Boureima Maïga (directeur sportif de Salitas)
« Nous respectons la décision même si la déception est grande »

Bien parti pour remporter le titre, le premier de son histoire, Salitas est le grand perdant de la décision d’annulation du championnat national de football 2019-2020. Malgré la frustration, son directeur sportif, Boureima Maïga, prend la décision avec philosophie. Il promet de continuer à travailler « sans rancune » pour revenir encore plus fort les saisons à venir.

La décision est tombée avec l’annulation du championnat national. Réaction ?
Comme vous le savez, nous étions leader avec une avance de six points sur notre dauphin et à la clé le titre de meilleure attaque, meilleure défense. Nous étions bien partis pour être champion. La décision d’annuler la compétition est due à la maladie. Nous la respectons même si la déception est grande. Les joueurs ont été au four et au moulin pour ce titre mais hélas ! Ce n’est que partie remise, nous allons continuer le travail en compétiteur sans rancune pour un jour décrocher ce trophée et faire plaisir à nos supporters. C’est dommage parce que depuis quatre semaines, j’avais souhaité que l’on se penche sur la question mais rien n’y fit jusqu’à aujourd’hui. Nous sortons en campagne africaine et nous allons nous atteler à représenter dignement notre pays. Pour le reste, l’histoire retiendra qu’avec cette fédération, Salitas était en tête à six journées du terme et que le championnat a été annulé.

Penses-tu que la saison pouvait être sauvée ?
C’est vrai qu’il n’était pas exclu que nous fassions le doublé championnat-coupe du Faso. Mais je crois que les compétitions de la CAF et le fait de trouver rapidement des représentants ont beaucoup pesé dans la balance. Ce qui fait qu’à mon avis, sauver la saison était difficile. Maintenant, nous attendons de voir comment l’on va s’y prendre pour récompenser les clubs qui le méritent avec la subvention de la FIFA et surtout les 25% qui devaient être retenus pour les petites catégories.

Selon toi, RAHIMO qui était le représentant des clubs a-t-il vraiment défendu les intérêts des autres ?
Je pense que RAHIMO FC a défendu les intérêts des clubs comme il a pu. Mais la concertation pouvait être élargie à tous les clubs. Et ce faisant, personne ne tiendrait la fédération responsable de cette décision. Car selon moi, la décision était déjà prise et cette rencontre n’a été que juste pour l’entériner. Mais je répète que ce qui est important pour nous, c’est l’aspect sportif et à ce niveau, nous sommes fiers de notre position.

Propos recueillis par Voro KORAHIRE


Karim Barro (président-fondateur de Royal FC)
« Une grande joie »

Si certains clubs tel Salitas déplorent l’annulation du championnat national de football, ce n’est pas le cas de la formation bobolaise
de Royal FC. Son président-fondateur, Karim Barro, a accueilli la décision avec joie.

La nouvelle est tombée, le championnat 2019-2020 ne reprendra plus. Une bonne nouvelle pour Royal FC qui n’était pas sûr de rester en D1 ?
J’ai accueilli cette décision du comité d’urgence avec une grande joie. Je ne vois pas cette décision sur le plan footballistique mais plutôt sur le plan de la protection des acteurs. A travers cette décision, nous voyons que le comité exécutif dirigé par le président Sita Sangaré est bien conscient et songe à l’avenir des acteurs du football burkinabè. Cette décision, je n’ai aucun doute, sera suivie par d’autres pays africains. Déjà en Europe, nous assistons à l’annulation ou à l’arrêt de certains grands championnats comme ceux de la France et de la Hollande. Beaucoup vont penser que notre joie est due à notre position de 13e dans le classement. Non, il y avait toujours de la place à prendre pour nous. Comme j’aime à le dire, au Burkina, toutes les équipes se valent. J’avoue qu’on avait notre mot à dire sur les six journées restantes. On avait déjà grimpé de deux échelons pour éviter la zone rouge. Royal FC avait pris de la hauteur. Certes, nous avons commis des erreurs lors de la phase aller. Erreurs que nous avons corrigées à la phase retour. Ce qui fait que nous avions commencé à torpiller pas mal de grandes équipes. Je conclus en disant que l’un dans l’autre, c’est une très bonne décision. Mais dire que Royal allait sombrer, je ne crois pas. Le championnat va maintenant se disputer avec 18 équipes. Ce qui va offrir plus de grandes compétitions. Nous allons essayer de travailler d’arrache-pied pour occuper une très bonne place dans ce championnat exceptionnel à venir.

La restitution des 25% ponctionnés par la fédération pour la relève est-elle aussi une autre bonne nouvelle ?
J’avoue que l’argent n’a jamais suffi à l’homme. C’est sûr que cette décision de restituer les 25% aux clubs a été bien murie par la FBF. Ce que le ministère ou la FBF nous offre n’est que du soutien. C’est à nous association de compléter pour satisfaire les acteurs. En somme, c’est une très bonne chose. Cela va beaucoup arranger les différents clubs. Particulièrement à Royal, ça va nous permettre de résoudre un certain nombre de problèmes. D’autre part, l’argent qui sera restitué va servir à entretenir les petites catégories de nos différentes équipes. Cet argent va nous permettre de nous organiser, notamment en recrutant de nouveaux joueurs, en confectionnant des licences, etc. Il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte.

Propos recueillis par Yves OUEDRAOGO


Ibrahim Diallo, journaliste sportif
«Ce verdict n’est pas sportif mais sentimental »

La Fédération burkinabè de football (FBF) a décidé de l’annulation de la saison 2019-2020 des championnats D1, D3 et la coupe du Faso à cause de la crise sanitaire mondiale à coronavirus. Pour Ibrahim Diallo, journaliste sportif, ce verdict n’est pas sportif mais sentimental. « C’est l’effort de toute une saison qui est balayée comme ça chez les joueurs. La raison majeure de cette décision, c’est de masquer l’incapacité notoire de beaucoup de clubs à gérer leurs effectifs et surtout à assumer les résultats de la saison », a-t-il déploré.

A seulement six journées de la fin du marathon dans l’élite du Faso foot, Ibrahim Diallo affirme que du côté de la structure faîtière du football burkinabè, on a préféré la décision qui ne risque pas de froisser certains à l’approche des élections. « Je pense qu’à défaut de jouer, il fallait s’en tenir au classement actuel. Les conséquences seront énormes en termes de coûts et de programmation de matchs la saison prochaine », a-t-il souhaité. Avant de poursuivre : « Sinon, les mesures restrictives dues au COVID-19 indexées sont en train d’être assouplies, voire levées. Donc en toute logique, le Faso foot pouvait aller à son terme. L’argent aussi n’est pas un gros souci car en plus du soutien de l’État à travers ses subventions, il y a l’appui exceptionnel de la FIFA.

La coupe du Faso c’était juste 3 journées de compétitions, on pouvait l’achever en 3 semaines ». A l’issue de la 24e journée, Salitas FC était aux commandes à six longueurs de son dauphin, le SC Majestic et le champion en titre, Rahimo FC, fermait la marche du podium. Dans cette configuration, Ibrahim Diallo s’imagine que si c’était l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) et l’Association sportive du Faso- Yennenga (ASFA-Y) qui étaient en tête de ce championnat à l’étape actuelle et Rahimo FC et Salitas FC en queue de peloton, la décision aurait été bien tout autre.

Ollo Aimé Césaire HIEN

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