Bassolma Bazié : « La gouvernance des 5 dernières années est catastrophique »

Il n’a pas sa langue dans la poche. Les nombreuses persécutions dont il a fait l’objet ces dernières années l’ont finalement poussé à claquer la porte de la Fonction publique en janvier 2021 pour mieux se consacrer à la lutte syndicale. Bassolma Bazié, affectueusement surnommé « Général Bazié » par ses camarades, a été élu secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), le 1er décembre 2013. Dans cette interview qu’il a accordée à Carrefour Africain, le samedi 13 février 2021, il revient sur plusieurs sujets d’actualité comme les questions de l’insécurité, de la gouvernance et surtout, de sa récente démission de la Fonction publique.

 Quelle appréciation faites-vous de la gouvernance au Burkina Faso pendant ces cinq dernières années ?

 Je pense que le président pendant la campagne électorale l’a lui-même caractérisée, puisqu’il dit qu’il a passé ses cinq ans à faire face à l’insécurité dont le terrorisme. Et il n’a pas pu juguler cette question. C’est un échec. Nous sommes dans une situation où même en plein midi des attaques se font en pleine capitale. La gouvernance depuis les 27 ans a même été pareille. Puisque Roch Marc Christian Kaboré a été, durant ce temps, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale et à la tête du parti majoritaire au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), pendant des années. Aujourd’hui, il ne peut pas se mettre de côté et dire que cela ne l’engage pas. Ça veut dire que sur le plan sécuritaire c’est un échec. Deuxièmement, il dit que le coronavirus est venu plomber leur engagement à aller vers le développement. Mais oui, le coronavirus est venu tout simplement indiquer leur incapacité à gérer le pays sur le plan sanitaire parce que les questions qui minent ce domaine ont été révélées chaque année à travers les organisations syndicales. Mais ce qui nous a été servi, au lieu que ce soit des réponses de ce que nous soulevons, ça a été la répression, la corruption, le dilatoire et aujourd’hui on se retrouve coincé. Troisièmement, et c’est ce qui est malheureux, il a passé cinq ans à lutter contre les syndicats. Mais quelqu’un qui est serein dans son esprit ne doit pas dire que lui il a passé cinq ans à lutter contre des acteurs sociaux. Un partenaire social, on ne lutte pas contre lui.

Dans la mesure où le partenaire social soulève des problèmes. Son rôle qui lui a été conféré par la Constitution et les lois, en termes de contre-pouvoir, c’est de suivre la nature des politiques qui sont mises en œuvre dans le pays, mettre le doigt là-dessus et interpeller celui qui s’est fait élire et qui a même dit qu’il est la solution aux problèmes pour en faire face. Mais si vous transformez ces genres de personnes en des gens contre lesquels vous avez lutté pendant cinq ans, ça veut dire que non seulement vous êtes très mal entouré, en termes de techniciens qui vous entourent et qui vous conseillent, mais vous-même vous n’avez pas un minimum de connaissance sur votre société pour mieux la diriger. C’est très malheureux aussi que nous ayons des gens qui sont bardés de diplômes, qui squattent les couloirs de la présidence, du Premier ministère, qui vont donner des faussetés comme conseils et puis envoyer tout le monde dans le décor. Donc vous voyez que la gouvernance sur tous ses plans, économique, sécuritaire, social et autres, c’est carrément un déluge.

Comment appréciez-vous la reconduction du président du Faso et du Premier ministre ?

Le fait que le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, s’est fait réélire, je pense que le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) vient d’indiquer dans un rapport, quels sont les niveaux de corruption qui ont été constatés pendant cette campagne électorale. Ça veut dire que si tu n’as pas de richesses, tu ne peux pas te faire élire. Et encore ces richesses, elles viennent d’où ? Des richesses qui ont été pillées puisque tous les rapports de gabegie soulevés par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) mais aussi le REN-LAC, sont des rapports qui sont déposés pendant des années auprès du chef de l’Etat. Qu’est-ce qu’il en fait ? Donc, des nouveaux riches parachutés de nulle part. Où est-ce qu’ils ont trouvé l’argent pour aller distribuer comme si c’était des feuilles pendant les campagnes ? C’est à se poser des questions. La justice, nous comprenons pourquoi ils ne mettent pas les moyens pour qu’elle fonctionne correctement. Ou même, on politise l’administration publique pour avoir des larbins dans les couloirs judiciaires afin de les extirper quand ils sont empêtrés dans les malversations.

