Les rideaux sont tombés sur la saison 2022-2023 des Ligues 1 et 2, le 28 mai dernier avec la finale de la coupe du Faso. Au sortir de cette saison qui a vu le sacre de l’AS Douanes en Ligue 1 et l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO), vainqueur de la coupe du Faso, l’heure est au bilan. Le Secrétaire exécutif de la Ligue de football professionnel (LFP), Julien Tiendrébéogo, dans l’interview qui suit, fait une revue de la saison que sa structure a organisée.

La saison 2022-2023 s’est achevée avec le sacre de l’AS Douanes. Est-ce un beau champion après 30 journées ?

L’AS Douanes est un beau champion. Elle a pris les commandes dès le début du championnat. Après, le suspense était à son comble avec des poursuivants qui ont cru jusqu’à ce match de référence de la 28e journée qui a fait une audience record avec plus de 4 500 spectateurs. Je pense qu’aujourd’hui, l’AS Douanes s’est bien positionnée avec les autres équipes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso dans la mobilisation des supporteurs. Il faut dire que la présence de l’ancien sélectionneur auprès de cette équipe permet de mobiliser. Au niveau de la ligue, en termes de stratégie cette année, nous avons eu des éléments de stratégie de communication. Si vous avez remarqué, nous avons pu faire des affiches spéciales pour booster certaines rencontres. Oscar Barro, Kamou Malo, Mousso Ouédraogo, Amadou Sampo avant son départ pour le Congo, sont des entraineurs que nous avons utilisés pour booster des rencontres du championnat. Nous pensons qu’au terme des 30 journées, l’AS Douanes est un beau champion.

En tant qu’organisatrice, quel bilan dressez-vous de cette saison ?

La Ligue de football professionnel (LFP) peut s’estimer satisfaite dans le sens que l’objectif qu’elle s’est assigné est atteint : à savoir l’organisation des deux championnats Ligue1 et Ligue 2 ainsi que la coupe du Faso. Toutes ces compétitions se sont relativement bien déroulées. Il n’y a pas eu de tension, ni de violences. Nous mettons cela à l’actif de tous les acteurs du Faso foot. Chacun de nous a fourni des efforts pour que la saison se passe bien. Que ce soit les dirigeants des clubs, les joueurs, les staffs techniques… il y a eu de la fraternité, du fairplay, pour que nous puissions avoir une saison apaisée. La saison également s’est déroulée dans le temps imparti avec une affluence très intéressante dans les stades vers la fin.

Contrairement aux autres saisons, le calendrier n’a pas été trop perturbé. Quelle a été votre stratégie ?

A la Ligue de football professionnel, il y a trois éléments. Le premier, c’est le facteur temps. Pour cela, il faut féliciter les autorités fédérales qui nous ont accompagnés à pouvoir débuter le championnat à temps et à pouvoir adopter le plan que vous avez constaté qui était expérimental. Nous avons eu suffisamment de temps pour faire une planification générale harmonisée avec toutes les trois compétitions.

Cela a donné beaucoup plus de visibilité en termes de préparation pour les équipes. Chaque équipe savait quand elle joue et comment préparer ses déplacements. Ce qui a permis aussi d’apaiser les équipes parce que les matchs n’étaient pas rapprochés. Chez nous, les gestionnaires des clubs sont essentiellement des bénévoles. Entre les occupations professionnelles, les occupations des activités du football et avoir à organiser les matchs tous les trois jours, c’est contraignant et occasionne des tensions. Nous avons mené un travail de réflexion et d’analyse à la ligue et nous avons remarqué que c’est essentiellement quand les matchs sont rapprochés que les tensions sont vives.

Nous avons essayé donc de décanter cela. Ensuite, l’autre aspect est la posture proactive. C’est-à-dire quand il y a une difficulté liée à la programmation qui nécessite une reprogrammation ou un ajustement du calendrier, nous le faisons systématiquement sans laisser le temps passer et notre réaction est immédiate. Le troisième aspect, c’est la communication avec les clubs et les ligues qui organisent les matchs. Nous avons entretenu un dialogue de collaboration avec ces entités. Je salue au passage le travail formidable que les ligues régionales abattent. Ce sont des acteurs incontournables et nous ressentons leur travail. Leur contribution est essentielle pour la tenue des compétitions. Nous remercions aussi les clubs. Cette année, la qualité de la collaboration a été meilleure que les autres saisons. Le dialogue a été fluctueux et nous avons eu même à travailler ensemble sur certaines stratégies.

