Editorial : osons essayer

Le climat du Burkina Faso fait penser, souvent à tort, que certaines plantes ne peuvent pas être cultivées sur nos terres. Des Burkinabè ont commencé à démontrer le contraire. Cheickna Savadogo, technicien en hévéaculture, qui après ses études en Côte d’Ivoire, est rentré au pays depuis plus de dix ans est de ceux-là.

Il est venu pour mettre en pratique ce qu’il a appris avec deux espèces d’hévéa adaptées au sol et au climat burkinabè. En effet, après plusieurs études menées dans les régions du Sud-Ouest, des Cascades, des Hauts-Bassins et de la Boucle du Mouhoun avec les conditions climatiques et de fertilité du sol propres à la culture de l’hévéa, il conclut que deux types sont cultivables dans ces zones.

Mieux, chose curieuse, il constate que les germoirs qui ont besoin de trois semaines pour que les graines poussent en Côte d’Ivoire, demandent moins de 10 jours au Burkina Faso. Ce qui l’a donc rassuré quant à l’adéquation du sol avec la culture de l’hévéa. Des plants très résistants avec une durée de vie pouvant atteindre 60 ans. Avec déjà des centaines d’hectares dans plusieurs zones de l’Ouest du pays, il veut faire du Burkina Faso, un pays producteur de caoutchouc.

A Ya, dans la commune rurale de Silly, dans la Sissili, des confrères ont fait écho, en 2020, d’un champ expérimental de cacao qui présentait une très bonne physionomie. Les plants commençaient à présenter leurs premières cabosses. A Bagrépole, un compatriote du nom de Larba Issa Sorgho, après une expérience en Côte d’Ivoire, cultive depuis 2015 du cacao, de l’avocat, le palmier à huile, de la cola.

Il a cru en lui, faisant fi des critiques qui pouvaient le décourager, pour prouver que ce que l’on a toujours cru impossible est possible. « Au début, on me prenait pour un fou parce que personne ne croyait que ces plants puissent pousser au Burkina. Ils sont aujourd’hui surpris de l’évolution de mon champ qui fait l’objet de curiosité », a-t-il déclaré lors d’un entretien. Il y a quelques jours de cela, la télévision BF1 diffusait un reportage sur Oumarou Compaoré qui expérimente la culture de l’ananas depuis quelques temps sur un sol caillouteux.

Parti d’un demi-hectare, il exploite actuellement un hectare et demi avec pour ambition d’atteindre six hectares d’ici quelques années. Mais déjà, à l’écouter, la culture de l’ananas a un avenir prometteur car la production est bonne avec des fruits bien sucrés (qu’il lie au soleil du Burkina) et l’inexistence, sur son site, de certaines maladies généralement rencontrées dans les pays côtiers réputés producteurs d’ananas.

Ce business qui peut donner un bénéfice de 12 à 13 millions par hectare, selon ses dires, va certainement tenter les agriculteurs. Les exemples sont légion pour dire de quitter les préjugés et les stéréotypes pour se lancer dans de nouvelles aventures en termes de production agricole au Burkina Faso. Il faut même aller au-delà en expérimentant d’autres spéculations très peu connues sous nos cieux, pourtant très rentables.

Il s’agit, entre autres, du poivre, du petit cola ou bitter cola ou du djansang encore appelé akpi. Ce sont toutes des plantes qui, visiblement, ne demandent pas beaucoup d’eau pour croitre. Il faut juste oser les essayer. A toutes ces possibilités qui s’offrent à nous, s’ajoutent les produits adoptés depuis longtemps et qui ont donné la preuve de leur rentabilité, comme la noix de cajou considérée aujourd’hui comme le cacao du Burkina.

Daniel ZONGO

danielzong62@yahoo.fr