Vous avez vu les questions du charbon fin, de la malversation au niveau de la mairie, même l’Assemblée nationale qui peine à donner l’exemple et qui a un rôle conféré par la Constitution de contrôler l’action gouvernementale, de légiférer et de consentir l’impôt. On ne peut qu’aller dans le décor. De ce point de vue, il ne suffit pas de dire que le président Roch Kaboré a été élu. J’ai l’habitude de rappeler, qu’il faut qu’on ait dans notre esprit la sérénité nécessaire de comprendre la lecture sociale. Parce que quand vous regardez les résultats des élections du 22 novembre 2020 qui ont été validés le vendredi 18 décembre 2020 par le Conseil constitutionnel, il est indiqué que le nombre d’électeurs inscrits s’élève à 5 918 844, le nombre d’électeurs votants s’élève à 2 972 590 et le taux de participation est de 50,22%. Mais, si pour un potentiel de 5 918 844, il n’y a que 2 972 590 qui ont voté, il y a un problème. Et pire encore, parmi ceux qui ont voté, les bulletins nuls s’élèvent à 123 055 et le suffrage exprimé à 2 849 535 avec une majorité absolue qui se dégage avec 1 424 769. Et le président Roch Kaboré s’en sort avec 1 645 229, soit 57,74%. Quand vous êtes un président élu avec ce nombre à savoir 1 645 229 voix sur ceux qui se sont inscrits de 5 918 844, ça donne à réfléchir.

D’abord le potentiel votant, on dit que nous sommes autour de 20 millions d’habitants. Si le potentiel votant dépasse les 10 millions et déjà ceux qui se sont inscrits ne valent même pas la moitié, il faut se poser la question de savoir pourquoi les gens se sont-ils désintéressés autant ? Deuxième élément, quand vous regardez les chiffres, est-ce qu’on est fier avec un tel chiffre de dire qu’on a été élu président ? Il y a des questions qu’il faut se poser. Donc c’est une victoire qui doit rester et faire beaucoup d’interrogations dans notre esprit si nous sommes assez matures. Ça veut dire que tous ceux qui n’ont pas voté-là, qu’est-ce qu’ils ont en termes de rancœur, en termes d’éléments accumulés ? Le fait de ne pas voter est une forme d’expression. Il y a des pays où si le nombre de votants ou et de non-votants atteint une certaine proportion, on recommence. Pourquoi on recommence ? Pour ainsi interroger même les bulletins nuls. Pourquoi il y a autant de bulletins nuls ? Pourquoi quelqu’un peut se décarcasser aller s’inscrire et à la dernière minute il refuse d’aller voter ? Quel est le message qu’il envoie ? C’est ce qu’il faut savoir décortiquer.

Par conséquent, on doit tous être hypocrites en disant : Président, vous avez été élu, félicitations ! S’ils ne sont pas capables de lire le message qui leur est envoyé par toute cette masse silencieuse, je leur souhaite bon vent. Quand on est issu d’une telle qualité d’urnes et on prend du temps avant de nommer même un Premier ministre, qui n’est qu’une reconduction, il y a un problème. Ça veut dire que même dans leur propre barque au niveau interne, ça ne va pas. Mais ce qui fait très mal, c’est que quand on nomme des gens qui sont au-delà de 50 ans comme nous autres, ça veut dire que tout ce que vous vivez au quotidien, c’est un bonus qu’on vous ajoute parce que vous avez dépassé largement l’expérience de vie. Et vous n’avez pas la capacité morale de dire, ne posons pas tel type d’actes parce que nous sommes en train de condamner la jeunesse.

Donc la reconduction du Premier ministre et celle du président de l’Assemblée nationale sont des signes qu’on n’a aucun élément d’erreur à nous faire  en croyant que nous allons aller vers une bonne gouvernance. Voilà pourquoi notre appel que nous lançons aux travailleurs, c’est de se mobiliser, renforcer leurs organisations parce que l’histoire a toujours montré que les acquis démocratiques arrachés par notre peuple à tous les échelons et à tous les tournants de l’histoire du pays, ont été à la suite de batailles.

Au cours de ces cinq dernières années, les relations entre les syndicats et le gouvernement n’ont pas été des plus amicales, le front social a connu une ébullition. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?

