Après une crise de plus de 5 ans, la famille du karaté-do burkinabè parle désormais le même langage. Comment le président Omar Yugo a pu ramener tout le monde dans le navire ? Quel est l’état des lieux de la discipline ? Ce sont, entre autres, des questions auxquelles le président de la fédération a bien voulu donner des réponses à travers cette interview.

D’où vient votre amour pour le karaté-do ?
C’est très simple. Mon aîné a inscrit mon petit frère, Ali Yugo, au karaté un peu avant moi en 1976. Pour lui, c’est un art qui va lui permettre de se défendre parce que simplement je le frappais. Au bout de 6 mois je le voyais faire les katas. Je me suis dit si je ne m’y mets pas, il va certainement me cogner un jour. Et c’est ainsi que je suis arrivé aux arts martiaux.

Au début, il y avait des dissidents qui n’ont pas voulu vous accompagner. Aujourd’hui vous avez réussi à ramener tout le monde dans le navire. Quelle a été votre politique de rassemblement ?

C’est la résilience. Comme la gestion d’une entreprise, à un moment quand vous êtes au-devant des choses, il ne faut plus chercher à forcément gagner, faire régner votre ego. Il faut voir l’intérêt général. Les gens ont exprimé un point de vu. Ils pensaient qu’ils étaient en situation de prendre la fédération. J’ai d’abord pratiqué la résilience. Deuxièmement, sur les conseils du Mogho Naaba Baongho, nous nous sommes dit qu’il était important de nous unir. La preuve, après l’insurrection, quel que soit ce qui s’est passé, le président Kaboré a mis en place un ministère de la réconciliation. Cela veut dire que quelle que soit la distanciation dans une famille, dans un gouvernement, il y a des moments où il faut poser les armes, se mettre autour de la table et dialoguer. Pour l’intérêt de la fédération burkinabè de karaté, c’est ce que je suis en train de faire.

Quel bilan faites-vous de votre 1e mandat à la tête de la fédération ?

L’objectif fixé était de revenir sur la scène sous régionale et internationale sans espérer autant de médailles. Cela a été fait. Je pense que nous sommes arrivés à nous installer au niveau sous régional où nous sommes numéro 1. De Tikazone 3 à Cotonou en 2017 ou à Ouagadougou en 2018, nous avons supplanté nos adversaires. Sur le plan africain nous occupons le 8e rang. Nous avons engrangé plus de 150 médailles à la fois sur le plan régional, africain et aux jeux africains. Nous avons doublé le nombre de licenciés au Burkina Faso. Aujourd’hui, nous avons plus de 7000 licenciés pour 90 clubs. Sur le plan budgétaire, nous avons réussi à multiplier par 10 ce qui se faisait avant. Sur les trois années, parce que la 1e nous n’avons pas pu travailler, nous avons fait un chiffre d’affaires global de plus de 350 millions F CFA. Grâce à notre partenariat avec la LONAB et les japonais, nous avons réussi à équiper notre fédération pour au moins quatre ans en tatamis. Aujourd’hui l’équipe nationale dispose de matériel d’entraînement, de compétitions, du matériel stratégique d’arbitrage. Enfin je dispose d’un budget qui pourrait me permettre d’envoyer des experts à l’international pour qu’ils se perfectionnent. Et aussi faire venir des experts au Burkina pour des formations. Sur le plan des formations, nous avons organisé des stages de haut niveau assortis des passages de grades. Enfin à Dubaï Karaté 1 premier League, le Directeur technique national (DTN), Maître Corneille Maré, a réussi son examen et devient le premier arbitre mondial (Juge B Kata) du Burkina Faso.

Quels sont vos grands projets pour ce second mandat ?

Pour ce second mandat, nous allons confirmer les acquis et aller au-delà. Je vais définitivement travailler à consolider les relations entre les karatékas pour que plus jamais nous vivions une telle crise que je trouvais inutile. Secundo, je vais travailler à concevoir un dojo national du karaté, voire des arts martiaux où il aura à interner les athlètes pour qu’ils puissent travailler tous les jours et poursuivre les études tout en espérant le haut niveau. C’est un cadre de haut niveau que je souhaite concevoir et laisser pour la postérité. C’est un défi que je compte relever.

Si tout va bien, les jeux olympiques se tiendront cette année. Est-ce qu’on peut espérer voir des karatékas burkinabè au Japon ?

C’est mon intime conviction, pour deux raisons. Premièrement s’il n’y avait pas le COVID-19, ça allait être très juste d’être aux JO l’an passé. Mais le fait qu’il ait eu cette pandémie cela nous laisse une marge de partir à 3 karaté one pour la recherche des points. Nous avons 4 athlètes qui sont à la limite de rentrer dans cet effectif. Avec beaucoup de courage j’ai l’intime conviction qu’on aura 1 ou 2 athlètes dans cette liste. Ce qui est sûr j’ai le soubassement nécessaire qui me laisse croire qu’en 2024, nous aurons des karatékas. Mais là j’ai encore espoir que nous pourrions glaner quelques points et y être.

Vous êtes le président de l’UFAK région Ouest ? Qu’est-ce qui vous a motivé à briguer ce poste ?

Ce sont mes collègues qui n’ont proposé. Je l’ai accepté en son temps parce qu’on venait de sortir d’une crise. J’avais envie de marquer mon territoire définitivement. Président de zone, le débat au niveau national est clos. De deux, j’avais envie d’apporter quelque chose de nouveau. Je trouvais que la région n’avait pas beaucoup de compétition. Elle ne profitait pas des capacités qui lui étaient offertes. Et c’est un challenge pour nous de faire de l’UFAK régionale un cadre d’échanges entre les pays pour le développement du karaté.

Entretien réalisé par Ollo Aimé Césaire HIEN

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