Personnage emblématique du football burkinabè, Idrissa Malo Traoré dit Saboteur ne mâche ses mots quand il s’agit de parler de football, surtout burkinabè. Ce septuagénaire a toujours une mémoire d’éléphant. Véritable baobab, c’est un cours d’histoire du football burkinabè qu’il retrace à travers cet entretien.

Vous avez amené l’équipe de l’ASEC-K a déjoué les pronostics avec un classement acceptable dans le championnat l’an passé. Quel a été votre secret ?
Il y avait une bonne organisation qui a été mise en place avec le président Inoussa Tapsoba. C’est un grand manager de notre football, même s’il préfère la discrétion. Il a su mettre en place une structure pour accompagner l’équipe. C’est ainsi qu’il m’a demandé de venir l’aider. Je précise qu’il fut à une certaine époque mon joueur. Il m’a confié le rôle de manager. Au-delà des tâches techniques, je m’occupais aussi de celles administratives. C’est cette confiance qui a fait que je travaillais dans de bonnes conditions. Il était toujours à l’écoute. Comme vous le savez, si un entraîneur n’a pas d’autorité, il ne peut pas travailler. Aussi, les joueurs étaient dans de bonnes conditions morales, physiques et psychologiques. L’un dans l’autre, cela a été la clé de la réussite de l’ASEC de Koudougou. Tout ce que j’ai proposé au président, il l’a accepté. A savoir que les joueurs puissent être regroupés comme dans un centre d’internat. A l’exception de trois joueurs qui logeaient toujours avec leurs parents, les autres étaient dans une cité. Le terrain d’entraînement était situé à peine 200 mètres du domicile des joueurs. Seul un mur me séparait du lieu d’hébergement des joueurs. Ce qui veut dire que nous vivions pratiquement ensemble. La communication était permanente entre nous. Ce qui nous a permis d’occuper cette 4e place en championnat et d’être 3e en coupe du Faso.

Vous avez surpris tout le monde en vous engageant cette saison en faveur du RCK. Qu’est-ce qui explique ce choix ?
Le fondateur du RCK, Lassina Traoré, était comme un grand frère pour moi. Il était inspecteur au chemin de fer. Moi-même j’y ai travaillé comme commissaire de police, chef de la police du chemin de fer. Quand les dirigeants du RCK sont venus me voir, j’ai demandé un temps de réflexion. Dans nos échanges, ils ont avancé qu’ils souhaitaient que je vienne apporter une certaine rigueur dans l’encadrement. En pensant à mon ami et frère Lassina Traoré, j’ai accepté de m’engager. C’est ainsi que mon staff et moi avons travaillé à transformer l’esprit du groupe. A un certain moment, l’équipe a commencé à se bonifier. Nous avons constaté qu’il y avait une solidité sur le plan mental, physique et tactique. Avant son annulation, le championnat comptait 6 matches à jouer. Ce qui veut dire qu’il y avait 18 points à prendre. Ce qui est sûr, avec la forme affichée de l’équipe, il était certain que le RCK allait se maintenir en D1.

Il a été dit que c’est vous qui aviez insisté pour le recrutement d’Hervé Oussalé. Pourquoi lui ?
Hervé Oussalé est mon petit. C’est moi qui l’ai appelé pour la première fois en équipe nationale. Il devait toujours être junior à son temps et il jouait à l’EFO. C’était à l’occasion d’un match amical face au Maroc. Et pour le match, tout le monde était étonné de son rendement. C’est ainsi que lui et moi, avions gardé le contact. C’est un jeune qui m’écoute beaucoup. Je lui donne souvent des conseils. Des gens disent qu’il est difficile. Moi, je dirai qu’il a des principes. Il dit la vérité et n’aime pas l’injustice. Il aime son indépendance. Pour moi, c’est cela un homme. Quand je l’ai approché pour qu’il vienne m’aider au RCK à remonter l’équipe, il a donné son accord et j’ai informé les dirigeants. Au départ, ils ne croyaient pas qu’il allait accepter. Il y a des équipes qui lui ont proposé 5 millions FCFA à la trêve et il a refusé. C’est comme ça qu’il a accepté nous accompagner. Oussalé est un jeune qui peut rendre beaucoup de services à notre football au plus haut niveau. Il suffit de savoir l’encadrer. Qu’il sache que vous le considérez et que vous l’aviez fait confiance. Sur le plan psychologique, c’est un garçon qui a besoin des gens qui l’encadrent. Et qu’il sente que vous lui aviez confié une responsabilité. Hervé Oussalé peut rendre beaucoup de services à notre équipe nationale. Dans des matches difficiles, il peut débloquer des situations. Mais si on a des préjugés sur lui, il ne vous fait pas confiance.

Quelle est, selon vous, la meilleure équipe du championnat qui vient d’être annulé ?
Je n’ai pas vu une équipe qui transcendait, qui avait toutes les qualités qu’aucune équipe ne peut aborder. Je le dis parce qu’il y a des championnats, où une équipe gagne toutes les autres du début jusqu’à la fin du marathon. Je me rappelle quand j’étais entraîneur de l’ASEC d’Abidjan, on n’a pas concédé la moindre défaite au cours du championnat. A 10 journées de la fin du championnat ivoirien à son temps, nous étions déjà champions.