 D’abord, le fait qu’ils (les dirigeants) s’en prennent aux syndicats, c’est peut-être que les gens sont parachutés à des postes politiques sans maîtriser l’histoire du pays. J’ai bien dit que dans les couloirs de la présidence, du Premier ministère et de l’Assemblée nationale, nous avons des mercenaires qui se font appeler des conseillers, des spécialistes en droit mais avec des gens comme ça qui sont sans morale, les dirigeants ne peuvent pas ne pas aller dans le décor. Parce que dès lors qu’on vient dire qu’on a passé son mandat à lutter contre des syndicats, c’est dire qu’on a une méconnaissance totale de ce qu’on appelle le partenaire social. Et quand on fait une telle option, on ne peut qu’aller dans le décor. Deuxième élément, c’est la question même du respect des valeurs intrinsèques de notre éducation en termes de respect de la parole donnée. Parce que ce qui fonde le climat social serein comme cela a été dit dans un document qui a été publié au centenaire de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui a été créée en 1919 à l’issue de la Première Guerre mondiale, ce document dit que si vous voulez la paix sociale, il faut cultiver la justice sociale. La paix sociale est une conséquence. La conséquence vient d’une cause et cette cause c’est la justice sociale, ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’OIT qui le dit. Et à cette même conférence internationale du travail tenue à Genève du 17 juin 2019, le même premier ministre Christophe Dabiré a tenu un discours à la tribune où il s’est glorifié en disant que le pays a ratifié des dizaines de conventions notamment les quatre conventions prioritaires et les huit conventions de gouvernance et que dès qu’il rentre, ils vont mettre ça en œuvre. Quand ils sont rentrés, ce sont les mêmes conventions qu’ils sont en train de piétiner. Quand je parle de manque de parole donnée, de l’exemplarité des dirigeants, c’est ça. Or, ils oublient que l’article 151 de la Constitution du 2 juin 1991 stipule que les traités et conventions qui sont ratifiés à l’international doivent être strictement mis en œuvre. Et l’ébullition qu’on a constatée, c’est le manque non seulement de la mise en œuvre de ces conventions de la Constitution mais aussi de l’article 121 de la loi 081 du 24 novembre 2015. Vous ne pouvez pas vous comporter de la sorte, ça veut dire transformer la loi par vos humeurs, et vouloir que ça marche correctement. Deuxième exemple que je donne par manque d’exemplarité, c’est avec l’Alliance police nationale (APN). Comment vous radiez des gens de façon abusive, ils vont en justice, ils ont raison au niveau de la juridiction administrative, ils ont raison au Conseil d’Etat, ils ont raison au niveau de la Cour de cassation et ils sont toujours dehors, parce que ce n’est pas appliqué. Quand vous parlez d’état de droit, tout le monde doit respecter les règles.

Le fait que le climat n’ait pas été serein entre le gouvernement et les syndicats, c’est parce que nous avons des gens qui ne connaissent pas ce qui veut dire un état de droit. Tous ceux qui sont à la tête de notre gouvernement aujourd’hui sont les mêmes qui étaient avec Blaise Compaoré depuis la révolution jusqu’au 15 octobre 1987. Donc l’esprit ne peut fonctionner que sur la base d’état d’exception. Ils n’ont pas un esprit qui puisse accepter les caractéristiques d’un état de droit. Comment quelqu’un qui fonctionne avec l’esprit de droit peut se promener avec des Kalachnikovs dans les domiciles ?

Au niveau du mouvement syndical, nous ne pouvons pas nous taire face à ces genres de dérives. Nous assumons de ce fait notre rôle de contre-pouvoir qui dicte de dénoncer les travers de gouvernance. Autrement, nous serons leurs complices. Et face à la perte de nos valeurs d’éducation, nous rappelons aux uns et aux autres qu’un homme doit être un homme de parole. «Je préfère la mort que la honte », ce slogan en langue nationale commande un respect de la parole donnée.

 Présentement, quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés et que vous tenez à relever ?

