Offensive agropastorale-Initiative présidentielle: deux concepts, une même vision

L’offensive agropastorale et halieutique pilotée par le ministère en charge de l’agriculture suscite de l’engouement auprès des acteurs. Cependant, ils sont nombreux à confondre ce projet avec l’initiative présidentielle pour la production agricole. Eclairage sur deux concepts différents dans la forme mais complémentaires dans le fond.

Depuis l’annonce de l’offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 par le ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, beaucoup se perdent en conjectures par rapport à la différence entre celle-ci et l’initiative présidentielle pour la production agricole. N’est-ce pas le même plan avec des appellations différentes ? N’y a-t-il pas chevauchement entre les deux ? Ce sont entre autres questions qui taraudent les esprits de nombre d’acteurs.

Mais à écouter les responsables de ces concepts, ce sont deux projets qui se complètent dans le fond. La seule différence est que l’un est piloté par le ministère en charge de l’agriculture et l’autre par la présidence du Faso. « Il n’y a pas de chevauchement entre les deux projets mais plutôt une complémentarité », répond le coordonnateur de l’initiative présidentielle, Dr Abdourasmane Konaté. Sélectionneur au Centre national de recherche scientifique et technologique (CNRST), il est également le conseiller spécial du président du Faso, chargé des questions agricoles et d’autosuffisance alimentaire.

Dans le cadre de l’initiative présidentielle, souligne Dr Konaté, la production est faite par les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). « Toutes les casernes doivent avoir des jardins potagers et des fermes d’élevage, notamment de poulets locaux, de poulets de chair, de poules pondeuses…, pour permettre de ravitailler leurs cantines. Les FDS vont produire également le lait, les petits ruminants…, pour leur propre consommation », explique-t-il.

Les maisons d’arrêt et de correction sont aussi prises en compte dans l’initiative présidentielle. Elles auront aussi leurs jardins potagers et leurs poulaillers. A entendre Dr Konaté, six bagnes sont déjà identifiés dans la cadre de ce projet et cela va s’étendre progressivement aux autres.

Impliquer tout le monde dans la production

« Désormais, les prisonniers vont travailler pour se nourrir et à dégager des bénéfices qui serviront à développer le pays », déclare-t-il. Il en est de même pour les Personnes déplacées internes (PDI) qui auront également des parcelles de production.

En perspectives, l’initiative présidentielle compte s’étendre aux écoles primaires, aux lycées et aux universités qui disposeront de jardins potagers pour ravitailler leurs cantines. Quant à l’offensive agropastorale et halieutique, elle est un projet de trois ans (2023-2025) avec pour ambition première de parvenir à la souveraineté alimentaire et nutritionnelle pour le pays à l’horizon 2025. Elle envisage une augmentation substantielle de la production dans des filières stratégiques afin de combler les besoins de consommation de la population et de lever la dépendance du pays à l’importation des produits alimentaires de grande consommation.

A cet effet, huit filières ont été retenues, à savoir le riz, le maïs, la pomme de terre, le blé, le poisson, le bétail viande, la volaille et la mangue. La réalisation de l’offensive agropastorale devrait permettre la création massive d’emplois décents au profit des jeunes ruraux et des PDI. Ce projet permettra également de construire une logique d’ensemble, mettant en relation harmonieuse les acteurs de production, de transformation et de marché. La mise en œuvre de l’offensive agropastorale et halieutique va mobiliser 592 milliards F CFA d’investissement dont 54% seront financés par le secteur privé.

Mady KABRE