Pensez-vous que l’annulation du championnat est une bonne décision ?
Nous sommes dans une période de pandémie de la COVID-19. Beaucoup de pays comme nous ont arrêté leur championnat. Ce n’est donc pas le Burkina Faso seulement qui a annulé son championnat. Pour moi, c’est une décision sage. Même l’Etat ne peut pas donner la garantie qu’il peut maîtriser l’évolution de cette pandémie et dire la période où la courbe va baisser. Et comme vous le savez, le football est un sport fait de duels. L’on ne peut pas jouer un match de 90 minutes sans un corner ou sans un coup franc. Alors que s’il y a un corner, il y a des duels directs. Les joueurs s’attrapent, ils se marquent, ils se donnent des coups de tête et d’autres même crachent. Par mesure de précaution, et sachant que le football est un sport de contact, c’était mieux d’arrêter le championnat.

Quelle appréciation faites-vous du niveau du football burkinabè ?
Quand vous parlez de football, ce n’est pas seulement les joueurs de champ, il y a aussi l’environnement. C’est-à-dire les dirigeants, les ligues, les fédérations, la presse, les supporters, l’encadrement, les joueurs, les supporters, etc. D’une manière générale, depuis ces 4 dernières années, il y a eu un bond significatif. Le football est arrivé au Burkina précisément à Bobo-Dioulasso vers les années 1935. Par la suite, il y a eu la modernisation et les fédérations se sont succédé. J’ai vu passer toutes ces fédérations. J’ai même travaillé avec certaines comme entraîneur national. Il y a eu des fédérations qui avaient des difficultés de fonctionnement du fait de leur mauvais management. Les fédérations se succédaient ainsi avec des démissions. Il n’y avait pas de stabilité. Je me rappelle quand j’étais entraîneur national, ma fédération à son temps a démissionné vers 16h. C’est chemin faisant que l’actuelle fédération dirigée par le colonel Sita Sangaré est arrivée. Et jusque-là, les résultats parlent en sa faveur. Nous avons joué une finale de CAN en 2013. Après cette finale, nous avons eu la 3e place. Tout récemment, les jeunes ont remporté la médaille d’or aux Jeux africains. On s’est qualifiés plusieurs fois dans les compétitions africaines. Nous sommes à notre 3e participation au CHAN. Il y a beaucoup de compétitions où nous sommes représentés. Le football féminin existe. La compétition des jeunes marche également. La subvention des clubs, je crois, au début, n’atteignait pas 5 millions FCFA. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 15 millions FCFA. Il y a eu l’aménagement des infrastructures. On a mis des grilles de sécurité sur des terrains pour qu’on puisse y jouer des matchs. Les deux derniers sont à Bobo-Dioulasso notamment sur les terrains du RCB et de l’ASFB. Lui-même de par ses qualités, il est actuellement membre du comité exécutif de la CAF. Il est également membre de la commission du développement du football de la FIFA. Etant là-bas, il n’est pas resté égoïste. Il a essayé de faire ce que les autres pays font, c’est-à-dire placer des Burkinabè à des postes. C’est dans cet objectif qu’il a réussi à mettre maître Sama à la commission juridique de la CAF. Il a mis le même Sama au Tribunal administratif du sport dont le siège est en Lausanne. Tout récemment, il y avait le poste de directeur exécutif de l’UFOA zone B avec résidence à Abidjan. Il y avait le Bénin, le Niger et la Côte d’Ivoire qui voulaient le poste. De par son audience, ses relations, il a réussi à convaincre ses pairs des fédérations sœurs. C’est ainsi que le Secrétaire général de la Fédération qui est un ancien international, Boureima Balima, a pu être positionné à ce poste. Présentement, il n’a pas encore rejoint compte tenu de la fermeture des frontières. J’ai eu la chance de suivre l’évolution de notre football de l’indépendance à nos jours. Je pense que pendant ces 8 ans, non seulement il y a eu du progrès sur le plan des infrastructures, sur le plan du potentiel humain, sur le plan de la formation, etc. Si l’intérêt général qu’on recherche, on veut que notre pays rayonne sur le plan international, je pense qu’il n’y a rien à dire.