Les défis sont multiples. Mais, ils sont tout de même organisés autour de la conquête de notre libération nationale en lien avec toutes les autres forces éprises de justice, d’intégrité, de dignité pour qu’on puisse véritablement avoir un progrès social véritable. Mais pour une libération nationale en vue d’un progrès social véritable, cela va en droite ligne d’un combat conscient qui doit nous amener à notre indépendance véritable sur le plan politique, économique, social, culturel et sécuritaire. Parce que vous voyez très bien que l’ensemble des politiques qui sont appliquées dans nos pays africains et principalement en Haute-Volta, actuel Burkina Faso, ayons le courage de reconnaître que nous n’avons pas eu de dirigeants assez patriotes à même de faire en sorte que ce qui est appliqué au quotidien des Burkinabè soit issu de réflexion nationale, d’engagement libre et que ce ne soit pas des politiques qui sont copiées-collées de l’extérieur. Par conséquent, si vous faites une lutte en termes de faire face seulement aux conséquences de ces politiques extérieures, vous allez faire à la limite du sur-place et perdre des énergies inutilement. Voilà pourquoi, je parle d’organiser nos forces, conscientiser, éduquer, orienter, résister, en vue d’atteindre une véritable libération nationale pour un progrès social véritable. Prenant de façon spécifique, sans trop rentrer dans les détails, l’indépendance politique, voyez-vous-même les programmes politiques qui sont appliqués dans nos pays avec cette multitude de partis politiques où nous avons l’impression que pour être bien coté, il faut d’abord rendre visite à l’Elysée, rendre visite à Macron, à des présidents extérieurs ou même vous, en tant que presse nationale, on vous laisse quand ces dirigeants font face à ces présidents au niveau international, ils lâchent des questions qui engagent l’intérêt national. C’est un manque de patriotisme. Ça veut dire que nous n’avons pas d’indépendance politique véritable. Il faut que l’individu soit coté par d’autres puissances étrangères pour pouvoir donner l’impression qu’on a un dirigeant dans son propre pays. La preuve est que Macron a claqué tout récemment son doigt et des présidents africains se sont déplacés pour aller le rencontrer à Pau, lui en tant que individu. Sur le plan économique, regardez comment nos sous-sols sont exploités. Il n’y a pas d’impact réel. Or, les richesses nationales, telles que stipulées par l’article 14 de la Constitution du 2 juin 1991 dit qu’elles sont utilisées pour l’amélioration des conditions de vie du peuple. Mais ce n’est pas ce que nous vivons aujourd’hui. Nous tendons vers une vingtaine de mines d’exploitation industrielle dans notre pays. Mais l’impact économique et social sur la population est où ? Même la loi portant code minier dans notre pays qui dispose que 1% devait être reversé sur le fonds de développement local, des gens refusent de se soumettre à cette loi. Est-ce que véritablement nous sommes économiquement indépendants ? Quand je parle d’indépendance sécuritaire, vous avez vu ce qui se passe au Sahel où les dirigeants africains refusent de reconnaître que la même France en janvier 1957 a voté une loi à son Assemblée nationale conférant le découpage d’un certain nombre de pays ouest-africains notamment le Mali, la Mauritanie, le Niger, la Haute-Volta, actuel Burkina Faso. Chez nous, cette fois-ci, on vient jusqu’à Dori pour conférer ce qu’ils ont appelé l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS), une zone qui est très riche en diamant, en or, en gaz, en pétrole, en uranium. Mais ils ont clairement dit dans cette loi de 1957 que c’est pour conférer l’indépendance politique de cette région en vue de l’utiliser pour un fondement de développement économique parce qu’ils connaissent très bien le sous-sol qui est très riche. Mais c’est parce que justement, les anciens présidents comme Modibo Kéita au Mali avaient une vision assez patriotique qu’ils ont refusé ces types de découpage que la France a dû reculer un peu. Et dans ces périodes, ils ont estimé que le moment était venu dans la mesure où ils ont à la tête de ces pays africains des valets locaux qui ne sont pas capables de s’assumer pleinement. Donc ils ont fabriqué des terroristes et venir rappeler la même zone, l’OCRS, ils l’ont transformée et l’appelée maintenant AZAWAD. Mais la preuve est que vous constaterez que quand les djihadistes ont foncé sur Bamako et que la France estime qu’elle est intervenue pour aider le Mali, il n’y a pas de raison qu’en reculant, ils arrivent à Kidal et ils disent à la gouvernance malienne au niveau de Bamako qu’ils n’ont pas le droit de mettre pied à Kidal. Ils ont fait combien de mois, combien d’années avant que le pouvoir central de Bamako ait accès à Kidal. Et justement cette indépendance sécuritaire manque. Pourquoi je le dis ? Vous avez vu les avions et les chars qui sont dans le Sahel, ils ont beaucoup de matériels militaires, des appareils qui sont capables de distinguer sur le sol la taille d’une aiguille. Et c’est avec ces mêmes appareils que quand un Canadien, un Français ou un Américain est enlevé à la frontière béninoise, ils peuvent le poursuivre jusqu’à aller le récupérer à la frontière malienne. Comment se fait-il que ces mêmes appareils ne sont-ils pas capables de détecter des centaines de djihadistes qui s’alignent en colonnes pour aller attaquer des Nigériens, des Burkinabè et des Maliens ? Et pour terminer sur cette question de manque d’indépendance sécuritaire, nous avons dit qu’il ne suffit pas d’envoyer nos forces militaires pour aller s’attaquer à des djihadistes, les exterminer pour donner l’impression qu’on avance sur cette question sécuritaire. Les militaires et les gendarmes qui sont au front, nous les félicitons pour leur combativité au nom de la patrie mais c’est le traitement des conséquences qui est fait et un traitement de la conséquence ce n’est pas un traitement de la cause.  Si vous êtes atteints d’un palu, on vous permet seulement de traiter que la fièvre qui monte sans s’attaquer véritablement au plasmodium, on ne résout pas le problème. Et le fond du problème, ce sont nos lois. Quand vous votez des lois qui permettent de licencier des travailleurs, qui permettent de clochardiser des travailleurs, qui permettent de produire beaucoup de désœuvrés, or, vous savez très bien que le djihadisme recrute ces genres de personnes qui ont été laissées à elles-mêmes. Quelqu’un qui est assis dans une telle situation, c’est comme si son pays l’a abandonné. Donc si on vient lui proposer n’importe quelle miette, il va partir, dans la mesure où il a perdu son emploi, son épouse l’a quitté, ses enfants ne vont plus à l’école, lui-même il ne sait pas ce qu’il va manger par jour. Voilà pourquoi nous avons toujours dit que c’est bien d’aller s’attaquer aux conséquences de l’insécurité mais il est mieux de s’attaquer aux vraies causes. Les vraies causes, elles sont nos institutions qui sont dirigées par des gens qui n’ont pas le minimum d’esprit patriotique. Voilà pourquoi je dis, pour résumer, que le combat et les défis qui sont dressés à nous, c’est de faire en sorte que nos pays soient véritablement libres, indépendants en vue d’envisager un progrès social véritable. Ça nécessite beaucoup de sacrifices, d’engagement, de détermination. Nous ne disons pas que cela se fera avec nous, mais ayons l’esprit de comprendre que chacun a sa part contributive. Il faut donner sa part, quitte à passer le flambeau à d’autres qui viendront poursuivre ce combat.

