Pour une autosuffisance alimentaire

La campagne agricole humide 2022-2023 est bouclée. Les cultivateurs sont en pleine récolte. Cette année, dame nature a été généreuse dans plusieurs localités du Burkina Faso. Ce qui laisse présager une bonne moisson.

Cependant, du fait de l’insécurité, de nombreuses personnes ont été contraintes à migrer vers d’autres localités et plusieurs d’entre elles, comme les deux dernières années, n’ont pu emblaver la moindre superficie. A titre d’exemple, pour cette même raison, le Burkina Faso a perdu lors de la campagne agricole 2021-2022, 384 702 hectares (ha) de superficies cultivables et 323 093 tonnes de production. Lors de la campagne 2020-2021, les abandons de superficies étaient estimés à environ 412 000 ha. De ce fait, quelle que soit l’abondance de la pluviométrie, il est à craindre un déficit céréalier au cours des douze prochains mois. Cette crainte peut être amenuisée à condition que ce qui a pu être récolté soit utilisé à bon escient. Dans leur envie d’avoir de l’argent, les producteurs doivent se garder de brader les fruits de leurs durs labeurs. Ils doivent les conserver jalousement pour ne pas eux-mêmes se retrouver dans le besoin les mois à venir, mais aussi pour pouvoir en vendre un peu à leurs concitoyens au moment opportun.

Il faut surtout éviter que nos produits se retrouvent, quelques semaines après, de l’autre côté des frontières. C’est à cela qu’il sied de renforcer les contrôles sur les axes routiers et d’appliquer strictement la décision gouvernementale d’avril 2022 suspendant l’exportation de certains produits vivriers.

Les commerçants véreux qui ont la manie d’acheter les céréales pour créer volontairement la pénurie afin de les revendre chères à la population, sont aussi à surveiller de près. Il n’est pas interdit d’exercer le commerce mais on doit se donner des limites raisonnables.

Le salut définitif pourrait venir du retour des 1,7 million de personnes déplacées internes dans leurs localités respectives. Elles pourront ainsi reprendre leurs activités agricoles au grand bonheur de leurs familles. Les nouvelles autorités ont pris le problème à bras-le-corps en inscrivant la sécurité au premier plan de leurs priorités au cours des 21 prochains mois.

En somme, si des dispositions nécessaires sont prises, la situation alimentaire devrait être meilleure cette année comparativement à l’année dernière. Cet espoir pourrait être consolidé par une bonne campagne sèche. Pour la précédente, le bilan n’est pas encore disponible mais l’on retient que 7 300 000 tonnes de produits maraîchers, 125 000 tonnes de produits céréaliers et 996 000 tonnes de produits fruitiers étaient attendues.

Ces deux campagnes (humide et sèche) peuvent à leur tour être appuyées par les pôles de croissance, notamment ceux de Bagré, du Sourou et de Samendeni (en phase d’opérationnalisation). Pourvu qu’on y mette tout le sérieux et l’engagement nécessaire, car à Samendéni le projet n’évolue pas comme ce qui avait été initialement prévu.

Vivement que les efforts soient conjugués à tous les niveaux pour une autosuffisance alimentaire au Burkina Faso, socle de notre développement.