Ces derniers temps, de nombreux clubs n’arrivent pas à payer leurs joueurs. Qu’en pensez-vous ?
De nombreux clubs n’arrivent pas à payer leurs joueurs parce qu’il faut que nous arrivons à faire changer les clubs de statut afin qu’ils deviennent des entreprises. Quand je parle, je prends toujours des exemples. Quand j’étais à l’ASEC d’Abidjan qui est une entreprise, pour pouvoir voter, il faut avoir une carte de membre de 250 000 FCFA. Tous les supporters cotisent chaque fin du mois sur l’ensemble du territoire ivoirien. On fait le bilan de toutes les villes. Dans la ville d’Abidjan, c’est par quartier que le bilan des cotisations se fait. Il y a même une concurrence entre les villes pour voir quelle est celle qui a le plus cotisé. En plus de cela, ils ont des boutiques où il y a des gadgets, des journaux, etc. Il y a des actionnaires, des sponsors du club. Quand j’étais là-bas, une société de téléphonie mobile donnait 900 millions FCFA par an à l’ASEC. Moi-même, j’avais droit à un crédit de communication de 1 million FCFA. Si je prends l’exemple du Burkina, vous prenez une équipe comme l’EFO qui a beaucoup de supporters.
Dites à ces supporters sur toute l’étendue du territoire de cotiser régulièrement 100 FCFA. L’EFO va avoir beaucoup d’argent. Mais les gens ne veulent pas se sacrifier. Souvent, on laisse le poids sur une ou deux personnes volontaires, qui veulent aider les clubs. Elles aussi, quelle que soit leur bonne volonté, il y aura des moments où elles seront coincées. Quand elles sont coincées et qu’il n’y a personne pour les aider, elles attendent un moment le temps d’avoir des entrées d’argent pour être un peu plus à l’aise avant d’aider les jeunes. Je pense que c’est ce qui fait que certaines équipes n’arrivent pas à être régulières dans le paiement des joueurs.
Quel est votre plus beau souvenir d’entraîneur ?
Je n’ai pas un seul beau souvenir. Il y a eu d’abord la qualification du Burkina Faso à la CAN 96. Avant que je ne prenne l’équipe, personne ne voulait la coacher. Je suis donc arrivé en sapeur-pompier. C’est pour vous dire qu’à cette époque-là, j’avais 300 000 FCFA comme indemnités, puisque je travaillais et j’étais commissaire de police. Ce qui veut dire que j’avais déjà un salaire. C’est quand j’ai qualifié le pays qu’on m’a ajouté 200 000 FCFA mais je n’ai pas eu le temps de toucher le supplément puisqu’on m’a limogé en Afrique du Sud. Je précise qu’après mon limogeage, un ordre de recettes m’a été envoyé pour qu’on retienne sur mon salaire de commissaire de police le montant total des indemnités que j’ai perçues. Quand je parle aujourd’hui de notre football, je le fais avec sincérité. Je parle parce que je suis un patriote et j’aime mon pays. Nous sommes un Etat laïc, un Etat démocratique et républicain. A l’époque, les gens ne pouvaient pas croire qu’on pouvait se qualifier. Nous avons souffert. On m’avait donné un vieux véhicule qui tombait en panne à chaque fois au bord de la route. Je ne sais pas qui a dit au président Blaise Compaoré que le véhicule de votre entraîneur tombe toujours en panne. Il ne m’a pas appelé. Deux semaines après, nous avons été informés de la tenue du tournoi Black Star où il y avait le Gabon, le Mali, le Ghana et le Burkina Faso. Avant d’aller au Gabon, nous avons battu le Mali ici 3-1 en match amical. Nous étions 4 pays pour le tournoi Black Star. Nous avons joué la demi-finale contre le Mali. Nous devons jouer contre le Mali et le Gabon contre le Ghana. Le Gabon a fait changer le tirage parce qu’il voulait jouer contre nous et non le Ghana. Le Burkina a battu le Gabon 5-3 et le Mali a battu le Ghana. Nous avons donc joué la finale de ce tournoi contre le Mali que nous avons battu après les prolongations. Le but a été inscrit par Issaka Tassembédo dit Aka dans les arrêts de jeu. Ce jour, Ouagadougou était en liesse. C’est quand je suis revenu que le président Compaoré m’a invité à Ziniaré. Il m’a dit qu’il ne savait pas que les joueurs locaux pouvaient jouer jusqu’à ramener une coupe. Il a promis dorénavant de s’occuper des équipes. Il disait qu’il ne voulait pas s’en occuper parce qu’il ne voyait rien. Il m’a demandé ce qu’il faut. Je lui ai dit qu’il y a trois conditions. Je ne parle pas de moi mais des joueurs. Premièrement, il faut augmenter les primes car ce que les joueurs percevaient était dérisoire. Ils avaient 50 000F en cas de victoire et j’ai proposé 1 million FCFA et 700 000 FCFA pour le match nul. Deuxièmement, il faut les équipements. Il faut faire de telle sorte que les joueurs ne portent pas des bas et des culottes troués. J’ai demandé à ce que ces équipements soient commandés par containers. Et troisièmement, les infrastructures. Revenons sur les primes et les équipements. Blaise Compaoré a téléphoné devant moi au ministre des Sports de l’époque, Ibrahim Traoré et lui a dit de prendre un arrêté pour instaurer les primes de match à 1 million pour une victoire et 700 000 F pour un match nul. Il a même rassuré que c’est lui qui paierait ses primes. C’est bon de vous retracer l’histoire de notre pays. Il a dit ensuite de passer le voir pour qu’on commande des containers d’équipements. En ce moment, le siège de la Fédération était à Gounghin. Il restait le 3e point qui n’était pas réglé. Il m’a demandé d’expliquer ce que je veux