Peut-on dire que la relève est bien assurée au sein de cette organisation vu les luttes que vous menez en faveur des travailleurs ?

 La lourdeur, l’intensité et l’étendue de la tâche ne me permettent pas à l’heure actuelle de faire de l’autoflagellation en disant qu’ici ce sont des échecs et là la réussite. Je peux à cette étape dire grandement merci à tous ceux qui m’accompagnent, que ce soit dans le monde du travail et même toutes les autres couches socioprofessionnelles qui m’entourent afin que le flambeau sur lequel nous avons pris l’engagement le samedi 30 novembre 2013 devant des devanciers, soit tenu très haut. J’estime qu’à cette étape, je suis bien accompagné pour qu’effectivement, ce flambeau reste très haut. Si ceux qui ont la possibilité d’analyser à cette étape estime qu’il est bien tenu et que nous avançons, ça ne peut que nous renforcer à poursuivre. Parce que, permettez-moi, en tant que premier responsable au premier plan, de garder toujours l’humilité, de ne pas perdre la tête et croire que ce que je fais est meilleur. Il appartient, bien sûr, à d’autres personnalités, à des yeux assez critiques qui m’ont confié cette mission, d’apprécier. Pour le moment, nous sommes au front. De ce point de vue, ce qui nous reste à faire, en termes de défis, m’incombe plus et occupe plus les esprits de sorte que je n’ai pour le moment pas le minimum de liberté dans l’esprit de regarder ce qui a été déjà fait. Donc, si la relève est bien assurée, il appartient à d’autres personnes d’apprécier et de le dire.

 L’insécurité constitue aujourd’hui une préoccupation majeure des Burkinabè. Avez-vous des propositions pour résoudre cette épineuse question ?

 La première proposition concrète pour lutter contre l’insécurité, c’est la bonne gouvernance. Pas la gouvernance dans les discours mais la gouvernance dans les faits et l’exemple, dans la mesure où la seule chose qui permette de convaincre c’est l’action dans l’exemple. S’il n’y a pas de bonne gouvernance, notamment quand les ressources nationales sont pillées, les discours politiques sont tenus pour distraire le peuple, on crée des institutions à tous les échelons pour mettre des copains, des amis sans fondement réel ou des gouvernements qui sont nommés où des ministres violent des dispositions pour s’octroyer de gros salaires, on ne s’en sortira pas. Avec une telle forme de gouvernance où on fait la promotion de la médiocrité, des crimes économiques et de sang, où la personne qui est versée dans les malversations est décorée, il est tout à fait clair que nous n’allons pas construire une société de valeurs. Donc, il faut une gouvernance vertueuse. Dans cette gouvernance vertueuse, nous devrions faire en sorte que les politiques qui sont appliquées dans nos pays ne soient pas des politiques dictées par les institutions de Bretton Woods, c’est-à-dire  la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Ça, c’est la deuxième vraie cause. La troisième vraie cause est que ces mêmes institutions ont eu à dire de façon drastique que dans les pays africains, il faut que l’Etat se désengage de l’éducation parce que c’est un secteur social non rentable. Vous voyez, c’est criminel. Quand vous avez des populations qui ne sont pas bien éduquées, bien formées, vous pouvez espérer quel développement ? Ce sont ces mêmes institutions qui ont estimé que le secteur de la santé n’est pas un secteur productif, donc l’Etat doit se désengager. Aujourd’hui, nous avons des populations malades, des populations qui se donnent aux médicaments de la rue, des hôpitaux qui se sont transformés en des mouroirs. Pour un simple rhume, des dirigeants se font évacuer à l’extérieur tout en laissant les populations mourir en interne. Par conséquent, on ne peut pas faire face à un développement conséquent d’un pays avec une population analphabète et encore pire, malade. Regardez le système éducatif, depuis 2000 après l’invalidation de l’année avec le même Premier ministre, Christophe Dabiré, qui était en son temps le ministre de l’Education nationale, les universités sont devenues des lieux de pendaison. Aujourd’hui, il doit être capable de donner les raisons, puisqu’il était le ministre de l’Education nationale en son temps. Nous avions dit de ne pas invalider l’année scolaire. Je pense même que le responsable du Conseil scientifique qui était Filiga Michel, recteur de l’université d’alors, avait dit que l’année était bien rattrapable. Mais ils ont accompagné Blaise Compaoré pour une invalidation politique créant des intra et extra miros. Aujourd’hui, un étudiant qui est dans une université, qui devrait faire un diplôme en une seule année est obligé de faire deux à trois ans avec des parents qui n’ont pas les moyens pour l’accompagner. On ne peut pas ne pas se pendre. Par conséquent, on doit mettre l’accent sur tous ces éléments et faire en sorte que véritablement notre gouvernance au niveau politique, économique, social, sécuritaire, culturel, soit une gouvernance référentielle qui donne envie de vivre, de s’investir, qui donne une voie à suivre à la jeunesse. Si l’horizon est noir, vous voyez ce que ça fait ? Et puis tout dernièrement, j’apprends qu’on vient de transférer l’organisation du baccalauréat au secondaire. Et je vois des acteurs de l’éducation applaudir à se rompre les doigts. Je me pose la question de savoir s’ils sont bien éduqués ? Parce que nous avons combattu ça dans les années 2000. L’esprit politique qui est derrière, dès lors qu’on dit qu’on a conféré l’organisation du baccalauréat au secondaire, de façon cynique, ils veulent dire que pour avoir accès à l’université prochainement, il faut faire un concours. C’est pour empêcher les enfants des paysans quel que soit leur mérite d’avoir accès à l’enseignement supérieur. Vous croyez qu’on peut développer un pays dans ce sens ?

