Commercialisation de produits bio : La boutique Bio-raaga se dévoile au public

Des fruits et légumes bio vendus à Bio-raaga.

L’utilisation des produits chimiques sur les surfaces agricoles est de plus en plus mise en cause. Conscients de leurs effets négatifs sur la santé et l’environnement, certains producteurs burkinabè se tournent vers la culture biologique. Cependant, ils ont des difficultés pour écouler les fruits de leurs efforts. Ils peuvent désormais, compter sur Bio-raaga, une boutique créée par deux jeunes pour vendre rien que du bio.

Une boutique de vente des produits biologiques, Bio-raaga (marché de bio en langue mooré), vient de voir le jour à Ouagadougou, en ce mois de décembre. Située sur l’avenue Charles-de-Gaule, à quelques mètres du Musée national, elle est la trouvaille d’une doctorante en géographie, Yasmina Tega et d’un développeur web et économiste, Tara Davy Diébré. C’est une innovation à travers laquelle les jeunes co-porteurs du projet offrent l’opportunité aux producteurs d’écouler facilement leurs cultures biologiques. Les produits proposés aux clients sont des légumes et des fruits bio.

La création de Bio-raaga

Il y a également d’autres produits agro-écologiques, (c’est-à-dire, selon la co-porteuse du projet, Yasmina Tega, des produits faits dans les normes hygiéniques mais qui n’ont pas la certification bio) comme la pâte de tomate, d’arachide et des épices. Selon elle, la boutique s’approvisionne, pour le moment, auprès de cinq fermes d’association qui ont la certification bio. Ce sont les associations Watinoma, Zemstaba, La saisonnière, la Ferme Sophia et Noria Agro.

On peut acheter directement à la boutique par pièce, par kilogramme. Ou rester chez soi et lancer sa commande. Par exemple le prix d’un kilo de tomate coûte 750 FCFA, l’oignon à 1000 FCFA… Les différentes propositions se trouvent sur le site internet infos@bio-raaga.com. Pour créer Bio-raaga, nos entrepreneurs ont bénéficié de l’appui financier de 3 millions FCFA de la part de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) dans le cadre d’un projet dénommé PARFAO (Promouvoir l’agro-écologie en Afrique de l’Ouest).

«L’un des volets du programme consistait à imaginer des projets avec des acteurs de l’agro-écologie. Nous avons choisi de faire la promotion de la commercialisation des produits bio et agro-écologiques. C’est dans cette optique que nous avons été retenus», confie Yasmina Tiéga.

A l’écouter, beaucoup de programmes de formation en agriculture bio existent, mais il n’y a pas de cadre adéquat où les consommateurs peuvent se procurer les produits. Ainsi l’objectif de Bio-raaga est d’intervenir pour pallier les difficultés d’écoulement. Quant au coût d’investissement total, le chargé de gestion des ressources financières, Davy Diébré estime qu’il est à environ 3 500 000 FCFA.  « Nous sommes conscients que dans les trois premiers mois, il serait difficile de faire du bénéfice compte tenu du caractère des produits. Nous sommes en phase d’apprentissage et d’adaptation », dit-il.  Pour bien veiller sur leur «bébé», nos entrepreneurs sont épaulés par quatre collaborateurs.

Les difficultés

Les jeunes entrepreneurs promettent de fournir bio, rien que du bio.

La première difficulté à laquelle, les initiateurs de Bio-raaga se sont heurtés, est celle de la conservation. «Compte tenu du caractère des produits, hautement périssables, et étant à nos débuts, on a eu des pertes. Mais  on a trouvé des stratégies pour surmonter cet obstacle», se veulent- ils rassurants. Pour Davy Diébré, une autre difficulté est relative à la sensibilisation de la population, quant à consommer bio.

«On rencontre des clients septiques qui pensent que le bio n’existe pas. On tente de les convaincre en leur disant qu’il est possible de nos jours, de produire rien qu’avec du compost», déclare-t-il. «Nous sommes jeunes et passionnés par l’agro-écologie. Sinon on se serait lancé dans le conventionnel qui est plus rentable, mais nuisible à la santé à long terme », poursuit-il. La sensibilisation se fait également par rapport à l’idée préconçue que les gens se font du prix du bio.

A ceux qui pensent qu’il est pour les nantis, Diébré leur répond que la différence de prix est légèrement au-dessus du conventionnel (250 FCFA) et que pour la qualité du produit, cela vaut la peine. Afin d’aider les producteurs à minimiser certains coûts ils prévoient leur fournir du compost, des bio-pesticides, du matériel… Acquérir un local beaucoup plus écologique construit avec des matériaux locaux, est aussi en toile de mire. En attendant, les jeunes entrepreneurs invitent à la consommation bio et lancent un appel à tous, à faire un tour à leur boutique. Ils invitent les producteurs à se tourner vers l’agro-écologie qui est l’avenir.

Habibata WARA