dire par infrastructures. Je lui ai dit qu’il faut un centre où on doit recevoir les équipes nationales, pas le football seulement. Un centre comme Clairefontaine en France. Il m’a ainsi donné un rendez-vous un jeudi où était logée sa femme, derrière l’Assemblée nationale. Je suis arrivé trouver qu’il y avait déjà du papier et les outils nécessaires pour travailler. Nous avons commencé à travailler lui et moi. J’avais le modèle de Clairefontaine. Tous les jeudis, je venais pour que nous travaillions. C’était le Centre omnisports des Etalons (COMET) qui s’étendait jusqu’à l’école de football des Allemands FOGEBU. Là où il y a le siège de la Fédération, était prévue la direction technique nationale. La Fédération devait être là où il y a FOGEBU. Il allait y avoir des maisons basses avec tous les bureaux. Il était même prévu un immeuble R+2 pour un hôtel. Au COMET, on devait pouvoir recevoir les équipes nationales de toutes les disciplines avec leur terrain de jeu. Quand on a fini, un architecte devait mettre tout ça en forme. J’ai donc préféré amener un architecte du domaine du sport. C’est ainsi que je suis allé chercher Isaac Abel, président de l’EFO. Quand il a fini le plan, nous sommes allés voir Blaise Compaoré qui a appelé Nyampa, le directeur des infrastructures. Il lui a remis le plan d’exécuter tout en le prévenant que c’est lui qui va financer. Notre mission était terminée. Plusieurs années après, je suis parti à l’étranger. Quand je suis revenu, j’ai trouvé que le COMET n’était pas aux normes du plan initial. Je veux juste dire que le COMET est l’œuvre du président Compaoré et moi. Maintenant, nous étions en train d’aller en Afrique du Sud pour la CAN avec comme ministre des Sports, Ibrahim Traoré. Malheureusement, par les manœuvres politiques, il a été limogé alors qu’il était bien avec tout le monde : les joueurs, l’encadrement, les dirigeants, la Fédération. Il a été remplacé par le médecin Joseph Tiendrébéogo. Voilà comment les manœuvres politiques influencent notre football. Quand nous sommes partis, les choses ont commencé à se dégrader. C’est comme un coup qui avait été préparé. J’avais souhaité que nous allions en Ouganda et on me l’a refusé. C’est encore le président Compaoré qui a donné son avion spécial et il nous a fait accompagner par le ministre des Affaires étrangères qui était le Dr Ablassé Ouédraogo. Arrivé à Gaborone, il n’y avait même pas de terrain d’entraînement alors qu’on nous avait fait savoir que tout était préparé pour attendre l’équipe. C’était Roch Marc Christian Kaboré, l’actuel président qui était le Premier ministre. Lui, suivait l’évolution de l’équipe. J’avais son contact et je l’ai appelé pour lui dire que nous sommes arrivés mais il n’y a pas de terrain d’entraînement. Le seul terrain était leur stade mais était en réfection. J’ai rencontré une connaissance sur place, un ancien entraîneur ghanéen qui était en Côte d’Ivoire. C’est lui qui nous a dit qu’on pouvait s’entraîner sur le terrain de la prison civile, un terrain caillouteux. On ne pouvait donc pas jouer. Néanmoins, nous y sommes allés et j’ai essayé de donner de petits exercices de footing aux joueurs sans s’entraîner pendant deux semaines avant d’aller en phase finale de la CAN. Les joueurs n’étaient plus en forme. Les gens ont caché ça. Ils ont commencé à faire des réunions pour que l’équipe échoue. Des joueurs ont été même contactés pour saboter des matchs. C’est pour cela quand nous sommes revenus, on avait demandé qu’on fasse le bilan et le ministre Tiendrébéogo a dit qu’il n’y aura jamais de point. Ainsi, on m’a enlevé pour que je ne sois pas à la CAN 98. Comme cela, ils pourront faire ce qu’ils veulent. J’ai donc demandé à rencontrer la Fédération, parce que j’ai eu des informations. Elle n’a jamais voulu qu’on se rencontre. Un jour, Joseph Tiendrébéogo m’appelle dans son hôtel avec d’autres dirigeants pour me dire qu’il a reçu un coup de fil du haut lieu depuis Ouagadougou pour que je classe deux joueurs. Je lui ai dit que je ne marche pas comme cela. D’ailleurs, parmi ces deux joueurs, un était à l’infirmerie. C’est la même nuit qu’on m’a convoqué à l’hôtel pour me donner un papier écrit à la main, pour me dire que je suis limogé. Aussi, on m’a dit que je ne pouvais plus suivre la délégation pour aller dans l’autre ville pour le dernier match de la CAN 96. C’est comme cela que j’ai quitté l’Afrique du Sud, transité par Abidjan pour rejoindre Ouagadougou. Voici comment s’est passée l’affaire de l’Afrique du Sud. Les gens ont toujours caché la vérité. Néanmoins, notre parcours durant les éliminatoires m’a beaucoup marqué. Nous étions face à des pays comme le Maroc qui venait du mondial, la Côte d’Ivoire qui avait de grands joueurs. Malgré tout, nous avons pu faire 2-2 à Abidjan alors qu’on jouait à 10 depuis la première mi-temps. Après, nous avons battu le Maroc chez nous et aller obtenir le nul 0-0 au Maroc. C’est là que le roi du Maroc a limogé toute la Fédération, le ministère. Il a même fait écarter des joueurs. Dans l’histoire de notre pays, nous avons pu se faire respecter. C’est de là qu’il y a eu la révolution de notre football. Je suis fier avec tous ceux qui étaient avec moi à cette époque, y compris le ministre Ibrahim Traoré. Certains dirigeants ont été honnêtes avec moi.