Et le dernier élément, c’est la pandémie à coronavirus qui est venue indiquée que tout ce que les syndicats de la santé dénonçaient depuis des dizaines d’années que les hôpitaux sont devenus des mouroirs, est une réalité. Une simple réanimation des gens, on n’arrive pas à le faire et puis nous sommes en train de crier sur tous les toits que nous sommes un pays indépendant. C’est très grave. Voilà pourquoi j’estime que ce ne sont pas les ressources qui nous manquent. Notre sous-sol est très riche. Encore qu’on ait le courage de faire barrage rapidement à cette exploitation vile qui se poursuit à tous les niveaux et qui va nous laisser des désœuvrés dans les mains, nous extirper du sous-sol toutes nos ressources et nous laisser des excavations dont l’environnement n’est pas restauré. Ça veut dire qu’on risque d’avoir des lendemains assez amers. C’est ce que tout démocrate, tout patriote, toute personne qui a un minimum de patriotisme doit s’engager, se mobiliser, se déterminer afin qu’ensemble on puisse aller vers la construction d’un lendemain serein et meilleur pour nos populations.

Vous êtes souvent taxés d’être manipulés par d’autres intérêts cachés. Qu’en est-il ?

 Nous sommes manipulés par nos intérêts. Pourquoi les dirigeants de l’appareil d’Etat, malgré leurs richesses dont on ignore la provenance, n’arrivent pas à nous manipuler ? En principe, si on devait être manipulé sur la base de l’argent, ils devraient pouvoir nous mettre dans leurs poches. L’une des raisons qui fait qu’ils refusent d’organiser les élections des délégués syndicaux, conformément avec les textes notamment la Convention 87 et celle 98 qui porte sur la liberté et le droit syndical et sur les négociations collectives dans les entreprises, c’est parce qu’on refuse de se laisser manipuler. Le Burkina Faso qui a ratifié ces textes depuis 1960 se doit normalement de tenir des élections en vue d’élire les répondants des travailleurs.  Le gouvernement a pris le décret mais il traine les pieds quant à son application concrète car leurs partenaires qui sont dans l’ombre leur ont dit que s’ils organisent ces élections, ce sont les structures des Bassolma qui vont remporter et ils auront chaud dans ce pays.

Comme ils ne peuvent pas nous manipuler ou nous éliminer physiquement ni trouver des dossiers sales sur nous, il ne leur reste plus que l’intimidation et la calomnie à notre égard. Mais notre mental est très fort pour supporter des intimidations et autres.

Qu’en est-il de la pléthore des organisations syndicales ?

Il faut reconnaître qu’il y a des organisations syndicales qui existent, qui ont leur récépissé mais en réalité, n’existent que lorsque d’autres organisations syndicales sont en lutte. Rapidement, elles ont accès aux organes de presse. Leurs responsables partent s’asseoir pour dire : « Je lance un appel à tous mes militants de ne pas suivre le mot d’ordre de grève » ; tout en sachant que ses militants, c’est lui et la chaise sur laquelle il est assis. Même son premier fils qui a l’âge de la majorité et qui est un peu conscient ne s’aligne pas dans son syndicat. En retour, on lui donne de l’argent pour survivre. C’est parce le gouvernement crée des syndicats pour contre carrer la lutte des travailleurs qu’on assiste à ce pléthore d’organisations syndicales.

