Est-ce logique ? Ou bien faut-il dissoudre le conseil municipal à cause de juste 2 arrondissements à problèmes ? C’est la question que je me prefose. A chacun d’en tirer les conséquences. Dans la décision de la justice, c’est l’Etat burkinabè qui a été attaqué. On a l’impression qu’en ce moment-là, la Fédération n’a rien à dire. Non ! La Fédération est un démembrement de l’Etat burkinabè. Donc, pour la décision qui va à l’encontre des actes de l’Etat burkinabè, la Fédération est en droit de faire une tierce opposition parce qu’elle est liée au ministère des Sports et des Loisirs, notre ministère de tutelle.

Interview réalisée par Fernand KOUDA

Laisser un commentaire