Peut-on dire que votre limogeage a été l’un de vos mauvais souvenirs ?
Non, ce n’est pas un mauvais souvenir. Au contraire, c’est une marque négative de gestion de notre pays. Les manœuvres politiques font que souvent, on ne peut pas progresser. Et ça continue jusqu’à nos jours.

Vous avez fait plusieurs passages à la tête des Etalons. Quelle génération vous a le plus donné satisfaction ?
Je peux dire que c’est la génération de la CAN 96. Sinon la génération 2006 des Jonathan Pitroipa qui a fait un match historique contre le Sénégal n’est pas aussi en reste. Je me rappelle qu’à ce match, personne ne croyait à cette équipe. Je me rappelle que la semaine du match, nous avons joué contre l’EFO. C’est lors de ce match que j’ai repéré Bakari Koné. Je l’ai immédiatement sélectionné. Kassoum Ouédraogo Zico, président de l’EFO d’alors, qui est un de mes anciens joueurs était de bonne foi. Il est venu me voir. Il a dit : « coach, tu as été mon entraîneur et je ne veux pas que tu aies des problèmes. Ce joueur est à l’EFO mais on est prêt à le libérer. Si tu le prends en équipe nationale, tu vas avoir des problèmes ». Je l’ai remercié. Mais ce que j’ai vu en lui dans le match qu’il a livré contre Koné Issouf qui jouait à Rosenberg, je sais qu’il a des qualités naturelles. Il suffit de l’encadrer et il va faire un grand match contre le Sénégal. C’est ainsi que je l’ai amené au COMET en prenant le soin de lui montrer les limites à ne pas franchir. Comment il devait attaquer et surtout son positionnement vis-à-vis de El Hadj Diouf. Je lui ai fait comprendre que le match contre le Sénégal était un tournant de sa carrière. Et j’avoue qu’il a fait le plus grand match de sa carrière. Jonathan Pitroipa, lui, je l’ai appelé la veille du match dans ma chambre. J’étais avec Jean Baptiste Ilboudo dit Zagalo mon adjoint. Je lui ai dit ceci : « mon petit, c’est toi qui nous feras gagner le match de demain contre le Sénégal ». Il m’a alors répondu : « ah bon ? Je vais jouer ? ». Je lui ai dit qu’il jouera. Il n’en revenait pas. Le papa de Pitroipa a fréquenté avec Zagalo. Il lui a demandé de me dire de ne pas faire jouer son fils contre le Sénégal parce que je risque d’avoir des problèmes. A cette époque, Pitroipa était très frêle et son papa estimait qu’il n’était pas prêt. J’ai dit à Zagalo de lui dire qu’il est le papa biologique du joueur, moi, le papa sportif. Le lendemain, quand Pitroipa a commencé à fatiguer les Sénégalais sur le terrain, il paraîtrait que son papa a coulé des larmes depuis les tribunes. Vers la 75e minute, Pitroipa m’a signalé qu’il était fatigué et qu’il voulait sortir. Je suis allé vers lui et je lui ai dit : « le plan qu’on a tracé toi et moi devant Zagalo n’est pas encore abouti ». Il m’a dit qu’il a compris. Et je lui ai dit de tenir bon. Cinq minutes après, il a récupéré une balle et est entré dans la surface de réparation. Le défenseur sénégalais l’a retenu par le maillot et il est tombé. L’arbitre a sifflé le pénalty. Narcisse Yaméogo a pris le ballon, or lui et le gardien jouaient ensemble à Jean d’Arc de Dakar. Le portier pensait que Narcisse allait changer de côté. Il s’était trompé et Narcisse a marqué. Ce match m’a beaucoup marqué parce qu’il m’a permis de montrer aux gens que la conviction d’un homme peut déterminer la performance de tout ce qu’il souhaite entreprendre dans la vie. Ce n’est pas seulement au niveau du sport. Quand tu es convaincu et honnête, Dieu t’aidera toujours. Mais avec l’injustice, rien ne marchera. J’étais convaincu qu’avec ces jeunes, on pouvait faire quelque chose. Charles Kaboré jouait à l’époque à l’AS SONABEL, lorsque je l’ai appelé en sélection. Paul Koulibaly qui a vu Charles Kaboré à l’entraînement avec la sélection a appelé Zico, président de l’EFO à l’époque, de venir voir un jeune milieu que le coach a sélectionné. Zico est venu me voir et m’a dit : « il paraît que vous avez fait venir un jeune milieu de terrain qui joue à Sonabel et qu’il est très fort ». Il m’a demandé de le mettre en contact avec Charles. Ce que j’ai fait. Il est sorti avec Charles et sont allés faire tous ses papiers pour le compte de l’EFO. Après le match contre le Sénégal, Charles a signé à l’extérieur. Il n’a même pas eu à jouer un seul match avec l’EFO. Mais c’est l’Etoile qui a profité de son transfert. J’ai fait donc monté cette génération à l’image de celle des Seydou Traoré. J’ai un sixième sens dans la détection des jeunes. Lorsque je vois un jeune joué, je sais ce qu’il pourra faire les mois à venir. Lorsque je suis arrivé à Koudougou avec l’ASEC, c’était pareil. J’ai trouvé des jeunes qui étaient sur le point d’être libérés, mais je les ai gardés. Ils sont devenus par la suite les cadres de l’équipe. Mon passage à Koudougou m’a marqué. Il y a eu ensuite l’ASEC d’Abidjan. Je suis le seul Africain, non Ivoirien, à avoir entraîné cette équipe depuis sa création jusqu’aujourd’hui. Si vous visitez leur siège, vous verrez ma photo, aux côtés de celle de Oscar Fullone, parmi les personnes qui ont marqué l’histoire du club. J’ai entraîné l’ASEC d’Abidjan deux fois. La première fois, c’était avec le groupe d’Aka Kouamé, Mamadou Zaré et autres. Quant à la deuxième fois, j’étais au Djoliba de Bamako quand l’ASEC a envoyé Brama Ouédraogo me chercher. C’était en octobre et j’étais en fin de contrat. Je suis allé prendre l’équipe. Roger Ouégnin m’a révélé que Jean Marc Guillou avait fui avec tous ses joueurs et il ne restait que les Baki Koné et Romaric. Il m’a alors dit qu’il serait difficile de faire une bonne prestation en Ligue des champions cette année-là, mais m’a demandé de tout mettre en œuvre pour être champion de Côte d’Ivoire. Lorsque j’ai pris l’équipe, il m’a promis de ne pas s’ingérer dans mon travail. Nous avons été champions de Côte d’Ivoire et nous sommes allés jusqu’en demi-finale de Ligue des champions avec cette jeune équipe. L’ASEC d’Abidjan ne peut pas m’oublier. Jusqu’aujourd’hui, Roger Ouégnin m’appelle au moins une fois par mois pour avoir de mes nouvelles.