Dans le cadre des différentes luttes, avez-vous reçu des pressions du gouvernement afin de vous faire fléchir?

La pression se constate de tout point de vue et à tous les niveaux. La pression exercée sur le SYNATIC (Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture) notamment dans les organes de presse d’Etat, n’est que de la monstruosité. J’ai conduit une délégation du SYNATIC qui était en grève, pour aller rencontrer le Premier ministre Paul Kaba Thiéba. Au cours de ce mot d’ordre, le président du Faso devait s’adresser à la nation et le Premier ministre devait présider l’ouverture d’une activité au SIAO (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou). Et un protocole d’accord a été signé et nous sommes revenus discuter avec les travailleurs des médias publics qui ont accepté lever leur mot d’ordre. Mais après qu’est ce qui a été servi ? C’est plus de 300 agents qui ont été affectés de façon dilatoire et honteuse hors des organes de presse d’Etat. Et on s’est même permis d’affecter des agents décédés.

Au niveau de l’éducation, il y a eu 736 salaires qui ont été suspendus de façon abusive. On est allé jusqu’à racler le salaire complet de certains, y compris les allocations familiales.  Des salaires de certaines femmes qui étaient en congés de maternité ont été balayés sans état d’âme. La monstruosité se remarque surtout dans le fait d’affecter des agents décédés et la suspension de salaires des femmes qui étaient en congés de maternité.

 Est-ce qu’à nos jours, la question de la suspension des salaires a été réglée ?

La situation n’est pas encore réglée. Le dossier est en justice. Voilà pourquoi nous exigeons la prise de l’ensemble des décrets d’application et arrêtés de la loi qui situe les responsabilités des actes posés au nom de l’Etat. Si cette loi est appliquée normalement, ceux qui agissent au nom de l’Etat de façon arbitraire, lorsqu’ils seront reconnus coupables, ce sont leurs biens privés qui seront saisis. Là, on épargnera le contribuable à payer à la place de ce dernier. L’application de cette loi va amener certaines personnes à réfléchir à leur façon d’agir.

 Estimez- vous qu’il y a un acharnement sur  votre personne?

Depuis 2017, lors de la restitution des résultats de l’étude sur l’éducation à l’Assemblée nationale, le Président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, a laissé entendre qu’au lycée Philippe-Zinda-Kaboré, il y a des enseignants qui parlent beaucoup, pourtant ils n’ont que deux heures de cours seulement dans la semaine. Curieusement, en septembre 2019, je vois sur la page officielle de son vice-président Bénéwendé Sankara : « Bassolma n’a que trois heures seulement au lycée Zinda, il faut régler ce cas». De notre point de vue, ce n’est pas l’Assemblée nationale qui donne l’emploi du temps aux enseignants. Pourtant, ils savent très bien que le gouvernement, dans un communiqué final signé le 7 janvier 2010 notamment au point VI s’était engagé, à disposer auprès des organisations syndicales des permanents syndicaux. Cette mise à disposition des structures syndicales de permanents syndicaux est exigée entre autres par des conventions telles que celles 138, 151, 98 et 87 et l’article 121 de la loi 081 du 24 novembre 2015.

Ce sont des dispositions légales et tous les pays qui nous environnent les ont mises en œuvre. Le permanent syndical se justifie par le fait que l’organisation syndicale est reconnue comme une structure d’intérêt public et national.

C’est dans le cadre de notre mission d’intérêt public que nous avons lancé notre mot d’ordre de grève général, le 16 septembre 2015, contre le putsch. Roch Marc Christian Kaboré, dans une déclaration lue le 18 septembre 2015 avait félicité l’ensemble des travailleurs et les  avait appelés à suivre scrupuleusement le mot d’ordre lancé par les organisations syndicales. Comment se fait-il que la même personne que vous avez félicitée en son temps et cette même personne qui n’a pas changé, vous estimez que c’est une personne à abattre ?  A la fin de la Transition, des décorations nous ont été proposées et nous avons refusé car nous estimons n’avoir fait que notre devoir. Nous avons claironné en son temps que la seule chose que nous voulons, c’est le respect des engagements pris à l’endroit des travailleurs du privé et du public. Mais avant, en 2014, on nous a même invités à choisir des gens pour être nommés ministres et députés au CNT et nous avons dit que ce n’est pas notre rôle. Donc les gens ont intérêt à s’aviser et à revenir en arrière.