Vous avez initié un certain nombre d’innovations en début de saison. Avez-vous atteint vos objectifs ?

En termes d’innovations, nous avons fait beaucoup de choses à la fois. Il y a l’aspect technique, notamment la relecture des critères de classement et l’harmonisation des 5 remplacements. Nous avons renforcé certaines dispositions. Il y a eu aussi la dimension communication. Nous avons changé carrément de paradigme avec les concepts. Mais dans le fond, c’est une communication axée sur les matchs. Nous nous sommes donné pour objectif de ne pas jouer un seul match du championnat sans un minimum de communication. Nous n’avons pas encore explosé les audiences, mais l’objectif est atteint. Nous pensons avoir clôturé la saison sur une très bonne base. Il y a un regain sur l’intérêt que l’opinion porte sur le championnat. La finale de la coupe du Faso et les dernières journées du championnat en sont des preuves. C’est un processus et je pense que si nous continuons avec l’accompagnement de la presse et des autres acteurs, nous allons y arriver. Nous avons aussi tenté d’intégrer la dimension humaine dans l’organisation du championnat, notamment la journée d’hommage aux FDS et aux PDI qui a été fortement saluée par les autorités fédérales qui nous ont d’ailleurs accompagnés. C’était un premier pas. Nous pensons l’inscrire en perspective pour la saison prochaine, pour que ceux qui sont au front sachent que la communauté du football pense à eux. L’autre élément qu’il faut retenir, c’est l’introduction de FIFA+. Quoi qu’on dise, l’audience aussi n’est pas seulement dans les stades. Elle est à capitaliser à travers FIFA+ qui nous a permis de retransmettre presque l’intégralité du championnat. Sur les 240 matchs, il n’y a que 2 qui ne sont pas passés sur la plateforme. Ce qui est une très bonne performance si nous nous référons à certains pays qui sont rentrés dans la même dynamique

Quels ont été vos satisfactions et aussi vos regrets sur l’ensemble de la saison ?

Nous n’avons pas eu beaucoup de regrets sauf quelques incidents. Dans l’ensemble, le sentiment c’est plus la satisfaction que les regrets. L’organisation de la dernière journée a fait jaser, surtout sur les réseaux sociaux avec, notamment, le podium sur lequel l’AS Douanes a reçu son trophée.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je pense que les temps changent, les aspirations des acteurs aussi. Nous sommes tous unanimes que le champion doit être célébré pour l’effort qui est fourni, pour stimuler les autres. Si pour cette saison, le champion n’a pas été suffisamment célébré, nous allons prendre en compte les commentaires, les observations pour mieux célébrer les champions les saisons à venir.

Quelles sont les qualités que doit avoir un SE de ligue dans un pays comme le Burkina ?

Je pouvais me prononcer si je n’étais pas Secrétaire exécutif (SE) de ligue en donnant un portrait-robot. Le faire étant SE serait un sentiment biaisé. Le statut de SE de ligue est intimement lié au statut de la LFP. Notre LFP a besoin de réformes pour pouvoir être en phase avec les aspirations des acteurs. Ces réformes doivent être portées par les clubs. Ce sont les clubs qui doivent être en mesure de dessiner leur destin à travers le statut de la LFP et du Secrétaire exécutif.

Vous vous projetez déjà sur la saison prochaine ? Au niveau de la LFP, il n’y a pas de répit. L’élaboration d’un calendrier nécessite beaucoup de temps. Nous n’avons pas encore un logiciel adéquat qui nous permet d’effectuer des filtres et des requêtes pour pouvoir élaborer électroniquement le calendrier. Le minimum de temps pour élaborer un calendrier stabilisé de la Ligue 1, c’est deux mois. Et nous le faisons manuellement. Mais il y aura une nouvelle donne la saison prochaine.

La Ligue 1 va se disputer à Banfora. Donc, il nous faudra reformater un nouveau calendrier qui puisse répondre à l’aspiration et aux réalités du moment. Toujours parlant des projections, nous devons prendre en compte la CAN en Côte d’Ivoire où les Etalons sont déjà qualifiés. Malgré cette CAN, nous devons être résilients en absorbant ce mois de compétition afin de permettre aux acteurs d’être à l’aise.

La Rédaction

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