Il paraîtrait que lors d’un match des Etalons à Abidjan, alors que vous étiez en réunion avec les joueurs le jour du match, vous avez reçu un appel en faisant croire aux joueurs que c’est celui du chef de l’Etat.
C’est après le match que le chef de l’Etat a appelé. Nous étions à l’hôtel, au réfectoire. La réception m’a prévenu pendant le repas qu’il avait un appel de Ouagadougou et que j’étais demandé. Lorsque j’ai pris le combiné, c’était Blaise Compaoré au bout du fil. Il m’a dit ceci : «nous sommes très fiers de vous. Je vais donner des instructions à l’ambassade pour qu’on donne de l’argent de poche à chaque joueur pour qu’il fasse des emplettes avant le retour. L’avion viendra vous chercher après ». C’est moi qui l’ai informé que le ministre des Sports était en train de manger avec nous. J’ai appelé le ministre et ils ont échangé.

Parlant toujours de ce match, quelle a été votre stratégie pour parvenir à tenir en échec la Côte d’Ivoire chez elle ?
Ma chance est que j’ai entraîné en Côte d’Ivoire. J’ai passé plus de cinq ans là-bas comme entraîneur. Je connaissais la plupart des joueurs ivoiriens en sélection parce que je les ai croisés ou entraînés au cours de ma carrière. J’ai entraîné l’ancien entraîneur de la Côte d’Ivoire, Ibrahim Kamara au Stade d’Abidjan. Aka Kouamé, Sié Donald Olivier…je les connaissais tous. Pour préparer le match en Côte d’Ivoire, nous étions au vert au centre de formation professionnelle de l’ONEA à Ouagadougou. La fédération nous a informés que le chef de l’Etat a joint son homologue togolais Eyadéma pour qu’on puisse aller effectuer dix jours de stage pour nous acclimater. Nous étions au mois de janvier puisque la rencontre s’est disputée le 22 janvier à Abidjan. Nous avons passé dix jours au Togo ponctués par des matches amicaux avec des équipes locales. Après chaque entraînement, je réservais trente minutes de causerie pour renforcer le mental des joueurs et leur expliquer le comportement du public ivoirien et le type de joueurs que nous allions croiser. Je leur expliquais au tableau les forces et les faiblesses de tel joueur ivoirien si toutefois il doit jouer. Nous les avions tous étudiés pendant notre stage au Togo. Nous partions aussi à la plage travailler sur le sable pour le renforcement musculaire. Le stage avait été très bénéfique et tout a été mis à notre disposition. C’est d’ailleurs du Togo que l’avion est venu nous chercher pour rallier directement Abidjan. Les journalistes ivoiriens à l’aéroport m’ont demandé si je n’avais pas peur de revenir jouer contre la Côte d’Ivoire. Je leur ai répondu : «Justement, j’ai été entraîneur ici, ce qui est un atout pour moi ». Ils m’ont dit que je ne m’en sortirai pas malgré tout. Dans les vestiaires le jour du match, j’avais demandé des ballons neufs bien gonflés pour chaque joueur. Je connaissais le public ivoirien et je savais que dans la cuvette du stade Félix-Houphouët-Boigny, lorsqu’il crie, un joueur qui n’est pas habitué à une telle atmosphère est affolé et perd ses moyens. Nous avons décidé de sortir exprès des vestiaires, avant l’heure de l’échauffement, chaque joueur avec son ballon neuf. Le public a été surpris. Je connais les Ivoiriens, ils aiment que tu leur montres ta force de frappe sur le plan matériel. Psychologiquement le jour-là, le public