Mais en attendant la mise en œuvre du point VI, nous nous sommes convenu à ce que l’Etat prenne des dispositions pour ne pas trop nous surcharger. Et depuis ce temps, quand j’ai été élu SG de la CGTB, on m’a toujours donné une classe. Et cette classe, si on allait respecter les normes, l’Etat devrait me payer des heures supplémentaires.

J’ai aussi exigé à ce qu’on ne me prenne plus pour la correction des examens du baccalauréat et du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) car pendant la correction ou la délibération, je pourrais être appelé urgemment pour une rencontre et je risque de bâcler le travail.

Egalement comme dans les lycées les devoirs sont en commun, j’ai aussi exigé qu’on trouve un enseignant pour me seconder au cas où je ne serai pas disponible, qu’au moins il me remplace en attendant, pour éviter que les élèves ne prennent des zéros collectifs. Certains m’ont répondu que ce n’est pas à moi de décider à la place de l’administration. Je leur ai dit que j’attendais donc des instructions pour faire prévaloir mes droits devant qui de droit. C’est ainsi qu’on m’a demandé une lettre d’explication à laquelle j’ai répondu. De lettre d’explication en lettre d’explication, j’ai été convoqué à ma grande surprise en conseil de discipline pour, selon eux, non-exécution du volume horaire.

Qu’en est-il de ce conseil de discipline ?

 Ce conseil de discipline qui selon les textes doit être public, nous avons constaté lors de notre arrivée sur les lieux, des barricades et à l’intérieur, c’était plein d’agents représentant la sûreté de l’Etat. Au cours du conseil de discipline, j’ai fait sortir plus de 20 autorisations d’absence, prises en conseil de ministres pour que j’aille à l’extérieur au nom du mouvement syndical pour prendre part à des ateliers au nom du pays. Dans le même conseil de discipline, j’ai fais sortir les ordres qui ont été signés par celui qui est devenu le président du conseil de discipline quand il était directeur régional. La conclusion du conseil est absurde d’autant qu’une notification, validée par le ministre Stanislas Ouaro, indique que je suis reconnu coupable mais ils n’ont pas retenu de sanction contre moi. Pourtant, ils n’ont pas pu me dire la disposition que j’ai violée. Et dans la notification, le ministre tait expressément les recommandations du conseil de discipline qui leur rappellent la violation de l’article 121 de la loi 081 du 24 novembre 2016.

A ma grande surprise, je pars en septembre pour prendre mon emploi du temps, et on me dit que mon emploi du temps est suspendu pour un contentieux qui n’est pas encore fini. C’est après cette suspension que j’ai été affecté à la Direction régionale du ministère en charge de l’éducation.

J’ai donc refusé car s’ils croient que leur salaire est une queue par laquelle ils peuvent me tirer, moi mon éducation ne me permet pas d’être une queue sur laquelle quelqu’un peut tirer.

Avez-vous été contraint donc à la démission ?

 Non ! Ils ne m’ont pas poussé à la démission.  Ils ont plutôt poussé l’état de droit et de la démocratie dans un caniveau. Quand on pousse l’état de droit ou de la démocratie dans un caniveau, en tant qu’être bien formé et bien éduqué, parlant au nom des travailleurs, il faut réajuster sa position pour mieux donner sa contribution afin de retirer du caniveau cet état de droit.

Car là où ils auraient pu me vaincre et pousser vers la démission, c’est si j’avais dit que je quitte non seulement la Fonction publique mais aussi le mouvement syndical. En ce moment, ils auraient pu dire qu’ils ont poussé Bassolma Bazié à la démission.  Au contraire, c’est pour me libérer professionnellement comme l’a disposé la loi, afin de me mettre à la disposition de l’organisation syndicale.

Le vrai répondant du mouvement syndical, si on n’arrive pas à t’assassiner physiquement, ni à trouver des dossiers sales sur toi, ce qui reste c’est de te tuer par la charge du travail. On te surcharge professionnellement et si au niveau du mouvement syndical, tu es également surchargé, si tu as trop vécu c’est cinq ans.  Parce qu’à un moment donné, tu risques de tomber dans les cas de surmenage. C’est à ce moment qu’ils trouveront des failles professionnelles. Si tu constates qu’on a réuni les éléments pour t’assassiner et atteindre ceux que tu représentes, il est tout à fait clair que si leur repère c’est de l’argent, le matériel, toi ton repère c’est l’honneur, la dignité et l’intégrité. C’est de la naïveté infantilisante et c’est fort dommageable. Car le salaire, même en balayant les rues tu peux avoir un salaire pour faire réintégrer ta dignité, ton honnêteté et ton intégrité perdue. Je suis donc plus libre maintenant dans la mesure où quand je me réveille le matin, je ne réfléchis que syndicat et c’est ma contribution au renforcement de l’état de droit au Burkina Faso.

Interview réalisée par

Ouamtinga Michel ILBOUDO

Rabiatou SIMPORE