ivoirien était battu. Nous sommes rentrés dans les vestiaires après. J’ai dit aux joueurs que lorsque nous sortirons pour l’échauffement, le public ne va plus trop crier. Et même s’il crie, ils n’auront plus peur parce qu’ils ont pris un ascendant psychologique. C’est ainsi que sur le plan psychologique, les Etalons étaient parés à débuter la rencontre. En début de rencontre, l’arbitre nigérian a vu que le jeu était corsé. Hassane Kamagaté marquait à la culotte Joël Tiéhi, l’attaquant ivoirien et il n’arrivait pas à jouer. L’arbitre a vu que l’homme clé de notre système défensif était Kamagaté. Il lui a donné un carton rouge sans qu’on ne sache ce qui s’est passé. Nous étions perturbés. Les joueurs n’arrivaient plus à se contrôler. C’est à ce moment que nous pris coup sur coup deux buts. J’ai demandé aux joueurs de ne plus attaquer et de chercher à garder le ballon dans leur moitié de terrain. C’est ce qu’ils ont fait jusqu’à la pause. Dans les vestiaires, ils pensaient que j’étais énervé et que j’allais crier sur eux. Au contraire, j’avais le sourire et je leur ai dit : « les enfants, vous êtes en train de disputer un grand match. Je suis fier de vous. Les Ivoiriens ont marqué deux buts pendant les 45 premières minutes. Faites en sorte de libérer psychologiquement notre pays. Vous en avez les capacités. Egalisez les deux buts à la reprise. Vous avez compris ? ». Ils m’ont dit, coach, c’est fini, sortons pour la reprise. Il y a des joueurs qui pleuraient. Quand nous sommes sortis pour la seconde période, les Ivoiriens ont compris que c’était un tout autre match qui débutait. Tout le monde se rappelle du coup franc de Sidi Napon, ligne médiane presqu’au rond-point central. Je me suis levé entre-temps, j’ai prévenu Seydou Traoré que le latéral droit Aka Kouamé et le latéral gauche Ibrahim Kamara étaient fatigués. J’ai replacé Brahima Traoré et Seydou Traoré sur les côtés. Comme ils sont rapides, ils peuvent percer la défense ivoirienne par des dribbles. Zico devait rester en fixation, mais il ne devait pas rentrer en profondeur. Zico devait tirer l’axe central vers leur camp, là les deux ailiers seront très avancés. Un vide s’est créé dans leur défense axiale avec le travail de Zico. Nous jouions à 10 et j’ai fait rentrer Boureima Zongo qui était très fort dans le renversement de jeu sur 30 m. je lui ai dit de transmettre toutes les balles qu’il recevra à Seydou Traoré ou à Boureima Traoré. Avec sa rentrée, nous avons survolé le milieu de terrain ivoirien. Boureima Zongo envoyait toutes ses balles, soit côté droit, soit côté gauche. Dans l’action du deuxième but, Seydou Traoré a d’abord dribblé Aka Kouamé déjà fatigué et qui ne pouvait plus le suivre. Il a ensuite effacé un second joueur, puis un troisième. Le gardien Loceni Konaté est sorti, il l’a aussi dribblé et a marqué. Tout le stade s’est levé. Nous avons alors su que les Burkinabè étaient les plus nombreux au stade. Au coup de sifflet final, c’était la liesse. Après le match, tous les Burkinabè présents au stade scandaient « Burkina Faso », « Burkina Faso ». Ils étaient fiers de leur pays. Ce match m’a marqué et a constitué une étape importante de ma vie ainsi que de tous ceux qui ont participé à cette épopée. Chacun a donné le meilleur de lui-même pour que les Burkinabè retrouvent leur fierté.

Quel commentaire faites-vous de la décision du chef d’état-major de ne pas donner l’autorisation au colonel Sita Sangaré de briguer un nouveau mandat à la FBF ?
Nous sommes un Etat laïc, républicain et démocratique. Nous sommes en sport et compte tenu de toutes nos performances sous l’ère Sita Sangaré, il est la fierté de tout le pays. Si nous sommes dans un pays démocratique et laïc, où il y a l’égalité de droit et devant la loi, on doit faire en sorte que chaque citoyen puisse jouir de ses droits civils. En ce qui concerne le sport, la culture, la littérature que tu sois civil ou militaire, tu peux apporter toujours ta contribution pour le développement et le rayonnement de notre pays. Dans le domaine de la culture, il y avait l’orchestre, les Léopards de Bobo-Dioulasso qui ont assuré la cohésion entre la population et l’armée. L’orchestre animait de nombreuses manifestations à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. L’armée a toujours joué un rôle important dans le développement de notre pays. Je prends l’exemple du général Tiémogo Marc Garango. Lorsque le pays était en difficulté après le mouvement du 3 janvier 1966, il était en études en France. Des gens ont signalé à Lamizana qu’il y avait un jeune voltaïque en France qui était bon gestionnaire. Garango a été rappelé d’urgence. Après il y a eu le médecin général, le Pr Guiguemdé, un spécialiste des grandes endémies. Il partage ses connaissances scientifiques auprès de certaines universités sur le plan national, régional et international. Il y a eu le colonel David Kabré, ministre des Sports sous la Transition. Il n’était pas ministre des Sports parce qu’il était militaire. C’est parce qu’il a le diplôme d’inspecteur de la jeunesse et des sports qu’il a obtenu à Abidjan. L’histoire militaire de notre pays a toujours fait profiter à nos compatriotes les compétences intellectuelles et morales de nos officiers et sous-officiers dans divers domaines, notamment la santé, l’économie, les télécommunications, les travaux publics, l’aviation, l’enseignement supérieur, le sport, etc. Si on reste dans le domaine strict du sport, est-ce que vous savez que le général Baba Sy a été le premier président du Comité national olympique de Haute-Volta ? Au niveau des structures fédérales, il y a eu le général Honoré Nabéré Traoré qui a été président de la Fédération de même que le colonel Souley Mohammed et le colonel Félix Tiemtarboum, sans oublier le président actuel, le colonel Sita Sangaré. Le rôle que l’armée a joué dans ce pays n’a pas commencé avec Sita Sangaré. Au sein des ministères, il y a eu le capitaine Bonou Moussa Georges, ministre des Sports sous le CMRPM, puis le capitaine Hien Kilmité, le général Ibrahim Traoré, le colonel Joseph Tiendrébéogo, le commandant Abdoul Salam Kaboré, le colonel Yacouba Ouédraogo. Tous ces officiers ont occupé des fonctions au département des sports dans notre pays. La fonction militaire n’est pas incompatible avec les activités sportives, culturelles, littéraires tant sur le plan national qu’international. Vous avez l’Union sportive des forces armées qui participe à des compétitions civiles. Le colonel Sita Sangaré et son équipe au cours de deux mandats ont eu un bilan positif comme je l’ai souligné plus haut. Aujourd’hui plus que jamais, toutes autorités civiles et militaires ainsi que le peuple burkinabè doivent faire bloc autour de lui. Si Sita Sangaré ne peut plus se présenter à la présidence de la fédération, ce sera un retard considérable pour le pays. Le fait qu’il soit à la CAF, c’est pour ses qualités. Si la CAF, quel que soit le poste que vous occupez en son sein, sent que des manœuvres politiques de votre pays vous empêchent de rester à votre poste dans la structure nationale, votre position se fragilise. Il en est de même pour la FIFA. Si le colonel Sita Sangaré est fragilisé dans son pays, il le sera également à la CAF. Et c’est le Burkina Faso qui perd. Surtout qu’il est déjà à la Commission du développement du football de la FIFA. Il faut noter que c’est cette commission qui octroie les aides aux fédérations nationales. Je pense qu’il y a des manœuvres politiques pour fragiliser Sita Sangaré. Et ces manœuvres politiques ont dû certainement trompé certaines autorités du pays. C’est très dommage que le Burkina Faso recule de 10 ans à cause des règlements de compte. Connaissant certains responsables suprêmes de notre pays, je suis certain et convaincu que cette affaire sera réglée.

Des candidats ont déjà annoncé leur candidature à la présidence de la FBF, dont Amado Traoré, Lazare Banssé, Mory Sanou et Bertrand Kaboré. Que pensez-vous de ces candidatures ?
Nous sommes un Etat républicain, laïc et démocratique. Et chaque citoyen est libre de postuler à la présidence de la Fédération burkinabè de football. A l’issue des votes, celui qui est déclaré vainqueur sera applaudi par l’assemblée. On va le suivre pour l’intérêt de notre pays. En tout cas c’est ma conviction. Je n’ai pas de jugement de valeur à faire sur les candidats en question. L’essentiel est que tous les candidats soient autorisés à se présenter s’ils remplissent les conditions. Nous voulons que dans la légalité, qu’il y ait la légitimité après. Si un président n’a pas de légitimité, ça va être difficile pour lui de diriger notre football. Et quand il y aura des crises, les autorités suprêmes du pays seront étonnées de s’être trompées.

Que devrait être le profil du nouveau président à même de contribuer au développement de notre football?
Je vous ai parlé du colonel Sita Sangaré. Son profil est éloquent. D’abord, il est juriste de formation de haut niveau. Toutes les activités du monde entier sont basées essentiellement sur le droit. Ensuite, il a fait une école de magistrature cycle A où il est sorti avec un diplôme dans la plus célèbre école de notre pays. Il a également un doctorat en sciences de gestion avec option management. Il est un officier supérieur de l’armée de notre pays. Un magistrat-militaire. S’il a un profil aujourd’hui qui donne la confiance au niveau de la CAF, c’est tant mieux. Et c’est avec ce profil que la CAF l’a accepté en son sein. Sita Sangaré a fait ses preuves au niveau de la pratique sportive. Comme je l’ai dit plus haut, il faut laisser tout le monde se présenter.

La rédaction

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